"Le motif de base de la résistance était l'indignation. Nous vétérans des mouvements de résistance et des forces combattantes de la France libre, nous appelons les jeunes générations à faire vivre, transmettre, l'héritage de la résistance et ses idéaux. Nous leur disons : prenez le relais, indignez-vous ! Les responsables politiques, économiques, intellectuels et l'ensemble de la société ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l'actuelle dictature des marchés financiers qui menacent la paix et la démocratie.

Je vous souhaite à tous, à chacun d'entre vous d'avoir votre motif d'indignation. C'est précieux."

Stéphane Hessel

mercredi 21 avril 2010

Quand un volcan islandais remet en cause tout un mode de développement

Le nuage de cendres du volcan Eyjafjöll met en exergue la grande vulnérabilité de notre société ainsi que sa dépendance à l'aviation, du fait du poids économique de ce secteur.

Par vidéoconférence, le plus souvent, tu te réuniras.

Il aura donc fallu une éruption volcanique en Islande et son nuage de cendres, susceptibles de mettre en panne les réacteurs d'avion en plein vol, pour que les ministres des Transports de l'Union européenne appliquent lundi 19 avril l'une des règles d'or du parfait éco-citoyen.

Des transports moins carbonés tu utiliseras

L'éruption du volcan Eyjafjöll a rendu possible l'impossible : un report massif vers des transports moins carbonés - au moins au sein de l'Union européenne - faute de transports aériens. Loueurs de voiture, trains, cars et liaisons maritimes vers l'Irlande ou la Corse sont pris d'assaut. La compagnie Brittany Ferries a vu son trafic vers l'Angleterre augmenter de 30 % au départ de Caen, Cherbourg, Saint-Malo et Roscoff. Les témoignages de passagers traversant l'Europe avec des moyens de transport alternatifs sont légion. La Royal Navy a envoyé deux bâtiments militaires à Santander (nord de l'Espagne) pour rapatrier des Britanniques par la mer. Le temps d'un nuage de cendres dans le ciel européen, un autre rapport au temps est envisagé. Tout le monde n'a pas franchi le cap. Faute d'avion, le ministre chargé de la relance Patrick Devedjian a annulé un déplacement à Brest. L'aller-retour en train lui aurait pris 9 heures…

L'impact économique de l'éruption est indéniable. Représentant 3% en volume du commerce international de marchandises, le transport aérien en représente de 40 à 50% en valeur. Voilà comment cinq jours d'immobilisation totale de l'aviation infligent à l'économie des dégâts pire que ceux du 11-Septembre. Les pertes se chiffrent à 140 millions par jour rien que pour les compagnies aériennes. Des millions d'emplois dépendent de l'aviation. ''En France, 15 emplois et plus gravitent autour de chaque emploi dépendant directement du secteur'', explique Jean Bresson, directeur des études et de la recherche à l'Ecole nationale de l'aviation civile (Enac).

Sans avion, la machine est grippée. ''Notre dépendance à l'aviation ne paraît pas forcément évidente, relève Jean Bresson. Pourtant, sans avions, on ne peut pas imaginer de mondialisation, ou de multinationales dont les cadres ne se verraient jamais, ni même de chaînes industrielles à flux tendu''. En un nuage de cendres, les mythes de l'hypermobilité, de l'instantanéité et du citoyen du monde, s'effondrent. Après toute une série d'échecs environnementaux - Copenhague, Cites -, un ''petit'' volcan islandais donne une leçon d'humilité. A ce titre, l'impact sur l'imaginaire collectif du volcan Eyjafjöll est au moins égal aux conséquences économiques.

Local tu achèteras

Surtout, le phénomène Eyjafjöll révèle à quel point nos sociétés sont vulnérables, du fait de leur interdépendance. ''Les réseaux intriqués qui nous relient étroitement les uns aux autres (et sur lesquels circulent individus, produits, information, argent et énergie) amplifient et transmettent le moindre choc'', selon Thomas Homer-Dixon, professeur de sciences politiques à l'université de Toronto et cité par Courrier International en décembre 2008 dans un article consacré à la complexité croissante des civilisations. Le cas du Kenya est emblématique : moins de trois jours après l'éruption du nuage de cendres en Islande, les fermiers kenyans accusent des pertes de 1,3 millions de dollars par jour, licencient 5.000 employés, tandis que des tonnes de fleurs et légumes destinées à l'exportation européenne sont jetées, relève le Guardian.

Eyjafjöll est-il précurseur des limites d'un modèle économique ? ''Hormis des effets conjoncturels (accident, guerre…), je ne vois qu'une hausse importante des cours du pétrole ou une pénurie qui pourraient à ce point impacter le secteur aérien'', estime Jean Bresson. Tout comme la tempête Xynthia avait souligné en France les limites d'une urbanisation, l'éruption volcanique montre la limite d'un modèle de développement.

Victor Roux-Goeken (actu-environnement.com)

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