"Le motif de base de la résistance était l'indignation. Nous vétérans des mouvements de résistance et des forces combattantes de la France libre, nous appelons les jeunes générations à faire vivre, transmettre, l'héritage de la résistance et ses idéaux. Nous leur disons : prenez le relais, indignez-vous ! Les responsables politiques, économiques, intellectuels et l'ensemble de la société ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l'actuelle dictature des marchés financiers qui menacent la paix et la démocratie.

Je vous souhaite à tous, à chacun d'entre vous d'avoir votre motif d'indignation. C'est précieux."

Stéphane Hessel

mardi 20 avril 2010

Derrière le nuage volcanique : un avenir sans avion

La paralysie du trafic aérien sur une partie de l’Europe et de la planète, pour cause de nuage de cendres islandais, nous offre une merveilleuse occasion d’imaginer ce qui nous attend, d’imaginer l’avenir sur le point d’être fracassé, de la mondialisation qui veut tout transporter d’un bout à l’autre de la planète. D’imaginer ce qui nous attend quand il n’y aura pratiquement plus de pétrole ou quand il sera devenu si cher qu’il ne représentera plus qu’un luxe réservé à quelques hommes d’affaires et aux chefs d’états et de gouvernements.

Il suffit de réfléchir quelques instants pour mesurer, grâce à un volcan, les folies du transport aérien. Et je ne parle pas de ces quelques imbéciles déclarant, vendredi soir, devant une caméra de télévision, qu’ils étaient heureux d’avoir pu voler de Nantes à Paris. En avion ! Pour 400 kilomètres qui peuvent se parcourir en TGV !

Chaque jour, une vingtaine de millions de roses débarquent aux Pays-Bas, avec quelques millions d’autres fleurs, en provenance du Kenya, Éthiopie, Équateur ou du Brésil. Chaque jour des raisins arrivent en France depuis l’Afrique du sud. En France et dans la plupart des pays européens. Chaque jour des haricots verts nous parviennent du Sénégal, du Kenya, en compagnie de petits pois écossés et préemballés. Sans oublier les tomates cerises d’Israël ou les tomates de Chine. Fruits et légumes exotiques, fruits et légumes de contre-saison prennent l’avion et les consommateurs et la planète payent le billet. Que chacun jette un coup d’oeil dans les magasins – même dans les magasin bio parfois, hélas - pour compter le nombre de ces produits qui ne nous atteignent que grâce à la voie des airs.

Chaque jour, parce que la grande distribution travaille en flux tendu avec les pays qui nous fournissent des produits cultivés ou fabriqués au loin et au moindre coût, des milliers de tonnes de fret, qui ne peut pas attendre, investissent nos marchés ; sans que tous ces importateurs soient le monde effleurés par la gaspillage énergétique et par l’émission des gaz à effet de serre. Mais il est vrai que, d’ordre du Prince, ce n’est plus une priorité.

Et nos médias s’interrogent gravement sur les vacances, sur les files d’attente dans les aéroports, sur les vacances gâchées et sur les formalités de remboursements. Sans préciser qu’un jour, probablement proche, nous devrons, faute de kérosène, renoncer à ces déplacements, courts ou longs, qui plombent l’avenir de la planète (note de BB : et surtout des Hommes dont les équilibres géostratégiques auront été déstabilisés).

Priver une partie ou la totalité du monde, de vacances (carbonées), n’est pas un scandale, juste une préfiguration de ce qui nous attend si nous ne réfléchissons pas à la nature de nos échanges mondialisés.

Claude-Marie Vadrot (mediapart.fr)

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