"Le motif de base de la résistance était l'indignation. Nous vétérans des mouvements de résistance et des forces combattantes de la France libre, nous appelons les jeunes générations à faire vivre, transmettre, l'héritage de la résistance et ses idéaux. Nous leur disons : prenez le relais, indignez-vous ! Les responsables politiques, économiques, intellectuels et l'ensemble de la société ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l'actuelle dictature des marchés financiers qui menacent la paix et la démocratie.

Je vous souhaite à tous, à chacun d'entre vous d'avoir votre motif d'indignation. C'est précieux."

Stéphane Hessel

mardi 13 janvier 2009

Le syndrome de la grenouille

Notre espèce est victime du syndrome de la grenouille.

Imaginez un récipient rempli d'eau dans laquelle vous mettez une grenouille. Vous mettez l'ensemble sur une plaque chauffante et vous observez ce qui se passe. L'eau va chauffer doucement, puis devenir tiède. La grenouille va trouver tout cela bien agréable et continuera à nager sans se douter de quoi que ce soit. Puis l'eau va franchement devenir bouillante, mais la grenouille, qui sera passée progressivement du tiède au chaud, se sera doucement engourdie et n'aura plus la force de réagir pour se sortir du piège de la cuisson. Ainsi, si on ne la sort pas de là, elle finira par mourir, sans s'être jamais extraite de la casserole.

Autre expérience : plongée dans une casserole où l'eau est déjà à plus de 50°C, la grenouille va immédiatement donner le coup de patte salutaire pour s'en extraire et ainsi sauver sa vie.

Que peut nous apprendre cette expérience légendaire sur notre capacité de réaction ?

Cette parabole nous parle de ces détériorations lentes qui interviennent dans notre vie et qui échappent à notre conscience ne suscitant, la plupart du temps, aucune réaction, ni opposition et encore moins de révolte.

Il en est ainsi des dégradations sociales. Il en est ainsi de la remise en cause des acquis sociaux et de la remise en cause de la solidarité nationale, par Sarko et ses sbires, qui le font par la méthode des petits pas, de façon à ce que cela ne déclenche pas de réactions hostiles de la part de l'opinion. Sarko a retenu la leçon infligée à certains, en leur temps, comme Jupé ou Allègre, qui avaient décidé de réformer massivement et brutalement, qui avaient décidé de dégraisser le mammouth et qui, au final, se sont heurtés au syndrome de la grenouille plongée dans l'eau à plus de 50 °C : l'opinion s'est révolté et les a fait reculer. Sarko, plus malin, propose une méthode de chauffe plus lente afin de nous engourdir … et cela marche, car qu'observe-t-on aujourd'hui ? Des citoyens sans réaction, sans opposition et sans révolte.

Ce syndrome de la grenouille est bien évidement applicable à un autre sujet majeur : le changement climatique global. Là encore le changement est tellement lent à l'échelle d'une vie humaine que l'on a de la peine à croire les scientifiques et les lanceurs d'alertes. Ainsi notre société continue sans réaction, sans opposition, sans révolte à mener sa barque, comme si de rien était, sur cette eau qui commence à bouillir. On s'habitue, on n'y croit pas, on se cache les yeux, on fait le dos rond. On persiste à proposer un modèle économique, consumériste et technique dépassé, qui a échoué et qui nous mène droit dans le mur. Mais les faits sont là, le mécanisme de dégradation est enclenché et nous ne donnons pas le coup de patte qui pourrait nous sortir de ce guet-apens.

Alors que nous faut-il faire pour ne pas finir comme la grenouille ?

Il nous faut une conscience plus aiguisée et de la mémoire car ce sont elles qui nous font prendre conscience du changement. Il nous faut alors prendre les rênes du pouvoir, chasser ceux qui nous endorment afin de redevenir moteur de nos vies, protecteur de notre environnement et solidaire avec nos enfants.

En bref redevenir adulte.

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