Alors que la mobilisation s’amplifie contre les gaz de schiste, une nouvelle technique d’extraction du gaz naturel et les permis de prospection accordés en France, José Bové, député européen, explique pourquoi il conteste à la fois l’objectif et la méthode de ces prospections.
Pourquoi cette mobilisation contre les gaz de schistes ?
Aujourd’hui, près d’un dixième du territoire français est concerné par des permis d’exploration de gaz et d’huile de schiste : c’est le cas du sud du pays mais aussi de l’Ile-de-France - notamment en Seine et Marne. En Europe, les compagnies pétrolières visent également une partie de l’Allemagne, de la Pologne et de l’Angleterre.
L’exploitation des gaz de schiste pose un problème écologique car elle utilise des technologies destructrices. Elle menace en particulier les nappes phréatiques qu’elle peut contaminer à cause des nombreux produits chimiques utilisés pour ce qu’on appelle la fracturation hydraulique (*).
Lorsque l’on observe ce qui s’est passé aux USA ou ce qui est en train de se passer au Canada et que l’on évalue le rapport risque-bénéfice, on se rend compte que celui-ci est très défavorable. C’est pourquoi se développe une mobilisation en France et en Europe.
Vous critiquez non seulement les projets mais aussi la manière dont ils sont mis en place
L’exemple français est parfaitement invraisemblable. Les permis d’exploration ont été octroyés sans qu’il n’y ait eu de débat à l’Assemblé nationale ou au Sénat ; très souvent, les maires, les députés, les conseillers généraux ou régionaux ont découvert ces projets parce que nous nous sommes mobilisés et en avons parlé.
Les permis ont été octroyés à des compagnies sans que l’on ne sache rien des appels d’offres, et ce qui a été publié au Journal Officiel concerne presque exclusivement la détermination de la zone concernée. On est dans l’omerta la plus totale : on ne peut pas faire confiance à l’Etat sur la manière dont il a procédé.
L’exemple de l’Ile-de-France défraie la chronique : le permis a été octroyé à une entreprise américaine rapatriée en France, appelée Toreador, et dont l’un des dirigeants principaux s’appelle Julien Balkany, demi-frère du maire de Levallois et ami du président. Une proximité qui invite à se poser des questions.
Quelles actions envisagez-vous ?
Les collectifs qui se sont mis en place ont lancé des recours sur chacun de ces permis devant le ministère de l’Environnement et du développement durable et devant le ministère de l’industrie et de l’énergie. Personnellement, j’ai ainsi demandé le retrait du permis qui couvre le parc national des Cévennes, une partie du Gard, de l’Hérault et de l’Aveyron, soit 4500 km2. Nous avons demandé l’ensemble des documents et des annexes de ces permis et si nous ne les obtenons pas nous irons devant la Commission pour la transparence financière de la vie politique. Nous avons lancé les mêmes recours pour obtenir les documents des appels d’offre.
Est-ce que les gaz de schiste peuvent devenir une question politique ?
J’espère que le gouvernement va comprendre qu’il est de son intérêt d’abroger tous ces permis. Si ce n’est pas le cas d’ici les prochaines élections, chaque parti politique devra se positionner sur la question et dire s’il maintient ou s’il interrompt les prospections. Les élections présidentielles ne se joueront probablement pas sur ce point, mais, dans les territoires concernés, pour les législatives, les politiques auront à répondre à leurs électeurs.
Sous la pression de notre mobilisation, Nathalie Kosciusko-Morizet a annoncé une forme de moratoire qui n’en est pas vraiment un. Et elle a demandé une expertise, mais elle l’a confiée au corps des Mines – celui qui a accordé les permis contesté. Nous demandons une expertise réalisée par des scientifiques indépendants.
Pourquoi insister sur la prospection ?
Le gouvernement a essayé de minimiser le mot prospection en disant qu’il s’agissait juste de recherche, mais ce n’est pas vrai. Le code minier montre que celle-ci s’étend jusqu’à la commercialisation, c'est-à-dire qu’elle inclut l’ensemble des parties dangereuses du procédé, en particulier la fracturation hydraulique.
L’utilisation des gaz de schistes remet-elle en cause notre politique énergétique ?
Il faut être cohérent : l’Europe s’est engagée à diminuer de 20% ses émissions de gaz à effet de serre en 2020 et la commissaire européenne à l’environnement a même déclaré qu’il faudrait passer à -30%. Comment atteindre ces objectifs si on favorise des techniques de production d’énergie qui vont radicalement dans l’autre sens – comme l’utilisation des gaz de schiste ?
On assiste en France à une volteface totale, avec les récentes décisions sur le solaire, par exemple, qui tourne le dos aux engagements du Grenelle et de Copenhague. C’est aussi une absence de vision industrielle lorsque 50 000 emplois sont concernés par la filière solaire en France et que la transformation écologique de l’économie passe par la création et la relocalisation d’emplois.
Lu sur : viti-net.com
Pourquoi cette mobilisation contre les gaz de schistes ?
Aujourd’hui, près d’un dixième du territoire français est concerné par des permis d’exploration de gaz et d’huile de schiste : c’est le cas du sud du pays mais aussi de l’Ile-de-France - notamment en Seine et Marne. En Europe, les compagnies pétrolières visent également une partie de l’Allemagne, de la Pologne et de l’Angleterre.
L’exploitation des gaz de schiste pose un problème écologique car elle utilise des technologies destructrices. Elle menace en particulier les nappes phréatiques qu’elle peut contaminer à cause des nombreux produits chimiques utilisés pour ce qu’on appelle la fracturation hydraulique (*).
Lorsque l’on observe ce qui s’est passé aux USA ou ce qui est en train de se passer au Canada et que l’on évalue le rapport risque-bénéfice, on se rend compte que celui-ci est très défavorable. C’est pourquoi se développe une mobilisation en France et en Europe.
Vous critiquez non seulement les projets mais aussi la manière dont ils sont mis en place
L’exemple français est parfaitement invraisemblable. Les permis d’exploration ont été octroyés sans qu’il n’y ait eu de débat à l’Assemblé nationale ou au Sénat ; très souvent, les maires, les députés, les conseillers généraux ou régionaux ont découvert ces projets parce que nous nous sommes mobilisés et en avons parlé.
Les permis ont été octroyés à des compagnies sans que l’on ne sache rien des appels d’offres, et ce qui a été publié au Journal Officiel concerne presque exclusivement la détermination de la zone concernée. On est dans l’omerta la plus totale : on ne peut pas faire confiance à l’Etat sur la manière dont il a procédé.
L’exemple de l’Ile-de-France défraie la chronique : le permis a été octroyé à une entreprise américaine rapatriée en France, appelée Toreador, et dont l’un des dirigeants principaux s’appelle Julien Balkany, demi-frère du maire de Levallois et ami du président. Une proximité qui invite à se poser des questions.
Quelles actions envisagez-vous ?
Les collectifs qui se sont mis en place ont lancé des recours sur chacun de ces permis devant le ministère de l’Environnement et du développement durable et devant le ministère de l’industrie et de l’énergie. Personnellement, j’ai ainsi demandé le retrait du permis qui couvre le parc national des Cévennes, une partie du Gard, de l’Hérault et de l’Aveyron, soit 4500 km2. Nous avons demandé l’ensemble des documents et des annexes de ces permis et si nous ne les obtenons pas nous irons devant la Commission pour la transparence financière de la vie politique. Nous avons lancé les mêmes recours pour obtenir les documents des appels d’offre.
Est-ce que les gaz de schiste peuvent devenir une question politique ?
J’espère que le gouvernement va comprendre qu’il est de son intérêt d’abroger tous ces permis. Si ce n’est pas le cas d’ici les prochaines élections, chaque parti politique devra se positionner sur la question et dire s’il maintient ou s’il interrompt les prospections. Les élections présidentielles ne se joueront probablement pas sur ce point, mais, dans les territoires concernés, pour les législatives, les politiques auront à répondre à leurs électeurs.
Sous la pression de notre mobilisation, Nathalie Kosciusko-Morizet a annoncé une forme de moratoire qui n’en est pas vraiment un. Et elle a demandé une expertise, mais elle l’a confiée au corps des Mines – celui qui a accordé les permis contesté. Nous demandons une expertise réalisée par des scientifiques indépendants.
Pourquoi insister sur la prospection ?
Le gouvernement a essayé de minimiser le mot prospection en disant qu’il s’agissait juste de recherche, mais ce n’est pas vrai. Le code minier montre que celle-ci s’étend jusqu’à la commercialisation, c'est-à-dire qu’elle inclut l’ensemble des parties dangereuses du procédé, en particulier la fracturation hydraulique.
L’utilisation des gaz de schistes remet-elle en cause notre politique énergétique ?
Il faut être cohérent : l’Europe s’est engagée à diminuer de 20% ses émissions de gaz à effet de serre en 2020 et la commissaire européenne à l’environnement a même déclaré qu’il faudrait passer à -30%. Comment atteindre ces objectifs si on favorise des techniques de production d’énergie qui vont radicalement dans l’autre sens – comme l’utilisation des gaz de schiste ?
On assiste en France à une volteface totale, avec les récentes décisions sur le solaire, par exemple, qui tourne le dos aux engagements du Grenelle et de Copenhague. C’est aussi une absence de vision industrielle lorsque 50 000 emplois sont concernés par la filière solaire en France et que la transformation écologique de l’économie passe par la création et la relocalisation d’emplois.
Lu sur : viti-net.com
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