Que nous souhaiter pour 2018 qui ne l’aura pas été pour 2017, mais avant également pour 2016 ou 2015 ? Nous nous sommes souhaités la paix et l’amour et tous deux ne sont pas arrivés. J’ai une pensée très émue pour tous ces hommes vendus en Syrie en 2017, comme aux pires temps de l’esclavage en Europe. J’ai une pensée compassionnelle pour tous les morts et survivants des traversées méditerranéennes. J’ai une pensée pour tous les martyres de la cause environnementale, à l’instar d’Isidro baldenegro Lopez, de Mias Mascarinas-Green, de Gordom Strom, de Santiago Maldonato, de Wayne Lotter ou bien encore de Ruben Arzaga, tous morts, en 2017 pour avoir voulu protéger notre Terre des saccageurs assassins. En 2017, 185 défenseurs de l’environnement auront été tués. Nous nous sommes souhaités une prise de conscience environnementale, mais force est de constater que les voyants sont toujours autant au rouge car même les écolos partent en vacances à l’autre bout de la planète, en avion et la plèbe s’enthousiasme pour une écocide et inutile Exposition Universelle 2025, prévue sur le Plateau de Saclay, en lieu et place de terres agricoles. Nous nous sommes souhaités la santé et le bonheur mais le glyphosate coule toujours de nos aliments et la consommation ne nous contente toujours pas. Mais d'un autre coté il est vrai que "la France n'a pas besoin de gens heureux, elle a juste besoin de consommateurs" comme nous le rappelle Nicole Ferroni dans son sketch sur la méditation.
Dès lors cela a-t-il encore du sens de se souhaiter des choses que, de toute manière, nous ne mettrons pas en œuvre ?
Mais sans souhaits et donc sans espoirs, la lutte pour la survie de nos enfants n’est pas possible. Aussi rappelons-nous toujours que l’espoir fait vivre et ainsi j’ai espoir que nous trouvions le chemin de la sagesse et que les religieux lâchent un peu du lest sur leurs certitudes et se détendent.
Espoir que nous trouvions le chemin de la sobriété heureuse … heureux de participer à la durabilité de l’espèce humaine qui est, reconnaissons-le, aussi stupide que magnifique.
J’ai espoir que cette année, le projet inutile d’Ayraultport de Notre-Dame des Landes soit enfin et définitivement enterré et la ZAD pérennisée, confirmée dans son rôle d’expérience alternative, écologique et solidaire. Le Gouvernement saura-t-il enfin écouter les arguments objectifs des opposants, légitimés par le rapport des experts ou bien cédera-t-il aux lobbies du béton et de la destruction ? Janvier 2018 sera le mois de la grande décision entre saccage et sagesse. Le mois de tous les dangers.
J’ai espoir, à l’instar du sociologue, Jean-Baptiste Comby que nous ne passions plus « sous silence les causes collectives et structurelles de la destruction de l’Environnement : l’aménagement des villes et des transports, l’organisation du travail, le fonctionnement de l’agriculture, le commerce international, l’extension infinie des marchés. C’est en imaginant et en luttant pour d’autres organisations sociales que nous rendrons possible l’adoption durable de styles de vie à la fois moins inégaux et plus respectueux des écosystèmes naturels. »
J’ai espoir que nous nous regardions enfin avec respect et fraternité, espoir que les plafonds de verre explosent enfin. J’ai espoir que les femmes ne soient plus méprisées, maltraitées, humiliées, vues comme des proies. J’ai espoir que nos frères noirs ne soient plus relégués, avec condescendance, à des travaux de services aux blancs révélant un simulacre d’égalité française, vestige d’une culture collective coloniale niée mais finalement toujours présente dans notre inconscient collectif. J’ai espoir que la juste colère contre les extrémismes religieux ne soit plus un prétexte de haine envers les croyants et que nous retrouvions l’esprit de la laïcité, seule garante des libertés de tous. J’ai espoir que les plus pauvres, les plus précaires d’entre nous ne soient plus vus comme les causes mais bien comme les victimes d’une crise systémique mondiale, et encore moins comme de vils profiteurs d’un système qui favorise, pourtant et quoi qu’on en dise, les plus riches sans que les envieux n’y voient a y redire. J’ai espoir que nous retrouvions la raison et que nous cessions d’inverser les valeurs car l’argent et la convoitise ne sont que de bien piètres maître et maîtresse.
Et ainsi devant ces 326 jours de production d’électricité, 100 % renouvelables, au Costa-Rica, en 2017, j’ai espoir. Le pays vise le zéro CO2 en 2021. J’ai espoir devant la réduction record du trou de la couche d’ozone, qui a atteint sa plus petite taille en 2017 depuis 1988 et devrait continuer à se résorber. J’ai espoir devant la plus grande réserve naturelle, préservée pour 16 ans, en Arctique et grande comme la Méditerranée à l’instar des 1,5 million de km2 préservés en Antarctique et qui en font la plus grande réserve marine du monde. J’ai espoir quand je vois les deux espèces de Kiwis de Nouvelle-Zélande passer, grâce à des mesures de protections, d’espèces "en danger" à espèces "vulnérables" éloignant le risque d’extinction. J’ai espoir devant les 66 millions d’arbres plantés, en 12 heures, au nord de l’Inde pour lutter contre les changements climatiques. J'ai espoir quand le vois que la Chine, autrefois premier marché pour les défenses d'éléphants de contrebande, vient de promulguer, le 28 décembre 2017, l'interdiction totale du commerce de l'ivoire. "A partir d'aujourd'hui, l'achat et la vente d'ivoire et de produits de l'ivoire par les marchés, les magasins et les commerçants est hors-la-loi", a déclaré le ministère des Forêts sur son compte Weibo. Le ministère précise que l'interdiction porte aussi sur le commerce en ligne et sur les souvenirs achetés à l'étranger. J’ai espoir quand les Hommes sont de bonnes volontés même si j’exhorte à passer à la vitesse supérieure afin de gagner la guerre engagée contre la nature (selon les mots d'Hubert Reeves) et voir la conservation des équilibres écologiques l'emporter sur la destruction et l'effondrement.
Ainsi donc en 2018 je ne change ni d'idéaux, ni d'objectifs, ni de rêves, j’ai toujours espoir que la paix, la compassion et l’amour de l’autre et de notre Terre soient portés comme des étendards modernes et universels même si 2017 aura été une année catastrophique pour la Terre des Hommes. Et c’est avec cet espoir, accompagné d’une conscience éveillée, que j’aborde cette nouvelle année que je vous souhaite belle, heureuse, bienveillante, pleine de réussites décroissantes et d’amour.
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