Le 5 mai 2018, les Français auront donc consommé, depuis le 1er janvier, plus que ce que notre Terre peut créer dans l’année. Si le monde entier vivait comme les Français, l’humanité commencerait à creuser son déficit écologique dès le 5 mai. Soit trois mois avant la date du Jour du dépassement planétaire qui est tombée début août en 2017.
A cette information, mon frère Christophe a déclaré sur Facebook ce qui suit. Déclaration que je me suis permis de partager : « Ainsi donc, si le monde entier vivait comme les Français, les ressources naturelles que la planète peut renouveler en un an, seraient consommées dès le 5 mai contre le 9 février pour le Qatar, le 14 mars pour les USA, le 3 avril pour la Suède (comme quoi ?!?!), le 24 septembre pour le Pérou et le 20 décembre pour le Vietnam. C'est donc bien les riches (et non les pays pauvres surpeuplés) qui sont principalement à l'origine de la destruction de la planète. »
A ces mots, Michel Laval et Jean-Michel Combe, sont entrés dans une polémique et un questionnement légitime, sur Facebook, sur le thème : « surpopulation versus train de vie occidental ». En gros ils nous disent : « Le « donc » n'est pas prouvé. Comparer les impacts par individu fait l'impasse sur le nombre des individus. Un pays sans aucun sens de ses responsabilités démographiques pourrait donc augmenter sa population jusqu'à l'infini ? »
C’est alors que Christophe et moi, avons tenté de leur faire comprendre la notion d'ordres de grandeurs et avons déclaré : « Rien n'augmente jusqu'à l'infini. Tout a des limites. Par ailleurs grosso modo, 20 % de la population consomme 80% de ses ressources et 80 % les 20% restant. Ce sont donc bien les plus riches et non la surpopulation qui détruit la planète. La population du Vietnam est de 92 millions d'habitants et son jour du dépassement est le 20 décembre, la France, quant à elle, a 67 millions d’habitant et son jour du dépassement est le 5 mai … CQFD. Au Sahel, on peut mourir de faim tout en ayant une très faible empreinte écologique. Ce qui détruit la planète c'est la consommation excessive de ses ressources par une minorité et non par la surpopulation … sauf bien évidemment si cette surpopulation finit par consommer à outrance, ce qui n'arrive pas encore mais ce à quoi elle aspire. Ce qui détruit la planète se sont les gaz à effet de serre, liés à une consommation, issu de la combustion des énergies fossiles pour l'industrie, l'agriculture, les transports. C'est la consommation excessive de matières premières pour l'informatique et les smartphones, que l'on change à un rythme effréné, qui détruit l’environnement des humains. Quand on est pauvre on ne consomme que très peu de ces choses même si on est très nombreux. La destruction de l'environnement global et la destruction de la biodiversité sont immensément dues aux technologies bouffeuses de matières premières et d'énergie, dues aux technologies régies par l'obsolescence programmée, dues aux volontés de chacun qui d'avoir son pavillon, qui d'avoir sa bagnole, qui de partir en vacances tous les ans à l'autre bout du monde, qui de changer souvent de téléphone, etc ... c'est bel et bien le monde technologique qui détruit et qui a un impact significatif sur notre environnement. Montrer du doigt ceux qui sont responsables des 5 ou 10% des dégradations, ne retirera, en rien, notre responsabilité de pays industrialisés et de consommateurs, dans les 90 % de responsabilités des dégradations. En matière d'écologie, il faut toujours faire attention aux ordres de grandeur. Sans être un partisan des politiques pro-natalistes il nous semble que, sauf à ce que l’on nous démontre le contraire, que 1 millions d'individus vivants avec 1 € par jour auront toujours moins d'impact que 10 000 personnes vivants avec 100 € par jour. Alors il est possible qu’une personne vivant avec 100 € par jour achètera, en voiture, possiblement du bio, de l’autre bout du monde, qu'elle mettra ensuite dans son frigo bouffeur d’énergie carbonée, mais elle achètera également de la viande, des produits exotiques et des vacances au soleil, à l’autre bout du monde, après de longues heures d’avion carbonées ... Ainsi donc, le reste à vivre quotidien, permet de s'acheter de la mobilité, du chauffage ou de la climatisation, des vêtements, de l'électronique, bref de la consommation carbonnée. Tandis qu'une personne qui n'a que 1 €, elle, n'achètera que l'indispensable pour vivre, peut-être pas du bio, oui, certes, mais certainement pas de viande. Il n'y a qu'à voir en Chine, où, du fait de l'enrichissement le régime alimentaire est bouleversé et devient extrêmement carné. C'est donc bien notre mode de vie d’occidentaux et de profiteurs, qui n'est pas durable ... destruction des insectes, destruction des milieux, destruction du climat, destruction de la biodiversité, cancers environnementaux, etc ... qui nous entraine vers l’effondrement. Tant que nous ne serons pas vertueux il nous faudra regarder la poutre qui est dans nos yeux avant de regarder la paille qui est dans l’œil des plus pauvres de cette planète. Nous ne nions pas les problèmes liés à la surpopulation et à la pression que cela représente sur les milieux naturels, pour autant il faut voir aussi que beaucoup de terres en Afrique sont cultivées, non pas pour la population locale mais pour l'exportation au profit des gens riches, mangeurs de viande. Quant à l'huile de palme, ce n'est pas pour la consommer localement mais pour l'intégrer à la bouffe industrielle ou au diésel occidental. Il est évident que la surpopulation est un vrai sujet, mais cela dit, mis à part la regretter nous ne voyons pas trop ce que l'on peut faire dans les limites du respect des êtres humains et des liberté individuelles ... en dehors de toutes politiques autoritaires et castratrices. À trop se concentrer sur ce point, on court le risque de tomber dans la haine du pauvre et perdre de vue le levier principal qui est d'agir sur nos modes de consommation. Marc Dufumier, professeur honoraire à AgroParisTech et expert auprès de la FAO et de la Banque mondiale, confirme : « Techniquement, il est possible de nourrir durablement et correctement l’humanité et ses 10 milliards d’habitants à l’horizon 2050 grâce à l’agriculture biologique. Cela suppose une utilisation intensive de ce qui est pléthorique, comme l’énergie solaire, le gaz carbonique et l’azote de l’air ainsi que les minéraux du sous-sol. En épargnant, contrairement à l’agriculture industrielle, ce qui est rare et de plus en plus cher, comme les énergies fossiles utilisées pour les carburants et la fabrication des engrais chimiques. ». À trop se concentrer sur la surpopulation des pays pauvres on oublie que les temps d'action ne sont pas les mêmes. Les politiques natalistes visant à réduire très très sensiblement la population mondiale, si elles étaient enclenchées aujourd'hui, mettraient peut-être 150 ou 200 ans à porter leurs fruits et ce temps-là nous ne l'avons pas puisque nous continuons (les riches les premiers) à consommer sans conscience. En fait, à trop détruire notre environnement, nous allons vraisemblablement réduire notre population mondiale mais dans la douleur, par la guerre, la famine ou la maladie et cela nous inquiète beaucoup, notamment pour nos enfants respectifs et les générations futures.»
Bruno et Christophe BOMBLED
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