"Le motif de base de la résistance était l'indignation. Nous vétérans des mouvements de résistance et des forces combattantes de la France libre, nous appelons les jeunes générations à faire vivre, transmettre, l'héritage de la résistance et ses idéaux. Nous leur disons : prenez le relais, indignez-vous ! Les responsables politiques, économiques, intellectuels et l'ensemble de la société ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l'actuelle dictature des marchés financiers qui menacent la paix et la démocratie.

Je vous souhaite à tous, à chacun d'entre vous d'avoir votre motif d'indignation. C'est précieux."

Stéphane Hessel

jeudi 4 février 2010

Mixer le bonheur (2/7)

Méthode n°1 : savoir différencier le désir de la nécessité

Dans notre monde riche et ultra-matérialiste nous mélangeons depuis plusieurs décennies désir et nécessité. Il suffit de nous écouter tous parler pour réaliser cette évidence. Combien de fois pouvons nous dire : il me faut ce téléphone ; je dois avoir à tout prix avoir ce vêtement ; je dois passer obligatoirement au moins une semaine au soleil en hiver, sinon je déprime ; etc.

Or lorsque l'on y regarde de plus près, ces besoins n'en sont pas, ces propos ne sont en réalité que l'expression de désirs.

A l'instar d'Epicure, il me semble que le nombre de besoins indispensables est très limité. Il nous est indispensable de boire, de manger, et plus largement de maintenir notre intégrité physique et mentale (essayons de ne pas dormir, de ne pas manger ou encore manger déséquilibré, de vivre sous nos latitudes nus au quotidien, de vivre sans abris, de ne pas nous soigner, de ne pas entretenir de liens sociaux et de vivre dans la violence permanente, de ne pas pouvoir user librement de notre pensée). Je vais sûrement être accusé de pensée radicale, mais je pense que tout ce qui ne participe pas directement au maintien de cette intégrité ne peut être qualifié d'indispensable. Si ce que nous souhaitons posséder n'a pas pour fonction de nous préserver d'une mort certaine, alors sa possession ne répond pas à un besoin mais à un désir.

Vous vous demandez peut-être quel est l'intérêt pour moi d'opérer cette distinction ? C'est en réalité assez simple. Si un besoin est vital, un désir ne l'est pas. Dès lors, il apparaît que la non satisfaction d'un désir ne peut être considérée comme dramatique puisque vous y survivrez. Ceci est d'autant plus vrai dans notre société de surconsommation où nos besoins vitaux et nos principaux désirs sont satisfaits très largement depuis très longtemps puisque, pour grossir le trait, notre grande préoccupation est de savoir s'il faut dès à présent nous offrir le dernier Iphone ou attendre la génération suivante.

Si le nombre des besoins est limité, le nombre des désirs est en revanche illimité. Il est donc par définition impossible de tous les satisfaire.

En outre, la satisfaction d'un désir n'apporte jamais de bonheur durable. Si nous y faisons bien attention, nous pouvons constater qu'après la plus ou moindre grande émotion liée à la satisfaction d'un désir, cette émotion finit toujours par décroître. Ainsi, ce qui nous paraissait hier indispensable est devenu banal et se fond progressivement dans le décor. Au bout de quelques temps cet objet (matériel ou immatériel) de tous les désirs disparaît de notre vue pour ne se rappeler à nous que lorsqu'il devenu obsolète ou poussiéreux et qu'il est grand temps de nous en débarrasser en le remplaçant par quelque chose de plus récent. L'informatique est une caricature de ce phénomène. A peine avez-vous acheté un ordinateur que celui-ci est dépassé et ne vaut déjà plus grand chose.

Prendre conscience de cette distinction entre besoins et désirs est puissamment libératrice. Savoir reconnaître honnêtement que ce à quoi nous aspirons n'est en réalité, la plupart du temps, qu'un désir fugace, peut éviter que nous nous y attachions et que nous nous sentions frustrés en cas d'insatisfaction de ce désir.

Pour ce qui me concerne, conscient que la très grande majorité de mes envies répondent à des désirs, je tâche de juguler ce flot incessant en essayant de différer le passage à l'acte. La plupart du temps, ce désir pressant s'éteint de lui-même et ce qui me semblait tellement indispensable retrouve sa neutralité. Mais rassurez-vous, cette façon de procéder ne m'empêche nullement de jouir de la vie, bien au contraire, elle me permet de le faire en pleine conscience, de faire des choix, d'avoir moins, mais je l'espère, d'avoir mieux.

Suite au prochain épisode …
Christophe BOMBLED

Aucun commentaire: