"Le motif de base de la résistance était l'indignation. Nous vétérans des mouvements de résistance et des forces combattantes de la France libre, nous appelons les jeunes générations à faire vivre, transmettre, l'héritage de la résistance et ses idéaux. Nous leur disons : prenez le relais, indignez-vous ! Les responsables politiques, économiques, intellectuels et l'ensemble de la société ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l'actuelle dictature des marchés financiers qui menacent la paix et la démocratie.

Je vous souhaite à tous, à chacun d'entre vous d'avoir votre motif d'indignation. C'est précieux."

Stéphane Hessel

samedi 13 mars 2010

Allègre attaque

Courtisé par les télés et radios, Claude Allègre est mis en cause par le Monde et Libération. Et attaque Politis en justice. Par Luc Chatel (Témoignage Chrétien, N°3387, 11 mars 2010)

Nommé en 1997 ministre de l'Éducation, de la recherche et des technologies, Claude Allègre est entré rapidement dans le petit cercle des « bons clients » médiatiques. Depuis, il ne se passe pas un mois sans une déclaration, un point de vue, une interpellation du Grand Professeur, reprise en boucle par les télés, radios et grands journaux. Mais en quelques jours, sa relation avec les médias vient de connaître un tournant brutal. Le 18 février, Sylvestre Huet, journaliste à Libération, démontait dans son blog certains arguments avancés par Claude Allègre dans son dernier livre, L'imposture climatique(J). Puis ce fut au tour du Monde (édition du 27 février). Quant à l'hebdomadaire Politis, Claude Allègre lui intente un procès pour une tribune publiée en juin 2009 (2). Une attaque relayée jusqu'à présent par aucun confrère. … Pourquoi l'ex-ministre n'a-t-il pas choisi l'exercice plus démocratique du droit de réponse? Ce refus du débat est révélateur de la façon dont il intervient sur le réchauffement climatique, sujet qui ne relève pas de sa compétence. Un seul but: occuper l'espace.

VOLCANS. Spécialiste du volcanisme et des «nébuleuses planétaires », Claude Allègre leur emprunte deux caractères forts: l'ébullition et le flou. Et sa technique bien rodée trouve preneur tant chez les journalistes que dans le public. Trois éléments permettent de comprendre cette adhésion. Tout d'abord, quand il s'exprime sur un sujet, le Grand Professeur ne discute pas, il affirme. Et n'hésite pas à caricaturer. À l'écouter, les écologistes veulent "le retour à la bougie" et Nicolas Hulot est "un imbécile" Voilà ce qui plaît: Claude Allègre provoque des débats binaires: pour ou contre, les méchants contre les gentils, l'obscurantisme contre la raison. Bref, tout un mécanisme de simplification qu'un authentique scientifique devrait fuir. Mais qui fait monter l'audimat. Deuxième raison de son audience: il donne l'impression de briser les tabous, s'inscrivant ainsi dans les pas de son ami Nicolas Sarkozy. Alors que les écologistes, sur un plan électoral, ne pèsent que 15 %, que les dogmes de la croissance, du productivisme, de la voiture toute puissante restent largement majoritaires, il laisse penser le contraire en dénonçant une « dictature écologique» menée par des « khmers verts» qui essayeraient d'étouffer son humble voix minoritaire. Nicolas Sarkozy avait fait de même en dénonçant les supposés dogmes du laxisme sécuritaire ou de l'assistanat social. Ils arrivent ainsi à susciter la sympathie de personnes qui ressentent l'impression qu'on ne les entend pas, qu'on leur cache des choses, que des lobbies décident pour elles. Enfin, le discours de Claude Allègre passe d'autant plus facilement dans les médias qu'il a face à lui des journalistes qui ne maîtrisent pas les questions scientifiques. Il aura fallu le travail des rédactions du Monde et de Libération pour soulever des erreurs grossières contenues dans le dernier livre du Grand Professeur. Pendant ce temps, les ventes continuent à grimper en librairie... .


1. http://sciences.blogs.liberation.fr/home/Z010/ Oz/ claude-allègre-premier-debuggage-de-limpos-ture.html
2. Témoignage chrétien tient à exprimer son soutien à Politis dons cette affaire, et suivra de près les suites de ce procès.

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