"Le motif de base de la résistance était l'indignation. Nous vétérans des mouvements de résistance et des forces combattantes de la France libre, nous appelons les jeunes générations à faire vivre, transmettre, l'héritage de la résistance et ses idéaux. Nous leur disons : prenez le relais, indignez-vous ! Les responsables politiques, économiques, intellectuels et l'ensemble de la société ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l'actuelle dictature des marchés financiers qui menacent la paix et la démocratie.

Je vous souhaite à tous, à chacun d'entre vous d'avoir votre motif d'indignation. C'est précieux."

Stéphane Hessel

lundi 12 janvier 2015

Le temps des questions

Intervention de François PERINET, au nom de la section du Parti Communiste Français, lors du rassemblement du 10 janvier 2015, à la Pierre de la Liberté, aux Ulis, en hommage aux victimes de la barbarie qui a touché la France les 7, 8 et 9 janvier 2015 :

"Nous sommes, dans notre diversité, très nombreux aujourd'hui pour une raison simple. Nous avons eu envie de nous dresser face à des tueurs, des obscurantistes au front bas, des flingueurs qui ont emprunté leur savoir -faire à la mafia. Leur but était de semer la peur. Ils ont, au contraire, provoqué un sursaut citoyen et populaire. Cela fait chaud au cœur. Maintenant des questions se posent et j'en vois quatre

La première, quels dangers ?

Je crois que l'un des plus grands est de voir dans l'autre, notre voisin un peu différent de nous, la menace. Entendez déjà ces commentaires, venus de loin et de haut : « La France est en guerre, ses vrais ennemis sont à l'intérieur ». On veut nous faire croire que l'ennemi, c'est l'immigré, le musulman, le sans-papiers. Refusons ces amalgames odieux.

Deuxième question : Pourquoi « Charlie Hebdo » a-t-il été attaqué ?

Parce que c'était une voix irrévérencieuse. qui contestait l'ordre établi, qui brocardait les intégristes de tout bord, en papillotes, barbus ou en robes de bure, qui brocardait les racistes, les machos, les grands patrons arrogants soi-disant écrasés par les coûts salariaux. Ce journal était réalisé par une équipe de garnements attentifs au monde, inquiets, lucides, avec pour arme le crayon et le rire. La presse indépendante des grands groupes, qui ose dire que le monde ne tourne pas rond, sachons la défendre contre l'étranglement financier.

Troisième question : Pourquoi une société peut-elle enfanter de tels monstres ?

Les dérives fondamentalistes se construisent avec des faibles d'esprit. Mais aussi en s'appuyant sur des frustrations. Aujourd'hui le libéralisme prône la guerre de chacun contre chacun et de tous contre tous. Les grands projets solidaires et collectifs d'émancipation humaine sont traités d'utopies archaïques. Ne faut-il pas s'interroger sur les dégâts que provoquent de tels discours ?

Enfin, question essentielle, comment prévenir la répétition de tels crimes ?

Bien évidemment, des mesures de sécurité plus efficaces sont indispensables. Mais on sent bien que cette réponse ne suffit pas, est trop courte.

Pour que la République- liberté, égalité, fraternité- fasse corps, il faut qu'elle ne soit pas en souffrance. Il faut que l'égalité de l'accès au travail, à l'éducation, à la santé, aux bonheurs de la vie devienne une réalité pour tous, alors nous nous sentirons libres, alors la fraternité des luttes ressurgira, alors les prédicateurs de haine auront les plus grandes peines à recruter des criminels. Jaurès qui fut, lui aussi, assassiné, il y a 100 ans, le disait avec ses mots à lui : « La république doit devenir sociale pour vivre et se développer. »

Que le choc que nous subissons nous fasse aussi réagir dans ce sens."

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