C'est à Aristote, qui professait que « le bonheur est le principe et la raison d'être de la vie, le but et la finalité suprême de l'existence humaine », que 2300 ans plus tard Anne Frank faisait échos en écrivant dans son célèbre Journal que « nous vivons tous dans le but d'être heureux ; nous menons tous une existence différente qui pourtant est la même ».
Et objectivement, qui se lève le matin en se disant « pourvu que je sois malheureux aujourd'hui » ? Je peux me tromper, mais il me semble que personne ne se réveille avec un tel souhait.
A titre personnel, j'ai mis plus de trente ans à découvrir, et surtout à admettre que finalement ce que je cherchais comme tout un chacun, c'est le bonheur, cette fin vers laquelle tendent tous les moyens.
Alors par quel truchement atteindre le Graal ? Que répondre au poète Claudien qui, il y a 1600 ans s'exclamait : « la nature nous a donné à tous une chance d'être heureux ; que ne savons nous la mettre à profit ! »? Comment saisir cette chance ?
Par la possession matérielle ? Par une profession prestigieuse ? Par un physique avantageux ? Par le pouvoir ? Par une reconnaissance sociale ?
Comme bon nombre de mes semblables, je dois bien avouer que j'ai cru que ces chemins m'y mèneraient. Mais force a été de constater que, me concernant, ces routes se sont révélées être des impasses. J'ai eu des réussites et du plaisir dans tous ces domaines, mais aucune voie ne m'a amené vers un bonheur véritable et durable.
Et puis, il y a quelques temps maintenant, j'ai découvert, à travers mon intérêt grandissant pour le bouddhisme, une évidence; à savoir : l'impermanence de toute chose. Cela a été pour moi une véritable révolution copernicienne.
Si l'on prend quelques instants pour examiner cela, on perçoit aisément que tout change d'un instant à l'autre, que tout est transitoire, que rien ne perdure. Tout ce qui existe est voué à disparaître, il en est ainsi des êtres vivants comme des choses, des montagnes comme des océans, des étoiles et de l'univers tout entier.
Dès lors penser qu'il existe des choses éternelles, immuables, c'est s'attacher à une idée fausse qui peut être source de souffrance. Se défaire de cette idée est en soi une source de libération. Le changement, l'évolution, la disparition ne nous surprennent plus. Ces événements ne nous font plus peur puisque nous savons qu'ils sont intrinsèquement liés à l'existence de toute chose.
Mais alors, le principe d'impermanence ne révèle-t-il pas le caractère chimérique de l'idée qu'il existe un bonheur durable ?
Pour les Bouddhistes, la seule voie possible pour atteindre ce but est l'éveil, c'est-à-dire la cessation de toute souffrance. Selon eux, par l'éveil, l'homme découvre sa nature de Bouddha et met fin au cycle des réincarnations pour atteindre, au moment de sa mort, le Nirvana.
J'avoue qu'en ce qui me concerne, cette croyance, notamment pour ce qui est de la réincarnation, me laisse plutôt perplexe.
Alors, pour le commun des mortels qui, comme moi, est encore loin d'atteindre l'éveil, n'est-il pas illusoire de s'attacher à cette idée de bonheur durable ? La réponse, à ce jour, me semble être tout simplement : oui, c'est illusoire.
Pour autant, cette réponse ne doit pas nous désespérer.
Peut-être pourrait-on comparer notre existence à une table de mixage que l'on trouve dans les studios d'enregistrement de musique ? Je parle de ces grandes machines sur lesquelles se trouvent des centaines de curseurs et de boutons qui permettent au technicien d'ajuster en permanence le son afin d'obtenir la musique la plus harmonieuse, la plus belle.
A l'instar de ce technicien, il nous appartient d'ajuster en permanence les curseurs de notre vie. C'est au prix de cet effort de création d'harmonie que, me semble-t-il, nous pouvons espérer être heureux durant notre existence.
Être heureux, ne serait-ce pas finalement mettre tout en œuvre pour « construire » du bonheur, savoir l'accueillir quand il se présente et, conscient de l'impermanence de toute chose, ne pas s'inquiéter quand il s'amenuise, ne pas tenter de le retenir quand il disparaît, se dire que cette disparition inéluctable peut être le terreau pour l'épanouissement d'un bonheur nouveau ?
Si la réponse à cette question est oui, alors il nous appartient de découvrir quels sont ces fameux curseurs et apprendre à nous en servir.
Pour ma part, mes diverses lectures et mes discussions m'ont donné quelques outils dont je me sers aujourd'hui pour « mixer du bonheur ». Je vous propose, dans le texte qui suit, de partager ces quelques bribes de sagesse que j'ai pu récolter. Entendons-nous bien, je ne prétends nullement être à l'origine des méthodes que je vais exposer, je ne suis qu'un modeste passeur. De même, je ne prétends nullement être un maître dans leur mise en œuvre, je ne suis qu'un tout petit disciple faillible et perfectible. Enfin, je ne prétends nullement que ces méthodes sont les seules valables, il en existe évidemment bien d'autres ; celles que je vous propose sont simplement celles qui me conviennent le mieux aujourd'hui et maintenant.
Puissent ces quelques lignes vous aider à trouver la meilleure route où cheminer en compagnie du bonheur.
Suite au prochain épisode …
Christophe BOMBLED