Texte écrit le lundi 14 Février 2005. 21 h 15, heure locale, 17 h 15 en France. Quelque part en route vers les îles Crozet. Ce texte voulait faire partager une émotion. Mais comment la décrire ? Le mieux étant, peut être, de raconter une journée de rando à Kerguelen.
La journée à commencé à 5 h 30 quand, après avoir pris un léger café et une pauvre tartine, je me suis dirigé vers le sas extérieur pour descendre, par l’échelle de pilote, vers le zodiac qui m’attendait 3 m plus bas. Le jour était déjà levé. La température agréable. Le ciel dégagé et pas de vent. La mer calme. Tout était réuni pour avoir un début de journée sympathique. Le zodiac fait route vers la plage. Nous traversons des champs de laminaires. Tout est calme. Le moteur Yamaha ronronne sous le poids des huit personnes embarquées à bord du canot gonflable. Nous, nous sommes, à la fois, complètement excités à l’idée de débarquer sur cette terre qui fit tant rêver les navigateurs depuis plus de trois siècles, et assommé par la fraîcheur et la sauvagerie qui s’offre à nos yeux. Plus la côte se rapproche, plus on sent que l’on perd nos références d’habitants de pays industrialisés, où pour accéder à un beau paysage, protégé in extremis des promoteurs, il faut garer sa voiture sur un parking payant. On est en France, certes. On est chez nous, Ok ! Mais c’est une terre que l’on ne peut imaginer.
Au loin le Marion Dufresne est ancré et s’éloigne. Mes repères aussi. Puis la plage. Noire. Le sable est noir. Nous sommes sur un archipel volcanique. Le bosco saute le premier, il tient dans sa main le bout (la corde) et nous dit de sauter rapidement. Nous nous exécutons. Nous sautons en espérant ne pas remplir nos botte d’eau afin de commencer le trekking au sec. Sur la plage le décor est dressé. Il nous accompagnera toute la journée. Un manchot royal se tiend droit comme groom, semblant nous souhaiter la bienvenu. En arrière plan, des femelles éléphants de mers tardent à se réveiller. Il est bien trop tôt pour elles. Nous restons là, un peu hébétés d’être en ce lieu. Nous mettons quelques minutes à nous décider à mettre nos sacs au dos et à nous diriger vers une direction. Nous avons probablement déjà utilisé la moitié de nos cartes mémoires sur ces deux espèces. Finalement nous nous décidons à marcher. Au bout d’un moment une chose te saute au yeux, tu foule une terre qui n’a jamais été aménagé par l’homme depuis qu’elle est sortie de l’eau par la conjonction des plaques océaniques et le volcanisme. Rien ! pas un chemin. Pas un pont, il faut tout passer à guet ou en bottes. Personnellement je n’avais jamais vu de terre totalement vierge. Oh ! certes il y a la base scientifique à 10 km, mais franchement, son influence anthropique est, si non nulle, parfaitement invisible. C’est la nature dans tout ce qu’elle a d’originelle. C’est bouleversant pour celui qui sait s’émerveiller de ce pas grand chose qui est essentiel.
Nous poursuivons notre marche et nous tombons sur un autre groupe d’éléphants de mer, placidement ensommeillés, accompagné de 4 manchots royaux qui semblent jouer les sentinelles. Nous mitraillons. L’air est pure, mais troublé par des effluves, naturelles certes, mais pas très fines en provenance des ces drôle de limaces géantes. Nous parlons à voix basse. Il est tôt et nous ne voulons perturber, plus que nous le faisons par notre présence, la quiétude ambiante. Nous restons là et nous dégustons. Mais il faut bien bouger nous n’avons que 10 h pour profiter et voir un maximum de Ker. Nous décidons de nous diriger, dans un premier temps, vers les deux collines qui nous font face. Cela nous prendra 4 h de marche pour atteindre les sommets, faire une petite route des crêtes et redescendre. Les flans ne sont que tourbière et pierriers. C’est difficiles. On peine. Mais on respire et on marche. Arrivé aux sommets c’est la lune. Ou plutôt non, c’est Mars. C’est les images que nous à ramené la sonde américaine qui s’est posée sur Mars il y à quelques années. Ce n’est que cailloux, cailloux et cailloux. C’est beau. C’est minérale. C’est désolé. C’est pas fait pour le téléspectateur de TF1.
Nous regagnons la grève vers 11 h 30 et nous retrouvons tout un groupe de collègues qui s’est installé pour le pic-nic. Nous leur demandons si nous pouvons nous joindre à eux et ainsi nous entamons nos sandwichs. C’est appréciable après ces premières heures de marche. Mais l’heure tourne, nous avons rendez vous à Port aux Français entre 15 h et 16 h et il nous reste trois bonne heure de marche. Alors on remet le sac au dos et c’est reparti pour 3 h de marche le long du littoral. Ce ne sera que succession d’éléphants de mer, d’otaries de Kerguelen, de manchots royaux, de manchots pygmée. Trois heures à pouvoir approcher, photographier et observer, à un mètre ou deux des animaux totalement sauvages. Ce sera un total régale. La ballade se poursuit et se termine par l’arrivé à Port aux Français. Nous sommes accueillit par une petite chapelle qui ne paye pas de mine. Toute en béton, mais qui est très belle à l’intérieure. La chapelle la plus australe du monde. Fondée il y à un siècle et demi environ. La chapelle de Notre Dame des vents.
Je comprend que si l’on a une âme assez sauvage pour vivre seul et loin de tout et très grégaire pour supporter les mêmes personnes perdant 16 mois, l’on puisse tomber amoureux de ces îles. Moi je ne pourrais pas, c’est trop. C’est trop extrême, mais à voir comme j’ai eu l’occasion de les découvrir c’est magique et éblouissant. Quinze ans que j’attend ce moment là.
Le retour sur le Marion fut des plus émouvant. Les marins de la barge qui faisait les allers et retours pour ramener les passager à bord, avaient monté sur le toit de leur passerelle, un énorme haut parleur duquel sortait de la tendre musique bretonne, comme pour nous dire au revoir. Ils avaient hissé le drapeau noir en signe d’indépendance d’esprit.. Petit monde que celui des terres australe où la visite des uns enchante les autres. Des larmes me sont venues. Je n’y ai pas vécu plus de 10 h mais ce territoire Français Austral accroche le cœur. C’est pas beaucoup mais c’est énorme pour moi.
RANDO A KERGUELEN
La journée à commencé à 5 h 30 quand, après avoir pris un léger café et une pauvre tartine, je me suis dirigé vers le sas extérieur pour descendre, par l’échelle de pilote, vers le zodiac qui m’attendait 3 m plus bas. Le jour était déjà levé. La température agréable. Le ciel dégagé et pas de vent. La mer calme. Tout était réuni pour avoir un début de journée sympathique. Le zodiac fait route vers la plage. Nous traversons des champs de laminaires. Tout est calme. Le moteur Yamaha ronronne sous le poids des huit personnes embarquées à bord du canot gonflable. Nous, nous sommes, à la fois, complètement excités à l’idée de débarquer sur cette terre qui fit tant rêver les navigateurs depuis plus de trois siècles, et assommé par la fraîcheur et la sauvagerie qui s’offre à nos yeux. Plus la côte se rapproche, plus on sent que l’on perd nos références d’habitants de pays industrialisés, où pour accéder à un beau paysage, protégé in extremis des promoteurs, il faut garer sa voiture sur un parking payant. On est en France, certes. On est chez nous, Ok ! Mais c’est une terre que l’on ne peut imaginer.
Au loin le Marion Dufresne est ancré et s’éloigne. Mes repères aussi. Puis la plage. Noire. Le sable est noir. Nous sommes sur un archipel volcanique. Le bosco saute le premier, il tient dans sa main le bout (la corde) et nous dit de sauter rapidement. Nous nous exécutons. Nous sautons en espérant ne pas remplir nos botte d’eau afin de commencer le trekking au sec. Sur la plage le décor est dressé. Il nous accompagnera toute la journée. Un manchot royal se tiend droit comme groom, semblant nous souhaiter la bienvenu. En arrière plan, des femelles éléphants de mers tardent à se réveiller. Il est bien trop tôt pour elles. Nous restons là, un peu hébétés d’être en ce lieu. Nous mettons quelques minutes à nous décider à mettre nos sacs au dos et à nous diriger vers une direction. Nous avons probablement déjà utilisé la moitié de nos cartes mémoires sur ces deux espèces. Finalement nous nous décidons à marcher. Au bout d’un moment une chose te saute au yeux, tu foule une terre qui n’a jamais été aménagé par l’homme depuis qu’elle est sortie de l’eau par la conjonction des plaques océaniques et le volcanisme. Rien ! pas un chemin. Pas un pont, il faut tout passer à guet ou en bottes. Personnellement je n’avais jamais vu de terre totalement vierge. Oh ! certes il y a la base scientifique à 10 km, mais franchement, son influence anthropique est, si non nulle, parfaitement invisible. C’est la nature dans tout ce qu’elle a d’originelle. C’est bouleversant pour celui qui sait s’émerveiller de ce pas grand chose qui est essentiel.
Nous poursuivons notre marche et nous tombons sur un autre groupe d’éléphants de mer, placidement ensommeillés, accompagné de 4 manchots royaux qui semblent jouer les sentinelles. Nous mitraillons. L’air est pure, mais troublé par des effluves, naturelles certes, mais pas très fines en provenance des ces drôle de limaces géantes. Nous parlons à voix basse. Il est tôt et nous ne voulons perturber, plus que nous le faisons par notre présence, la quiétude ambiante. Nous restons là et nous dégustons. Mais il faut bien bouger nous n’avons que 10 h pour profiter et voir un maximum de Ker. Nous décidons de nous diriger, dans un premier temps, vers les deux collines qui nous font face. Cela nous prendra 4 h de marche pour atteindre les sommets, faire une petite route des crêtes et redescendre. Les flans ne sont que tourbière et pierriers. C’est difficiles. On peine. Mais on respire et on marche. Arrivé aux sommets c’est la lune. Ou plutôt non, c’est Mars. C’est les images que nous à ramené la sonde américaine qui s’est posée sur Mars il y à quelques années. Ce n’est que cailloux, cailloux et cailloux. C’est beau. C’est minérale. C’est désolé. C’est pas fait pour le téléspectateur de TF1.
Nous nous arrêtons souvent et nous écoutons le silence, les oiseaux. La mer, aussi, au loin. C’est dingue le silence. C’est beau le silence. Dans le ciel pas une trace d’avions de ligne. Derrière nous pas une famille avec sa musique et ses chaussures Nike. Pas de tracés de GR. Pas d’autoroute à l’horizon. Rien ! Pas un bruit mécanique, industriel et humain. Nous restons là, conscient de notre chance. Goûtant chaque instant. Puis nous reprenons notre descente en direction de notre point de départ sur la plage. Nous retraversons des rivières, des tourbières et des pierriers. Nous sommes survolé par des goélands qui trouvent que l’on se rapproche trop des leurs nids. Nous sommes survolé par des skas qui aimeraient bien nous voir dans les estomacs.
Nous regagnons la grève vers 11 h 30 et nous retrouvons tout un groupe de collègues qui s’est installé pour le pic-nic. Nous leur demandons si nous pouvons nous joindre à eux et ainsi nous entamons nos sandwichs. C’est appréciable après ces premières heures de marche. Mais l’heure tourne, nous avons rendez vous à Port aux Français entre 15 h et 16 h et il nous reste trois bonne heure de marche. Alors on remet le sac au dos et c’est reparti pour 3 h de marche le long du littoral. Ce ne sera que succession d’éléphants de mer, d’otaries de Kerguelen, de manchots royaux, de manchots pygmée. Trois heures à pouvoir approcher, photographier et observer, à un mètre ou deux des animaux totalement sauvages. Ce sera un total régale. La ballade se poursuit et se termine par l’arrivé à Port aux Français. Nous sommes accueillit par une petite chapelle qui ne paye pas de mine. Toute en béton, mais qui est très belle à l’intérieure. La chapelle la plus australe du monde. Fondée il y à un siècle et demi environ. La chapelle de Notre Dame des vents.
Je comprend que si l’on a une âme assez sauvage pour vivre seul et loin de tout et très grégaire pour supporter les mêmes personnes perdant 16 mois, l’on puisse tomber amoureux de ces îles. Moi je ne pourrais pas, c’est trop. C’est trop extrême, mais à voir comme j’ai eu l’occasion de les découvrir c’est magique et éblouissant. Quinze ans que j’attend ce moment là.
Le retour sur le Marion fut des plus émouvant. Les marins de la barge qui faisait les allers et retours pour ramener les passager à bord, avaient monté sur le toit de leur passerelle, un énorme haut parleur duquel sortait de la tendre musique bretonne, comme pour nous dire au revoir. Ils avaient hissé le drapeau noir en signe d’indépendance d’esprit.. Petit monde que celui des terres australe où la visite des uns enchante les autres. Des larmes me sont venues. Je n’y ai pas vécu plus de 10 h mais ce territoire Français Austral accroche le cœur. C’est pas beaucoup mais c’est énorme pour moi.
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