"Le motif de base de la résistance était l'indignation. Nous vétérans des mouvements de résistance et des forces combattantes de la France libre, nous appelons les jeunes générations à faire vivre, transmettre, l'héritage de la résistance et ses idéaux. Nous leur disons : prenez le relais, indignez-vous ! Les responsables politiques, économiques, intellectuels et l'ensemble de la société ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l'actuelle dictature des marchés financiers qui menacent la paix et la démocratie.

Je vous souhaite à tous, à chacun d'entre vous d'avoir votre motif d'indignation. C'est précieux."

Stéphane Hessel

mercredi 14 février 2018

Notre Dame des Landes, enracinons l'avenir !

prise de parole commune au nom du mouvement contre l'aéroport

Bonsoir à tous/toutes ! Et tout d'abord un immense merci pour votre présence !

Lorsque nous avons choisi ce slogan pour notre rassemblement « Nddl enracinons l'avenir » nous étions encore dans cette interminable période où nous attendions et espérions l'annonce de l'abandon, sans encore oser y croire. Nous avons fait ce choix moins parce qu'il nous semblait pertinent pour tous les cas de figure possibles que parce que depuis de longues années déjà nous nous projetons vers l'avenir.

Aujourd'hui, la victoire est totale pour ce qui était la première phase de notre lutte : l'abandon de l'aéroport confirmée par l'expiration de la Déclaration d'Utilité Publique (DUP). Nous la fêtons ensemble aujourd'hui, dans un soulagement immense, dans les cris, les pleurs, les étreintes avec vous tous/toutes qui nous avez soutenu-e-s.

Cette première phase a été une lutte populaire et fraternelle, qui au fil des années a su faire agir côte à côte ce que nous avons appelé ses « composantes » formelles ou moins formelles. Ce sont des paysan-ne-s, des propriétaires, des citoyen-ne-s de la région, des associations et organisations syndicales (paysannes et ouvrières), environnementales, citoyennes, politiques, d'élus... sans oublier des collectifs à base professionnelle (juristes, pilotes, chefs d'entreprise... ), les bien nommé-e-s « naturalistes en lutte », les occupant-e-s venus défendre la zone à partir de 2007, les paysan-ne-s de COPAIN, les 200 collectifs Nddl créés partout en France. Cette liste est non chronologique et non exhaustive, tant toutes les énergies se sont interpénétrées avec des formes d’actions très différentes pour parvenir à la première victoire : l'abandon du projet d'aéroport. La DUP, cet outil de destruction préméditée, ce véritable vol de terres au profit d’intérêts privés sous couvert d'Utilité Publique, a expiré hier. Les mensonges de l’État et la faillite de ses procédures de décision ont éclaté aux yeux de tous.

Aujourd'hui, le mouvement a dégagé collectivement la D281 pour rendre à ses usager.es/voisin.es la possibilité d'une utilisation partagée. Il faut répondre à leurs besoins de circulation et prendre en compte les problèmes de sécurité des riverains (ralentisseurs, limitations de vitesse, corridors pour amphibiens et autres hôtes du bocage..), tout ceci en discussion entre les services de l’État et les Naturalistes en Lutte notamment. Les divers chantiers nécessaires à la remise en état de la route sont en cours. Ils vont durer encore plusieurs semaines.

Cette victoire, nous la fêtons dans une ambiance particulière, car nous sommes trois jours avant le mardi gras, en pleine période de carnaval. C'est la fête des humbles chahutant les puissants, la fête des passages, où une saison vient de se finir sans que l'on ait encore basculé dans la suivante. La fin de cette lutte d’un demi-siècle contre l’aéroport laisse place à de nouveaux enjeux et combats, ici et ailleurs. Le carnaval ne célèbre pas un changement d’ère, il l’accompagne, voire le suscite.

Nous sommes ici pour enraciner l'avenir : car enracinés, nous le sommes depuis longtemps déjà, enracinés par nos pères et mères dans ces landes qu'ils ont travaillées, choyées ... Ils et elles sont présent-e-s ici avec nous, comme le sont tant de camarades qui ont puisé sans compter dans leurs forces pour notre lutte. Nous avons une pensée très forte pour tous ceux et celles qui nous ont quitté-e-s avant de voir notre victoire.

Enraciné-e-s, nous le serons plus encore par tous ces arbres dont nous allons prendre soin et que nous planterons dès que le temps le permettra.

Ces plantes sont venues de partout, certaines apportées par des collectifs venus d'autres luttes. Nous avons très délibérément placé notre fête de la victoire sous le signe de la solidarité avec ces collectifs. Cette solidarité s'est construite depuis longtemps déjà, lorsque nous nous sommes rendu-e-s compte très concrètement à travers nos rencontres que nous racontions tous et toutes la même histoire : destruction de terres nourricières et de bio-diversité, gaspillage d'argent public, mépris des populations, cadeaux à Vinci ou à d'autres multinationales […]

Dans notre fête de ce jour, nous avons tenu à laisser une large parole à ces luttes sœurs, qui portent leurs messages depuis ce matin dans les déambulations, qui ont brûlé avec nous les projets dont elles exigent la disparition. Elles nous ont soutenu-e-s, nous ont inspiré-e-s autant que nous-mêmes avons pu le faire. Nous les invitons à saisir avant leur départ, si elles le souhaitent, les bâtons plantés le 8 octobre 2016, gages de notre serment de défendre le bocage de Nddl. Ils deviendront ainsi les gages de notre solidarité vis-à-vis d'eux. Ils deviendront les canaux de ce grand réseau de luttes par où circulera notre commune énergie... Saluons la présence de camarades en lutte contre différents projets […] Pour toutes ces luttes sœurs, nous sommes là, nous serons là !

Enfin voici les principaux éléments sur le projet d'avenir commun que nous envisageons pour la zad. Une délégation commune du mouvement est prête à le porter auprès des différentes structures institutionnelles qui se penchent déjà sur la propriété des terres, sur leur usage et celui des communs de la zad... Dans l'objectif de la réalisation de nos six points, nous avons envisagé deux étapes principales :

La première étape qui s’ouvre aujourd’hui concerne en priorité l'usage des terres et des communs. Elle a quelques objectifs majeurs.

  • Nous voulons faire entendre le plus rapidement possible notre refus d'expulsions qui n'ont plus aucune raison d'être une fois acté l'abandon du projet. La date annoncée du 31 mars est très proche. Et ce message doit être entendu immédiatement. C’est l’une des raisons de cette mobilisation.
  • Nous voulons que les habitant-e-s qui le souhaitent puissent se projeter dans un avenir commun sur la zad. Cet avenir sera construit de manière collective et solidaire. Nous veillerons à la sauvegarde des éléments naturels fragiles.
  • Pour obtenir cela, dans l'immédiat nous exigeons le gel de la redistribution institutionnelle des terres afin qu'elles n'aillent pas à l'agrandissement d'exploitations déjà existantes.
  • La création d'une entité juridique provisoire, reconnue et représentative de l'ensemble du mouvement, est en cours. Elle doit permettre de réaliser les actes officiels concernant la zone : des mandats de gestion des terres ou des communs, des signatures de convention précaires d'exploitation... Il s'agit de permettre par le biais de cette association la meilleure protection possible pour tous les types de projets, agricoles ou non agricoles, conventionnels ou hors cadre... Cela peut se faire en particulier par la reconnaissance d'un droit d'expérimentation sur la zone. Il s'agit d'élargir les possibles.
  • Cette première étape devra également porter une exigence d'amnistie pour les faits et procédures engagées dans le cadre de la lutte contre le projet d'aéroport.
Tous ces points exigeront un important travail collectif, le maintien du rapport de force que nous avons su créer, et votre soutien à tous et toutes.

La deuxième étape doit nous permettre la mise en place d'une entité pérenne issue du mouvement qui prenne en charge les terres de la zad. Il nous faut du temps pour bâtir cette structure : rappelons que la solution pour les terres du Larzac par la création de la Société Civile des Terres du Larzac a mis trois ans à s'élaborer.

La situation est inédite. Il va être très long de démêler les questions de propriété sur la zone, et nous ne disposons d'aucune jurisprudence.

De nombreuses réflexions, des rencontres avec d'autres lieux, et d'autres structures (personnes utilisant les fonds de dotation...) ont déjà eu lieu et vont se poursuivre. Nous devons exiger du temps.

Nous nous projetons ensemble dans l’avenir, confiant-e-s face à nos incertitudes, aux difficultés qui ne manqueront pas de survenir mais que nous saurons dépasser.

Nous sommes au premier jour des saisons futures !

Acipa, 
Adeca, 
Copain44, 
Naturalistes en lutte, 
habitant.e.s et occupant.e.s de la zad, 
Coordination des orgas opposantes

dimanche 11 février 2018

Ou comment un peu de neige peut interroger sur notre durabilité.

Jeudi matin, les huit départements de la région parisienne ont été maintenus en vigilance orange neige et verglas. Les autorités françaises ont renouvelé leur appel à la vigilance en Île-de-France en raison du froid. Le gel et le verglas devaient remplacer la neige tombée en masse la veille. L’épisode qui a touché depuis lundi de nombreux départements, engendrant notamment la pagaille sur les routes, est notable mais pas inédit ni exceptionnel, des événements comparables ont été vécus en Île-de-France et Paris en janvier et mars 2013, ainsi qu’en décembre 2010. Rien de bien étonnant en hivers mais pourtant cela a provoqué la fermetures d'axes majeurs comme la N118 et l'interdiction de circulation des camions.

Trois jours après je me suis rendu au carrefour des Ulis et j'ai pu me rendre compte combien notre système était fragile. Trois jours d'aléas climatiques et Carrefour nous démontre combien notre société n'est pas durable, combien notre ville des Ulis est vulnérable et pas résiliente aux phénomènes extrêmes puisqu'un phénomène pas extrême montre déjà nos limites. Rayons vides, dévalisés et pas ravitaillés (cf photos ci-dessous) que se serait-il passé si le phénomène avait duré ou si un autre lui avait succédé ?

Quid, dès lors, de notre ville face aux changements climatiques qui s'annoncent comme l'augmentation des phénomènes extrêmes ?

Quid de notre ville, complètement dépendante des camions, face à la crise énergétique qui annonce l'avènement du post-carbone ?

Quid de notre ville, complètement artificielle, où rien n'a jamais été anticipé puisque les défis ont toujours été niés ?

Reportage photo.







Moi ce passage chez Carrefour m'a interpellé, pas vous?

Cyclones aux Antilles, inondations et neige en métropole où comment la météo met une claque à nos vaniteuses sociétés dénaturées.

Mais bon, surtout ne changeons rien.

C'est quoi l'autonomie alimentaire de l'île de France déjà ?

Notre Dame des Landes, Triangle de Gonesse, Plateau de Saclay, ... même combat : protection des terres agricoles et reconversion écologique de notre économie pour une société résiliente.