Malgré un optimisme de façade, l’inquiétude plane à Barcelone sur le succès d’un accord mondial sur le climat avant janvier 2010. Le Sommet de Copenhague, qui se tiendra du 7 au 18 décembre, s’annonçait pourtant comme un moment historique il y a encore quelques mois. Nombre d’experts craignent aujourd’hui que les discussions ne débouchent sur un compromis peu ambitieux. Tous les partis laissent néanmoins la porte ouverte aux négociations, même l’Afrique qui avait menacé un temps de boycotter la conférence sous l’égide de l’ONU qui s’achève aujourd’hui dans la capitale catalane. (Correspondance)
Si les rencontres internationales se multiplient à travers la planète à 30 jours du Sommet de Copenhague sur le climat, les négociations semblent piétiner. À Barcelone, la dernière conférence internationale sous l’égide de l’ONU n’a pas débouché sur les résultats escomptés, sauf coup de théâtre de dernières minutes aujourd’hui. « Tout est encore possible », n’hésitent pas à répéter les négociateurs interrogés dans le Centre de convention de la capitale catalane qui a accueilli du 2 au 6 novembre plus de 4000 participants, dont les délégués de 181 pays. Les points de désaccords restent pourtant nombreux et un consensus difficile à réaliser. Le fossé entre pays émergents et États-Unis risque en particulier d’être difficile à combler. Comment concilier la demande d’une réduction de 40% des émissions de CO2 en 2020 par rapport à 1990 avec celle des USA dont le Sénat peine à voter un budget qui permettrait de réduire le CO2 de seulement 7% sur la même période ? « On demande aux nations pauvres de faire le choix entre pas de traité ou un mauvais traité », commente Natalie Curtis d’Oxfam. La volonté du G8, affichée en juillet dernier à L’Aquila en Italie, de contenir l’augmentation moyenne des températures sous la barre de 2°C a du mal à se transformer en acte. Au-delà, le dérèglement du climat aura pourtant des conséquences dramatiques sur la planète, selon les experts du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat).
Inquiétude, deux ans après Bali
La délégation africaine avait tenté un coup d’éclat lundi 2 novembre pour l’ouverture des négociations de Barcelone, annonçant un boycott des discussions tant que les pays industrialisés n’annonceraient pas d’engagements chiffrés conséquents de réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre. La menace n’a pas été mise à exécution, les états africains cherchant avant tout à montrer leur désarroi face au « manque d’écoute » des pays riches dans les négociations. Si l’action n’a pas débouché sur un résultat concret, elle a cependant permis une meilleure prise de conscience du problème d’un continent en première ligne face aux menaces engendrées par le dérèglement climatique. « Cet accord n’est plus ni moins une question de survie pour l’Afrique », explique Grace Akumu, l’une des représentantes de l’African Group à Barcelone. « Tous les ingrédients sont là pour obtenir un accord, mais il manque une réelle volonté politique », commente Alden Meyer de l’Union of concerned scientists, groupe américain indépendant de scientifiques, membre de l’ONG international Réseau Action Climat. « Sans un sursaut des chefs d’État ou de gouvernement, le Plan d’action de Bali, qui annonçait un accord important fin 2009, ne tiendra pas ses promesses ».
Le financement en question
Si une entente mondiale sur un chiffre de réduction des émissions de gaz à effet de serre semble difficile à atteindre, la question du financement l’est encore plus. L’Union Européenne reste la seule à avoir fixé un montant d’aide public internationale pour soutenir les pays pauvres à réduire leurs émissions de CO2 et faire face aux effets climatique d’ici à 2020. Aucune autre puissance industrielle ne s’est encore risquée à le confirmer. L’argent est pourtant, selon tous les experts, le nerf de la guerre contre le réchauffement de la planète. « C’est une nouvelle révolution industrielle qui devra être accompli en seulement dix ans, explique Alden Meyer. « L’économie mondiale va devoir se transformer ». L’Afrique aimerait qu’une nouvelle structure de financement internationale complète, voire remplace, la Banque mondiale. Celle-ci rejette les critiques annonçant un effort de 1,1 milliard de dollars pour aider six pays africains via le Climate Investment Fund (CIF). Le Mozambique, le Niger, la zambie, le Maroc, l’Egypte et l’Afrique du Sud développeront des projets liés à l’énergie solaire ou éolienne et à l‘adaptation aux changements climatiques. « Nous espérons que nos différents programmes de financement inspirent les négociateurs sur des actions possibles pour un futur sans carbone », explique Katherine Sierra de la Banque Mondiale.
Envoyé spécial
6 novembre 2009, Patrick Cros
http://www.developpementdurablelejournal.com/spip.php?article5491
Si les rencontres internationales se multiplient à travers la planète à 30 jours du Sommet de Copenhague sur le climat, les négociations semblent piétiner. À Barcelone, la dernière conférence internationale sous l’égide de l’ONU n’a pas débouché sur les résultats escomptés, sauf coup de théâtre de dernières minutes aujourd’hui. « Tout est encore possible », n’hésitent pas à répéter les négociateurs interrogés dans le Centre de convention de la capitale catalane qui a accueilli du 2 au 6 novembre plus de 4000 participants, dont les délégués de 181 pays. Les points de désaccords restent pourtant nombreux et un consensus difficile à réaliser. Le fossé entre pays émergents et États-Unis risque en particulier d’être difficile à combler. Comment concilier la demande d’une réduction de 40% des émissions de CO2 en 2020 par rapport à 1990 avec celle des USA dont le Sénat peine à voter un budget qui permettrait de réduire le CO2 de seulement 7% sur la même période ? « On demande aux nations pauvres de faire le choix entre pas de traité ou un mauvais traité », commente Natalie Curtis d’Oxfam. La volonté du G8, affichée en juillet dernier à L’Aquila en Italie, de contenir l’augmentation moyenne des températures sous la barre de 2°C a du mal à se transformer en acte. Au-delà, le dérèglement du climat aura pourtant des conséquences dramatiques sur la planète, selon les experts du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat).
Inquiétude, deux ans après Bali
La délégation africaine avait tenté un coup d’éclat lundi 2 novembre pour l’ouverture des négociations de Barcelone, annonçant un boycott des discussions tant que les pays industrialisés n’annonceraient pas d’engagements chiffrés conséquents de réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre. La menace n’a pas été mise à exécution, les états africains cherchant avant tout à montrer leur désarroi face au « manque d’écoute » des pays riches dans les négociations. Si l’action n’a pas débouché sur un résultat concret, elle a cependant permis une meilleure prise de conscience du problème d’un continent en première ligne face aux menaces engendrées par le dérèglement climatique. « Cet accord n’est plus ni moins une question de survie pour l’Afrique », explique Grace Akumu, l’une des représentantes de l’African Group à Barcelone. « Tous les ingrédients sont là pour obtenir un accord, mais il manque une réelle volonté politique », commente Alden Meyer de l’Union of concerned scientists, groupe américain indépendant de scientifiques, membre de l’ONG international Réseau Action Climat. « Sans un sursaut des chefs d’État ou de gouvernement, le Plan d’action de Bali, qui annonçait un accord important fin 2009, ne tiendra pas ses promesses ».
Le financement en question
Si une entente mondiale sur un chiffre de réduction des émissions de gaz à effet de serre semble difficile à atteindre, la question du financement l’est encore plus. L’Union Européenne reste la seule à avoir fixé un montant d’aide public internationale pour soutenir les pays pauvres à réduire leurs émissions de CO2 et faire face aux effets climatique d’ici à 2020. Aucune autre puissance industrielle ne s’est encore risquée à le confirmer. L’argent est pourtant, selon tous les experts, le nerf de la guerre contre le réchauffement de la planète. « C’est une nouvelle révolution industrielle qui devra être accompli en seulement dix ans, explique Alden Meyer. « L’économie mondiale va devoir se transformer ». L’Afrique aimerait qu’une nouvelle structure de financement internationale complète, voire remplace, la Banque mondiale. Celle-ci rejette les critiques annonçant un effort de 1,1 milliard de dollars pour aider six pays africains via le Climate Investment Fund (CIF). Le Mozambique, le Niger, la zambie, le Maroc, l’Egypte et l’Afrique du Sud développeront des projets liés à l’énergie solaire ou éolienne et à l‘adaptation aux changements climatiques. « Nous espérons que nos différents programmes de financement inspirent les négociateurs sur des actions possibles pour un futur sans carbone », explique Katherine Sierra de la Banque Mondiale.
Envoyé spécial
6 novembre 2009, Patrick Cros
http://www.developpementdurablelejournal.com/spip.php?article5491
2 commentaires:
Bruno,
Tu oublies un élément de ton argumentaire, hormis le point financier, un certain nombre de régions sont à la gauche; ces régions n'ayant plus de recettes n'auront comme solution d'augmenter les impôts locaux et fonciers.
Je crois que le français est anesthésié, perd de sa combativité, les messages syndicaux ne font plus recettes, par contre le malaise est traduit par une souffrance de mal être: voir les arrêts de travail et les différents forums.
En tout cas, Bruno, tu as la plume facile.
Merci Bob pour ton commentaire, suis d'accords avec toi concernant le mal-être qui est aussi un signal d'alerte pour nos société qui, malgré tout, n'en tiennent pas compte.
Merci pour ton compliment qui me touche particulièrement.
Au plaisir.
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