Après des semaines d’une campagne tendue, manipulée et souvent nauséabonde, les britanniques ont tranché et se sont prononcé-es en faveur de la sortie du pays du projet européen. Ce vote constitue un coup porté à l’Union européenne et aux valeurs qui ont donné lieu à la naissance du projet européen : l’union pour la paix et le rapprochement des peuples sur le continent.
"Le Brexit est un électrochoc. Il faut revenir à l'essentiel : écouter les peuples pour refonder l'Europe." nous dis Manuel Valls. Quand le Matador au 49.3 se fend d'un trait d'humour qui peut le croire ? Mais sur le fond et le constat, il n'a pas tort, ce Brexit est bien l'échec de L'Europe du fric, des lobbies, des libéraux, des entreprises et des multinationales, graals tout puissants encensés au détriment des citoyens ... citoyens suppliciés sur l'autel des marchés. Ce Brexit est le résultat de l'abandon des familles face à la misère et la précarité que notre mondialisation inhumaine réclame. Ce Brexit est la victoire éclatante des xénophobes et des égoïsmes. Victoire qui aura fait jouir tous les populistes et haineux aux blonds cheveux que l'Europe possède.
L'Europe porteuse de tous les maux ? Europe technocratique et loin des préoccupations réelles ? Je veux bien mais d'un autre coté, nous rappelle Lodovico Cassinari, "les Britanniques (ou du moins leurs gouvernements successifs) ont beaucoup contribué à réduire le projet européen à sa seule dimension de marché commun" … des gouvernements britanniques qui n'ont vu en l'Europe qu'un marche pied utilitaire au service exclusif de leurs intérêts nationaux sans jamais en accepter la philosophie des pères fondateurs, celle du partage et de la redistribution afin de porter tous ses membres et assurer la paix sur un continent qui n'avait jamais connu que guerres et conflits comme fonctionnement. À la décharge des anglais, il est vrai aussi que cet idéal est depuis longtemps foulé du pied par la finance qui ne voit pas L'Europe comme une terre d'Hommes mais comme une réserve de consommateurs. La finance qui après avoir détruit les entreprises aura détruit l'idéal européen. Les libéraux n'ont pas de quoi pavoiser.
Pourtant, au lendemain du résultats certains, en Grande-Bretagne semblent avoir la gueule de bois. Selon The Washington Post, de nombreux Britanniques auraient voté sans avoir réellement pris connaissance de ce qu'est l'Union européenne. Une Londonienne, dont le tweet est relevé par Slate.fr, assure avoir entendu une dame déclarer au pub avoir voté "'Leave' parce que je pensais que nous resterions".Sur Twitter, un député conservateur a ainsi indiqué que, dans sa circonscription, il a croisé de nombreux électeurs "qui ont voté 'Leave' pour que le 'Remain' ne l'emporte pas avec une grande majorité". "Je suis choqué, je ne pensais pas que cela allait arriver" "Je ne pensais pas que mon vote allait être aussi important" (il est vrai qu'à la décharge de cet électeur on est pas très habitué à ce que nos votes changent quoi que ce soit) : certains partisans du Brexit regrettent déjà leur choix .. mais on aura les mêmes en 2017 en France, nous dit, sur Facebook et avec pertinence, Cyril Cognéras ... "Non mais tu vois ?... je croyais pas vraiment qu'elle serait élue... et Ali je lui achetais des kebabs... euh je croyais pas qu'elle l'expulserait en Turquie... il était communiste kurde... et la CGT, ils m'ont aidé... euh je croyais pas qu'elle l'interdirait... et le droit à l'avortement je n'aurais jamais cru qu'elle reviendrait dessus ni sur les droits des femmes ... Je vote FN juste pour protester, ch'uis pas raciste, mais euh je regarde Nrj12 et TF1, alors tu vois ? Euh... tu vois?..." Oui je vois... Je vois aussi, à l'instar de Yves Paccalet, que sans l'Europe, "il n'y aurait pas Natura 2000, mais des Center Parcs, des pistes de ski ou des grands magasins partout à la place des zones humides ou naturelles; les loups et toute la faune sauvage se retrouveraient sans aucune protection ; il n'y aurait pas non plus d'Erasmus, ni de redistribution d'argent pour les zones défavorisées et l'agriculture bio, il n'y aurait pas d'euro ni de libre circulation de personnes, etc. Je veux bien qu'on soit anti-européen effréné, mais il faut se renseigner un peu avant de voter "out" sur ce qu'on perdra quand on se retrouvera en Franxit, sous l'autorité de Marine Le Pen."
Espérons pourtant que nous serons collectivement sages pour en tirer toutes les conclusions et pour, enfin, construire une Europe sociale et écologique porteuse d'espoirs et de désirs d'avenir ... TAFTA sera un bon test. Mais l'honnêteté me pousse à avouer que j'ai des doutes devant tant d'année "d'après élections" où nos politiques nous affirment, inlassablement, la main sur le cœur, persuadés que nous les croyons, qu'ils ont entendu le message des électeurs et que plus rien ne sera jamais comme avant. L'histoire leur a toujours donné tort ... the show must go on for business as usual. Les affaires ont toujours continué sans trêve, au détriment des peuples et de l'environnement, pour finir par stopper le projet européen, miné par l’accaparement des décisions par quelques aux profits d'une minorité possédante. Le choix semble donc désormais se situer entre le repli nationaliste ou la refondation du projet européen. Pour les écologistes, dont je me réclame, ce renouveau n’a jamais été aussi nécessaire et le statu quo ne peut être envisageable. L’Union européenne doit redevenir ce qu'elle à toujours été, c'est à dire une terre porteuse d'espoirs, de réponses aux défis actuels des crises sociales, écologiques, climatique, énergétique et métallique, de paix et de vivre-ensemble, de prospérité partagée dans la liberté et les équilibres écologiques, de protection des plus humbles contre la prédation d'un petit nombre, redistributive et consciente de ses dettes vis-à-vis des pays dit du sud.
Alors au lendemain de ce jour historique je garderai tout de même mon amitié pour nos voisins et amis anglais car je n'oublie pas notre histoire commune, je n'oublie pas comment, après des siècles de guerres et suite à la proposition faite, le 16 juin 1940, au gouvernement français par Jean Monnet et Winston Churchill, nos deux pays ont failli fusionner afin d'unir leurs forces face au péril nazi et j'aime combien, eux comme nous, nous aimons mutuellement faire vivre, dans une véritable et profonde tendresse fraternelle, notre rivalité ancestrale. Je suis juste triste de cette frontière qui se dresse maintenant entre nous.
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