"Le motif de base de la résistance était l'indignation. Nous vétérans des mouvements de résistance et des forces combattantes de la France libre, nous appelons les jeunes générations à faire vivre, transmettre, l'héritage de la résistance et ses idéaux. Nous leur disons : prenez le relais, indignez-vous ! Les responsables politiques, économiques, intellectuels et l'ensemble de la société ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l'actuelle dictature des marchés financiers qui menacent la paix et la démocratie.

Je vous souhaite à tous, à chacun d'entre vous d'avoir votre motif d'indignation. C'est précieux."

Stéphane Hessel

jeudi 26 mars 2020

Ce petit virus touche même les riches !

Je publie, ici, un texte qui m'a été passé via facebook et intitulé "Le billet d'humeur d'Alain Damasio", mais sans référence qui permette de vérifier que ce texte est bien de lui, je ne peux donc affirmer assurément qu'Alain Damasio en est bien l'auteur. Cela étant dit l'important n'est pas véritablement son auteur mais ce qui y est dit et que je partage entièrement ces lignes.

"Ce qui est hallucinant, c'est comment un minuscule virus à létalité finalement assez faible arrive à bouleverser l'ordre économique mondial en un mois.

Soudain, ce qui était décrété totalement impossible devient la norme : la BCE lâche 750 milliards d'euros, excusez du peu, comme une fleur. On trouve de l'argent partout pour les chômeurs partiels, les PME sont réabondées, la santé devient bien national intouchable, c'est tout juste s'ils nous annoncent pas qu'on va revaloriser les retraites de 20% ! Ça montre que tout n'est que question de choix, de priorité sociale et politique. Et qu'on nous a menti éhontément pendant des années — mais évidemment on le savait.

Les pauvres peuvent bien crever du cancer, de l'amiante, de la pollution, de conditions de travail scandaleuses qu'on connaît depuis toujours, les salariés se suicider dans leurs boîtes à management harcelant, ça leur en touche une sans bouger l'autre alors qu'on parle ici de 10 à 15 000 morts rien que pour les effets du chômage.

Mais là attention, c'est différent, hein : ça touche tout le monde, ce petit virus, ça touche même… les riches ! comme les pauvres et même davantage les riches que les pauvres car les riches bougent, voyagent, ils serrent des mains, organisent des réunions, commercent, ils sont mobiles, agiles, ouverts, cosmopolites, transnationaux, urbains, alors ils dérouillent leur mère et ça leur fout les jetons. Et on ne peut pas laisser les riches crever comme des salauds de pauvre quand même, faut pas déconner non plus, faut que les statuts soient maintenus, si l'égalité face à la mort devient la norme, où va-t-on, hein ?

Alors on met le paquet ! On note en passant, mais sans y faire gaffe alors que c'est l'info la plus importante selon moi de l'épidémie, qu'il y a aura au final moins de morts en Chine que les années précédentes grâce au coronavirus et malgré les morts qu'il fait, tout simplement parce que la décroissance forcé de la production et des échanges a limité fortement la pollution en Chine, mais ça, c'est secondaire, ce sont des chiffres pour les pauvres, les riches ont les moyens de se ressourcer, de se protéger et de vivre ailleurs que dans les sites les plus pollués donc ces morts là ne comptent pas.

Il est très probable que tous les états européens renationalisent leur compagnie aérienne, à commencer par Air France pour éviter qu'elle coule corps et biens. Il y a trois mois, on cravachait encore à collecter des pétitions pour éviter qu'ils privatisent Aéroport de Paris, vous vous souvenez ?

Et il est hautement probable qu'on ait un pur retour keynèsien avec relance de la consommation intérieure pour sauver l'économie et nationalisations multiples. Les néolibéraux restent des pragmatiques et savent qu'en cas de catastrophe, seul l'État peut sauver le business et se comportent en socialistes parfaits à ce moment là.

Moi j'ai juste envie de pendre tous les patrons qui chialent pour leurs chiffres d'affaires, et mendient des subventions de l'État, avec leurs tripes.

Et à ma connaissance, les plus touchés de tous, les intermittents, rien n'est prévu pour eux !! La culture peut bien aller se faire foutre. De toute façon, les intermittents sont de sales gauchistes et le spectacle vivant est un business trop secondaire.

Bref, je comprends qu'on s'attache à savoir si l'on est contaminant et à flipper de toucher une poignet de porte et à gueuler sur les gens qui jouent pas ou mal le jeu en ripaillant sur la plage d'en-vau, mais faut déjà se projeter sur l'après et faire en sorte qu'ils n'utilisent pas la récession massive qui vient pour nous étrangler plus que jamais.

Ce qu'on a fait pour le corona, faut le faire pour le réchauffement et la transition écologique, oui, s'appuyer dessus, en faire un étendard du "tout est possible si on le veut".

Et se rappeler que lorsque quelque chose touche les classes dirigeantes directement, les rend à leur tour vulnérables (cf nb de députés touchés, cf Jacob, Dati; Estrosi, Vassal ...), là, comme par enchantement, ça devient priorité nationale "pour tous". Je vous parie un billet que le virus ne toucherait pas les CSP++, la réaction aurait été totalement différente".

Illustration de la fable de La Fontaine, "Les animaux malades de la peste"

mercredi 25 mars 2020

L’humanité effondrée et la société ébranlée par un petit machin

Un petit machin microscopique appelé coronavirus bouleverse la planète. Quelque chose d’invisible est venu pour faire sa loi. Il remet tout en question et chamboule l’ordre établi. Tout se remet en place, autrement, différemment.

Ce que les grandes puissances occidentales n’ont pu obtenir en Syrie, en Lybie, au Yemen, … ce petit machin l’a obtenu (Cessez-le-feu, trêve…).

Ce que l’armée algérienne n’a pu obtenir, ce petit machin l’a obtenu (le Hirak à pris fin).

Ce que les opposants politiques n’ont pu obtenir, ce petit machin l’a obtenu (report des échéances électorales. ..).

Ce que les entreprises n’ont pu obtenir, ce petit machin l’a obtenu (remise d’impôts, exonérations, crédits à taux zéro, fonds d’investissement, baisse des cours des matières premières stratégiques. ..).

Ce que les gilets jaunes et les syndicats n’ont pu obtenir, ce petit machin l’a obtenu ( baisse de prix à la pompe, protection sociale renforcée…).

Soudain, on observe dans le monde occidental le carburant a baissé, la pollution a baissé, les gens ont commencé à avoir du temps, tellement de temps qu’ils ne savent même pas quoi en faire. Les parents apprennent à connaître leurs enfants, les enfants apprennent à rester en famille, le travail n’est plus une priorité, les voyages et les loisirs ne sont plus la norme d’une vie réussie.

Soudain, en silence, nous nous retournons en nous-mêmes et comprenons la valeur des mots solidarité et vulnérabilité

Soudain, nous réalisons que nous sommes tous embarqués dans le même bateau, riches et pauvres. Nous réalisons que nous avions dévalisé ensemble les étagères des magasins et constatons ensemble que les hôpitaux sont pleins et que l’argent n’a aucune importance. Que nous avons tous la même identité humaine face au coronavirus.

Nous réalisons que dans les garages, les voitures haut de gamme sont arrêtées juste parce que personne ne peut sortir.

Quelques jours seulement ont suffi à l’univers pour établir l’égalité sociale qui était impossible à imaginer.

La peur a envahi tout le monde. Elle a changé de camp. Elle a quitté les pauvres pour aller habiter les riches et les puissants. Elle leur a rappelé leur humanité et leur a révélé leur humanisme.

Puisse cela servir à réaliser la vulnérabilité des êtres humains qui cherchent à aller habiter sur la planète mars et qui se croient forts pour clôner des êtres humains pour espérer vivre éternellement.

Puisse cela servir à réaliser la limite de l’intelligence humaine face à la force du ciel.

Il a suffi de quelques jours pour que la certitude devienne incertitude, que la force devienne faiblesse, que le pouvoir devienne solidarité et concertation.

Il a suffi de quelques jours pour que l’Afrique devienne un continent sûr. Que le songe devienne mensonge.

Il a suffi de quelques jours pour que l’humanité prenne conscience qu’elle n’est que souffle et poussière.

Qui sommes-nous ? Que valons-nous ? Que pouvons-nous face à ce coronavirus ?

Rendons-nous à l’évidence en attendant la providence.

Interrogeons notre “humanité” dans cette “mondialité” à l’épreuve du coronavirus.

Restons chez nous et méditons sur cette pandémie.

Aimons-nous vivants !

Moustapha Dahleb est le nom d’auteur du Docteur Hassan Mahamat Idriss

vendredi 20 mars 2020

Il nous faudra interroger le modèle de développement

En ces heures de confinement je me dis que c’est exactement le bon moment de s’interroger sur les limites de notre système car, avant l’événement, les humains n’écoutent pas, préférant les sirènes de la consommation et après la crise, trop heureux d’être sortie de la tourmente, ceux qui parleront pour tirer des leçons seront renvoyés dans leurs foyers, comme de vulgaires oiseaux de mauvais augures.

Ainsi donc souvenons-nous toujours de la conclusion du discours télévisé d'Emmanuel Macron, du 12 mars 2020 à propos de la crise sanitaire que le monde est en train de traverser. Souvenons-nous en toujours car il nous faudra toujours la ressortir aux amnésiques de la consommation : « Il nous faudra interroger le modèle de développement qui est le nôtre, dans lequel s’est engagé notre monde depuis des décennies, et qui dévoile ses failles au grand jour. Interroger les faiblesses de nos démocraties. Ce que révèle d’ores et déjà cette pandémie, c’est que la santé gratuite sans condition de revenus, de parcours, ou de profession, notre Etat-Providence, ne sont pas des coûts ou des charges, mais des biens précieux, des atouts indispensables quand le destin frappe. Ce que révèle cette pandémie, c’est qu’il est des biens et des services qui doivent être placés en dehors des voies du marché. Déléguer notre alimentation, notre protection, notre capacité à soigner, notre cadre de vie au fond, à d’autres, est une folie. Nous devons en reprendre le contrôle. Construire plus encore que nous ne le faisons déjà une France et une Europe souveraines, une France et une Europe qui tiennent fermement leur destin en main. Les prochaines semaines et les prochains mois nécessiteront des décisions de rupture en ce sens. Je les assumerai. »

Que de temps, d'énergie et d'argent perdus pour en arriver aux mêmes conclusions que celles des écolos, des altermondialistes et des anticapitalistes mais affirmées depuis des décennies.

Quand on disait que l'on préférait payer un fonctionnaire plutôt que d'engraisser un actionnaire, les français en comprennent-ils le sens maintenant et l'urgence collective qu'il y avait à être dans cette posture ?

Magnifique, par ailleurs, d'entendre Bruno Lemaire, cet ultra libéral dans toute sa splendeur, chantre de la rhétorique Reaganienne qui énonce que "le problème c'est l'état", étudier la nationalisation d'entreprises pour éviter leurs faillites. Définitivement le libéralisme c'est la privatisation des bénéfices et la collectivisation des risques. Amis libéraux, après cet évènement ne venez plus jamais me chanter les louanges des privatisations, du privé supérieur au public, des prises de risques des capitalistes, ne venez plus cracher sur l'état social et solidaire, sur l'état et ses fonctionnaires, vous serez bien reçus. Pour compléter, Pierre Serne dit et je partage : "Comme quoi le libéralisme ne semble pas tout à fait adapté à la gestion de crise ni d'ailleurs au "monde d'après". L'Etat ça a du bon. La protection sociale, les biens communs et services publics forts aussi. Les corps intermédiaires et le tissu associatif aussi. Les mécanismes de solidarité et une fonction publique en nombre et soutenue aussi. À méditer.

Oui à méditer. On a le temps d'y penser, actuellement, en ces temps de début de confinement.

Ainsi, en deux jours, la France a découvert :
  • Qu’il est possible de nationaliser des entreprises
  • Que le libéralisme ne sait pas gérer les crises et que notre système actuel n'est pas durable.
  • Que l'état social et solidaire ça a quand même du bon
  • Qu’il est possible d'écouter les scientifiques et que la Recherche publique n'est pas un luxe.
  • Qu’il est possible de consommer moins et de revenir à l'essentiel
  • Qu’il est souhaitable d'avoir plus de services publics forts et avec de vrais moyens.
  • Que la santé et la protection sociale n'ont pas de prix
  • Que les migrants ne sont pas des lâches qui fuient le danger, ils ont de bonnes raisons.
  • Que l'on a besoin de solidarité et moins de compétition
  • Que la mondialisation a ses limites et que déléguer, à d'autres, le soin d'assurer notre subsistance est une folie ...
En clair, en deux jours la France à découvert qu’un autre monde est possible !

Pour conclure, pendant que l'Homme souffre de par sa propre bêtise, la planète respire, c’est un effet positif, espérons que nous saurons aussi réfléchir, ce sera un autre point positif de cette crise.

"Je vous écris d’une ville coupée du monde. Nous vivons ici dans une parfaite solitude qui n’est pas le vide. Nous prêtons chaque jour un peu moins attention à ce que nous ne pouvons plus faire car Venise, en ces jours singuliers, nous ramène à l’essentiel. La nature a repris le dessus. L’eau des canaux est redevenue claire et poissonneuse. Des milliers d’oiseaux se sont installés en ville et le ciel, limpide, n’est plus éraflé par le passage des avions. Dans les rues, à l’heure de la spesa, les vénitiens sont de nouveau chez eux, entre eux. Ils observent les distances, se parlent de loin mais il semble que se ressoude ces jours-ci une communauté bienveillante que l’on avait crue à jamais diluée dans le vacarme des déferlements touristiques. Le tourisme, beaucoup l’ont voulu, ont cru en vivre, ont tout misé sur lui jusqu’à ce que la manne se retourne contre eux, leur échappe pour passer entre des mains plus cupides et plus grandes, faisant de leur paradis un enfer.

Venise, en ces jours singuliers, m’apparaît comme une métaphore de notre monde. Nous étions embarqués dans un train furieux que nous ne pouvions plus arrêter alors que nous étions si nombreux à crever de ne pouvoir en descendre ! A vouloir autre chose que toutes les merveilles qu’elle avait déjà à leur offrir, les hommes étaient en train de détruire Venise. A confondre l’essentiel et le futile, à ne plus savoir regarder la beauté du monde, l’humanité était en train de courir à sa perte. Je fais le pari que, lorsque nous pourrons de nouveau sortir de nos maisons, aucun vénitien ne souhaitera retrouver la Venise d’avant. Et j’espère de tout mon cœur que, lorsque le danger sera passé, nous serons nombreux sur cette Terre à refuser de réduire nos existences à des fuites en avant. Nous sommes ce soir des millions à ignorer quand nous retrouverons notre liberté de mouvement. Soyons des millions à prendre la liberté de rêver un autre monde. Nous avons devant nous des semaines, peut-être des mois pour réfléchir à ce qui compte vraiment, à ce qui nous rend heureux.

La nuit tombe sur la Sérénissime. Le silence est absolu. Cela suffit pour l’instant à mon bonheur. Andrà tutto bene."

Réfléchissez ! Réfléchissons à ce que nous ne voulons plus, à nos paradis artificiels, à nos limites, à nos chaines, mais aussi à ce qui nous rend vraiment heureux, à ce qui est essentiel. Nous avons le temps.