"Le motif de base de la résistance était l'indignation. Nous vétérans des mouvements de résistance et des forces combattantes de la France libre, nous appelons les jeunes générations à faire vivre, transmettre, l'héritage de la résistance et ses idéaux. Nous leur disons : prenez le relais, indignez-vous ! Les responsables politiques, économiques, intellectuels et l'ensemble de la société ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l'actuelle dictature des marchés financiers qui menacent la paix et la démocratie.

Je vous souhaite à tous, à chacun d'entre vous d'avoir votre motif d'indignation. C'est précieux."

Stéphane Hessel

mardi 1 novembre 2011

Mais dans quel état mettons-nous le monde ?

Mais dans quel état mettons-nous le monde ? Voila la question que je me pose, le soir dans mon lit, la tête dans les mains, quand je pense à la marche du monde. Comme les mineurs de Germinal, masse immense face à la minorité patronale, je me sens impuissant, colibris parmi les colibris, face à une humanité folle et ivre de puissance, qui s'enfonce béatement vers sa perte, vers son soleil vert. Où que je regarde, où que j'aille, je ne vois que des crises majeures qui supplantent toutes les beautés que nous offre la vie. Où que je regarde, je ne vois que des crises.

Des crises financières qui n'en finissent pas : En juillet 2007 la crise des subprimes avait touché le secteur des prêts hypothécaires aux États-Unis et avait participé au déclenchement du krach de l'automne 2008 entraînant une récession touchant l'ensemble de la planète. Aujourd'hui la zone euro a brutalement replongé dans l'instabilité après l'annonce surprise d'un référendum en Grèce pendant qu'une poignée d'inconscients, au triple A volatile, décident de la solvabilité d'un pays. Au final les marchés (les pauvres petits !) ont peur et jouent, dans leurs délires cupides, avec la vie de millions de travailleurs. Mais, d'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours entendu que nous étions en crise, prouvant, par elle-même, que la mondialisation libérale ne fonctionnait pas et était mortifère. D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours entendu que nous étions en crise justifiant, ici des coupes budgétaires, là le gel des salaires, ailleurs privatisations, licenciements ou délocalisations ... rigueur pour les uns, profits et luxe pour les autres.

Des crises humanitaires qui interrogent sur l'humanité : les combats au Pakistan, en Somalie, au Yémen, au Sri Lanka, au Darfour ou bien encore en République Démocratique du Congo, en une escalade de violences toujours plus importante, qui prennent en otage familles et enfants et qui entrainent, encore et toujours, déplacements, souffrances, épidémies ou bien encore malnutrition. Toutes les six seconde un enfant meurt de faim dans le monde et chez nous, en France, la précarité et la pauvreté, toujours plus croissantes, font ressurgir des maladies que l'on croyait disparues (Rougeole, Tuberculose, Gale, Coqueluche) rajoutant aux inégalités sociales, une inégalité de santé.

Une crise démographique qui, telle une sirène, cache la mort. C'est ainsi que pendant que le monde célèbre, dans une allégresse inconsciente, la sept milliardième habitante de la Terre, Danica May Camacho (longue et belle vie à elle), née dimanche 30 octobre 2011, à Manille, Ban Ki-moon attire l'attention sur les défis de la croissance démographique car, en écologie, il y a une règle : plus il y a d'individus, moins ils peuvent se développer. "Sept milliards de personnes ont besoin de nourriture. D'énergie. D'offres intéressantes en matière d'emplois et d'éducation. De droits et de liberté. La liberté d'expression. La liberté de pouvoir élever ses enfants en paix et dans la sécurité". Mais au rythme où vont les choses, puisqu'aucune initiative ne semble vouloir être prise (plus de 10 milliards d'ici la fin du siècle), la crise démographique n'est pas prête d'être enrayée !

Une crise énergétique qui ne fait que commencer : La non-anticipation du pic pétrolier et la demande énergétique, toujours plus forte, fait réagir l'AIE qui craint que l'avenir énergétique du monde soit incertain. Le refus de la sobriété par notre humanité, qui est la seule voie permettant de rendre pertinente l'utilisation des énergies renouvelables, fait craindre que nous allions vers le blackout. Le refus des populations de voir s'implanter, à proximité de chez eux, éoliennes et autres solutions alternatives, doublé de l'incrédulité des élus face aux défis énergétiques, n'augure rien de bon pour une vie durable, saine et confortable dans un proche avenir.

Une crise écologique qui n'épargnera pas l'humanité : effondrement de la biodiversité, disparition des abeilles, épuisement des matières premières, changements climatiques, pollutions des eaux, de l'air et de la terre, des habitations et de la nourriture, contamination par les OGM, pesticides, perte des terres agricoles, contamination des milieux par le plastique, surpêche, contamination par les espèces invasives ...

Pourquoi nous maltraitons-nous de la sorte ? Pourquoi maltraitons-nous la Pachamama ?

Cette énumération est pessimiste, anxiogène et déprimante. Tellement pessimiste et déprimante que beaucoup ne veulent pas la regarder et la nient. Mais ce n'est pas parce que l'on ne regarde pas les problèmes en face que ceux-ci n'existent pas. A ne pas regarder le dragon dans les yeux on prépare le chaos et souvenons-nous que toute crise humaine ne s'est jamais réglée dans le calme. Tout est réuni, aujourd'hui, pour entrer dans une crise majeure, les altermondialistes le disent depuis longtemps, aujourd'hui l'histoire et le présent semblent leur donner raison.

Cette énumération est pessimiste, anxiogène et déprimante. Elle l'est tellement que beaucoup ne veulent pas la regarder. Ainsi face à l'aveuglement des prétendus réalistes et autres pragmatiques qui misent, dans un optimisme à la méthode Coué, sur des solutions techniques ou économiques, aux vieux schémas dépassés, et qui nous traitaient, nous les écologistes, d'idéalistes irréalistes, nous proposons la seule voie possible :

Ainsi seule la redistribution, la solidarité, la coopération, la sobriété, l'éducation, la laïcité, seul l'abandon de la dictature de la croissance, du capitalisme et du libéralisme, seul le recentrage sur l'humain en équilibre avec son seul et unique vaisseau spatial, en un mot et qu'on le veuille ou non, seule la voie de l'écologie humaniste peut nous éviter le breakdown global.

Bruno BOMBLED

1 commentaire:

La Mante a dit…

Ce qui m'inquiète ,c'est que la grande majorité s'en fiche, s'en fiche éperdument.
Il n'y a plus de solidarité, les gens sont enfermé devant leur petits écrans le chauffage bien en route.
Le pire s'est de passer pour une folle quand j'évoque ce que tu expliques si bien dans ton post.
Consommons, consommons, consommons...