"Le motif de base de la résistance était l'indignation. Nous vétérans des mouvements de résistance et des forces combattantes de la France libre, nous appelons les jeunes générations à faire vivre, transmettre, l'héritage de la résistance et ses idéaux. Nous leur disons : prenez le relais, indignez-vous ! Les responsables politiques, économiques, intellectuels et l'ensemble de la société ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l'actuelle dictature des marchés financiers qui menacent la paix et la démocratie.

Je vous souhaite à tous, à chacun d'entre vous d'avoir votre motif d'indignation. C'est précieux."

Stéphane Hessel

jeudi 1 janvier 2015

Parce qu’un autre monde est possible, en 2015, soyons des artisans de paix.


Comme tous les ans je cherche à écrire un message qui résume l'année écoulée et qui ouvre sur l'année qui suit. Mais cette année l'inspiration n'est pas venue facilement tant la lassitude grignote peu à peu ma colère.

Il y a des ZAD partout

La lassitude grignote peu à peu ma colère car j'observe un monde humain qui se délite, comme si l'humanité était saoule, ivre morte dans un bus au conducteur participant à la fête, lancée à pleine vitesse vers un précipice. J'observe une humanité qui se comporte comme une moisissure ne sachant que détruire son propre support. J'observe une humanité heureuse de consumer une planète aux ressources limitées, heureuse de pouvoir s’afficher avec les derniers modèles de portables au bilan humain et environnemental insupportable, heureuse d'ouvrir un Coca-Cola dans un Center-Parc, heureuse de prendre l'avion été comme hivers, heureuse de manger des denrées venant de l'autre bout du monde à grand coup de Gaz à Effet de Serre. J'observe une humanité heureuse de ne jamais se poser la question de la durabilité ni de l'impact social et environnemental de leurs actes. J'observe une humanité souffrir d'une mondialisation inhumaine et s'en contenter. J'observe une crise écologique, une crise climatique, une crise métallique, une crise énergétique, une crise démographique, une crise économique entretenues par les capitalistes et les ultralibéraux aux mortels dogmes croissantistes et consuméristes … j'observe un monde qui est passé de l'abondance à la rareté sans que cela n'interpelle une humanité qui ne souhaite que consommer, consumer et polluer afin de satisfaire les grands maîtres de la croissance. Je vois des ZAD partout. J'observe les voyants passer, un à un, au rouge. Je regarde le dragon dans les yeux sans être capable de faire bouger l'humanité. J'observe, à l'instar d'Hubert Reeves "l'espèce la plus insensée qui vénère un dieu invisible et massacre une nature visible sans savoir que cette nature qu'elle massacre est ce dieu qu'elle vénère. L'Homme poursuit une guerre contre la nature, s'il la gagne il est perdu." J'observe un parti écolo, auquel je croyais, peuplé de militants extraordinaires mais noyauté par quelques ambitieux à la culture environnementale proche de la nullité. J'observe des colibris qui s'épuisent devant l'inertie de dirigeants, faibles, apathiques, corrompus et menteurs, soumis aux gourous des lobbies. J’observe ma lâcheté, mon inertie et mes limites sans aucune fierté. J'observe mon propre échec de 30 ans de militantisme à n'avoir pas suffisamment su mobiliser pour, qu'à leur tour, les autres mobilisent autour d'eux. J'observe que cette année aura été particulièrement violente : Agressions vis-à-vis de l'environnement et du climat comme autant de crimes contre l'humanité et les générations futures, forfaitures barbares des fous de dieu, radicalisation des croyants dans des traditions, au mieux, imbéciles, au pire, iniques, cyber-violence et agressions filmées dans les collèges, violences policières aux Etats-Unis, violences israélo-palestiniennes, kidnapping de masse au Nigéria ... "La liste est bien trop longue de tout ce qui m'écœure, depuis l'horreur banale du moindre fait divers, il n'y a plus assez de place dans mon cœur, pour loger la révolte, le dégoût, la colère" (Renaud - "Fatigué" 1985). Alors, comme le poète, je suis fatigué devant le constat d'échec de notre humanité douée de raison. Ces constats de fatigue et d'échec mettent à l'épreuve ma foi en la non-violence et je me prends à penser aux corses qui, avec leurs dynamiques manières, ont réussi à préserver leur terre pour en faire l'ile de beauté, la perle de la Méditerranée. Je regarde avec délectation l'action des ZADistes à Notre Dame des Landes ou celle de Sea Shepherd. Est-ce la solution ?

La non-violence, un chemin difficile mais juste

Alors pour ne pas sombrer je me suis replongé dans les pensées du Mahatma Gandhi afin revenir à l'essentiel c'est à dire à la paix. Car "en opposant la haine à la haine, on ne fait que la répandre, en surface comme en profondeur" nous dit Gandhi. "La faiblesse ultime de la violence est que c'est une spirale descendante, faisant naître la chose même qu'on cherche à détruire. Au lieu de diminuer le mal, elle le multiplie. Par la violence, vous tuez celui qui haït, mais pas la haine. En fait, la violence ne fait qu'accroître la haine. (…) Répondre à la violence par la violence multiplie la violence, obscurcissant encore plus une nuit déjà dépourvue d'étoiles. L'obscurité ne peut pas chasser l'obscurité ; seule la lumière le peut. La haine ne peut pas chasser la haine ; seul l'amour le peut." Comme la voie de la non-violence est un chemin difficile même si on la sait juste.

Souvent quand je vois les bulldozers sur les terres agricoles, quand je vois la haine dans les yeux des fanatiques de Daech, quand je vois l'inhumanité dans les yeux des riches, quand je vois la vacuité de notre société, la colère me monte au nez et des envies de bombes me viennent en tête. Envie de tout détruire, de tout exploser et de mourir avec. Alors je repense au Mahatma Gandhi et à ses manifestations pacifiques faites devant les murs des forces de l'ordre et accepter la bastonnade sans répliquer afin de montrer que "la non-violence est la seule forme de défense possible et la seule voie pour sauver le monde. La haine n’engendre que la haine et la haine ne se combat que par l’amour." Oui, mille fois oui, Gandhi était dans le vrai et l'histoire lui aura donné raison. Alors, l'espace d'une lecture, je ranges mes sombres envies car, comme le grand homme, je suis persuadé que vous et moi ne formons qu'un et que je ne peux pas vous blesser sans me blesser moi-même. "L’humanité est une famille entière et indivisible. Je ne peux me désolidariser même de l'âme la plus noire". Alors je réaffirme que "Je suis contre la violence car quand elle semble apporter du bon, ce bon n'est que temporaire. Le mal qu'elle entraîne est permanent"

Celui qui ne se bat pas a déjà perdu

Avec cette réaffirmation, un second pas vers la paix est alors fait, même si le désespoir reste. Dès lors, quel autre choix aurais-je, que de poursuivre dans la lutte ? Si j'abandonne, j'ai perdu ! Trop éveillé, je ne peux fermer les yeux et faire comme si tout était condamné ou me dire, comme un naïf optimiste, qu’au pied du mur nous trouverons la solution. Alors "Tuez vos dieux à tout jamais, Sous aucune croix l'amour ne se plaît" nous dit Renaud pendant que Gandhi nous rappelle cette évidence qu'"à travers l'histoire il y eut des tyrans et des meurtriers qui pour un temps, semblèrent invincibles. Mais à la fin, ils sont toujours tombés". Y a déjà moins de soucis à se faire et, ne dit-on pas que, tant qu'il y a de la vie il y a de l'espoir ? "Je ne veux condamner ni mes portes ni mes fenêtres, je veux que les cultures du monde entier puissent circuler librement dans ma maison" afin d’atteindre ce "bonheur, qui est quand ce que l'on pense, ce que l'on dit et ce que l'on fait sont en harmonie." Voici donc mon programme pour cette année nouvelle : être toujours plus en harmonie avec ce que je pense, ce que je dis et ce que je fais afin d’être un artisan de paix.

J'espère bien faire cette route de paix et de bonheur avec vous. Me suivrez-vous ?

Pour 2015.

Dans l'espoir de vous voir rejoindre l'armée des combattants de l'arc-en-ciel, je vous souhaite de passer une belle et heureuse année 2015. Une année sobre, sans convoitise ni cupidité car "il y a assez de tout dans le monde pour satisfaire aux besoins de l'Homme, mais pas assez pour assouvir son avidité". Je vous souhaite une année recentrée sur l'essentiel, c'est à dire la Vie, la Liberté, l'Egalité et la Fraternité ... une année d'éveil écologique. Je vous souhaite une année pleine de joies et d'amour sur la plus belle et unique planète que nous ayons à notre disposition et que nous devrons partager, qu'on le veuille ou non, tant aujourd'hui que demain.

Aucun commentaire: