Il circule en ce moment dans le monde universitaire un extrait d'une nouvelle du physicien Leo Szilard, "La fondation Mark Gable", parue en 1962 dans son recueil de science fiction La voix des dauphins (aux Editions Denoël) d'où il ressort que Nicolas Sarkozy et sa ministre Valérie Pécresse font exactement ce qu'il faut faire pour ne pas sauver la recherche.
Extrait :
-- Je partage votre point de vue, dis-je avec une ferveur due à la conviction, mais alors pourquoi ne pas faire quelque chose pour retarder le progrès scientifique. ?
-- Cela me plairait beaucoup, dit Mark Gable, mais comment m'y prendre?
-- Eh bien, dis-je, je crois que ce ne serait pas très difficile. Ce serait même très facile en fait. Vous pourriez créer une Fondation, dotée de trente millions de dollars par an. Les chercheurs impécunieux pourraient demander une subvention, à condition que leurs arguments soient convaincants. Organisez dix comités, composés chacun de douze savants, et donnez-leur pour tâche de transmettre ces demandes. Enlevez à leurs laboratoires les savants les plus actifs et nommez-les membres de ces comités. Prenez les plus grands savants du moment et faites-en des présidents aux honoraires de cinquante mille dollars par an. Fondez vingt prix de cent mille dollars à attribuer aux meilleures publications scientifiques de l'année. C'est à peu près tout ce que vous aurez à faire. Vos avocats pourront facilement préparer une Charte de la fondation. Tous les projets de loi pour la Fondation Scientifique Nationale présentés au 79ème et 80ème Congrès pourraient parfaitement servir de modèles.
-- Il me semble que vous devriez expliquer à Mr. Gable comment cette fondation retarderait le progrès de la science, fit un jeune homme portant lunettes assis à l'autre bout de la table, et dont je n'avais pas saisi le nom quand on me l'avait présenté.
-- Cela me parait évident, dis-je. D'abord les meilleurs savants seraient enlevés à leurs laboratoires, et passeraient leur temps dans les comités à transmettre les demandes de subvention. Ensuite les travailleurs scientifiques impécunieux s'appliqueraient à résoudre des problèmes fructueux qui leur permettraient presque certainement d'arriver à des résultats publiables. Il est possible que la production scientifique s'accroisse énormément pendant quelques années. Mais en ne recherchant que l'évident, la science serait bientôt tarie. Elle deviendrait quelque chose comme un jeu de société. Certains sujets seraient considérés comme intéressants, d'autres non. ll y aurait des modes. Ceux qui suivraient la mode recevraient des subventions, les autres non. Et ils apprendraient bien vite à suivre la mode.
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