"Le motif de base de la résistance était l'indignation. Nous vétérans des mouvements de résistance et des forces combattantes de la France libre, nous appelons les jeunes générations à faire vivre, transmettre, l'héritage de la résistance et ses idéaux. Nous leur disons : prenez le relais, indignez-vous ! Les responsables politiques, économiques, intellectuels et l'ensemble de la société ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l'actuelle dictature des marchés financiers qui menacent la paix et la démocratie.

Je vous souhaite à tous, à chacun d'entre vous d'avoir votre motif d'indignation. C'est précieux."

Stéphane Hessel

dimanche 19 novembre 2017

Tout va bien, je vais bien !

Le 22 novembre 2017, Nicolas Sarkozy va rencontrer le bébé panda du zoo de Beauval, nous informent les journaux. C'est tellement mignon cette info. D'un autre côté ce n’est pas comme si l'on vendait des hommes en Libye ou que 15000 scientifiques alertaient sur notre durabilité.

Dès lors je dois avouer que je me sens narquois quand je vois les maires venir pleurer, à la télé, la désertification de leurs centre-villes conséquence des zones commerciales qu'ils ont eux-mêmes autorisé. Leur désarroi ne m'émeut pas. Je ne m’émeus pas devant les gens qui font des conneries en pleine connaissance de cause et qui, ensuite, demandent de l'aide. Ainsi je ne pleure pas devant les agriculteurs, de droite, victimes du libéralisme et des pesticides, qu'ils prônent par leurs votes et leur soutien à la FNSEA, et qui meurent de leur choix et qui, ensuite, appellent l'état - que par ailleurs ils détestent - au secours. De même, le jour de l'effondrement je ne pleurerai pas sur mes concitoyens souffrants car ils auront été largement prévenus mais n'auront jamais voulu changer pour nous sauver, quand il en était encore temps, de périls connus et qui diront, dans un ultime et inutile sanglot "ha si seulement on avait su !". Mort aux vaches !!!!

Franchement avons-nous vraiment besoin que l'on nous prenne par la main, avons nous besoin de décisions politiques pour commencer la décroissance et user de notre pouvoir de non-achat, afin d'engager la transition écologique ? car quand il est dit que c'est de la responsabilité des décideurs de mettre en place des politiques écologiquement responsables cela ne sous entend-t-il pas que les citoyens ne sont responsables de rien ? Qu'ils n'ont pas de rôles à jouer ? Pourtant il est bien clair que les politiques ne mettront en place que des actions portées par les citoyens. Ainsi, si personne ne vote pour la transition écologique, si tout le monde continue à consommer comme si de rien était, les messages ne seront jamais envoyés et le dogme de la croissance aura encore de beaux jours devant lui. Nous avons tous, dans cette affaire, une responsabilité personnelle qui ne peut se cacher derrière celles des politiques ou des multinationales. Nos achats sont des actes politiques ! D'ailleurs l'appel des 15000 est également adressé aux citoyens de ce monde. À nous tous de montrer ce que nous souhaitons ... durer ou nous effondrer ? Pour le moment, ce qui est montré, c'est que, collectivement, nous souhaitons la poursuite de la fuite en avant en niant les problèmes.

Ainsi donc, ces temps-ci la planète aura connu quatre grands événements : L'animal à peau fine, venant d'Afrique subsaharienne, se négociait aux alentours de 300 balles en Libye et dans le même temps il y aura eu un gros plouc, pété de tunes, qui se sera payé une toile de Léonard de Vinci pour la modique somme de, à peu près, un million d'esclaves. De même, pendant que 15000 scientifiques lancaient un cri d'alarme écologique, sans que cela ne provoque d'électrochoc massif chez les citoyens, Airbus réalisait une vente record, saluée comme une belle et grande victoire de l'Europe. La transition écologique attendra, c'est à pleurer. C'est un monde de merde, sans réserve.

Mais pourquoi ne suis-je donc pas comme la majorité de mes contemporains ? Pourquoi je n'arrive pas en m'en foutre de tout et jouir de ce que m'offre notre monde, la conscience au repos ? Pourquoi j'ai toujours cette petite voix qui dit non ? Pourquoi la gamine qui se fait violer cela me touche et me révolte ? Pourquoi tous ces bidonvilles me retournent ? Pourquoi le sort des réfugiés me questionne ? Pourquoi le sort de ces orangs outans victimes de l'huile de palme m'interpelle ? Pourquoi je me soucie des oiseaux, des arbres, des loups ? Pourquoi le sort des populations exploitées, spoliées, empoisonnées, à l'environnement détruit me soucient ? Pourquoi je pleure devant ces plastiques en mer, devant cet avion qui décolle, devant cette extension de marina, devant cette abondance de bouffe, devant tant d'inégalités, devant la victime, .... ? Pourquoi je souffre pour les animaux torturés pour la science, pour la mode, pour la mal-bouffe ou pour des traditions taurines antiques ? Pourquoi ? Mais putain Pourquoi ? Pourquoi cela me fait-il autant de mal ? Pourquoi toutes ces idées rebelles ? Mes chers parents, qu'avez-vous mis dans ma tête ?

Pour conclure sur un petit non-événement qui vient de m’arriver ce soir, je vous dirais que quand votre voisine vous dit, comme pour vous rassurer, "non mais pour moi votre femme n'est pas noire (#couplemixte), pour moi elle est française" vous sentez alors une grande lassitude vous envahir et vous vous dites que, vraiment, il y a encore du boulot. Alors vous lui donnez sa première leçon de citoyenneté en lui demandant de copier 50 fois "Français n'est pas une couleur ni une religion". Pfff !!!

mardi 14 novembre 2017

Thomas Legrand et l'appel des 15 000

15.000 scientifiques du monde entier alertent sur la dégradation rapide de l’environnement…

Leur texte très alarmant représente –disent-ils- un « avertissement à l’humanité » parce que « le temps presse ». En les lisant, on est pris de vertige. Pourquoi, alors que l’évidence scientifique est établie depuis des années, pourquoi notre débat public n’a pas pris la mesure de l’urgence ? Pourquoi continuons-nous à faire vivre une vie politique, au contenu aussi secondaire, au regard de la gravité des enjeux environnementaux ? Les questions identitaires, celles même de la répartition des richesses, les questions sécuritaires, opposent les gens sérieux de la politique. En 1974, René Dumont alertait le 1er, lors d’une présidentielle, sur l’insoutenabilité de notre mode de vie. On le considérait comme un hurluberlu. Aujourd’hui, dans le débat public, un homme tel que Pierre Rabi est vu comme un sage, pourtant on l’écoute d’une oreille distraite. Son discours doux est en fait une remise en cause radicale. Mais il est moins important –et les 15.000 scientifiques de l’appel avec- pour le spectacle politique et intellectuel quotidien, pour le fond sonore de nos polémiques que Zemour, Onfray, Todd ou n’importe quel bestseller qui aura un avis tranché sur les banlieues, le terrorisme, l’islam, le retour de l’autorité à l’école, la PMA ou l’écriture inclusive. Avez-vous entendu un seul mot sur l’environnement dans le débat pour la présidence de LR ? Non, ce sont, pour eux, des sujets de bobos parisiens. De l’autre côté, JL Mélenchon et Benoit Hamon avaient placé l’écologie au cœur de leur campagne mais leur activité d’opposant n’est pas principalement axée sur ces thèmes et ce n’est pas sur ces sujets que nous les interrogeons, ni qu’ils descendent dans la rue. La gauche comprend lentement que son futur n’est plus la lutte des classes pour la répartition des fruits du productivisme prédateur de biodiversité, mais l’écologie.

Et Emmanuel Macron ?

A-t-il décidé, puisqu’il prétend incarner la modernité, de réorienter notre économie et notre modèle social en vertu de l’impératif environnemental ? Non, pour l’instant ce n’est pas le cas : Nicolas Hulot doit sans cesse mettre, implicitement ou explicitement, sa démission dans la balance, se battre contre les vents contraires. Notre commentaire le plus courant (et le plus dérisoire), à son égard, consiste à mesurer le mètre linéaire de couleuvres avalées. Pourquoi donc le débat politique ne porte pas principalement sur la principale question qui se pose à nos sociétés ? En dehors de notre égoïsme de contemporains matériellement gâtés, il y a une inadéquation croissante entre la réalité de nos problèmes et le cadre de leur résolution : toutes solutions pour sauver ce qui peut encore l’être, de la biodiversité et du climat, résultera non pas des Etats-nations mais de 2 niveaux : le niveau le plus proche, comme la commune (et beaucoup de maires sont très actifs quitte à être décriés comme Anne Hidalgo) et le niveau le plus large, le monde. Le cadre national est peu adéquat et relativement impuissant sur ces sujets. Mais ça reste le cadre principal de nos débats, le cadre institutionnel de la vie démocratique : voilà comment la crise écologique peut engendrer aussi (en rendant nos débats nationaux vains et impuissants) une grave crise démocratique.

Thomas Legrand - France Inter - 14 Novembre 2017.

lundi 13 novembre 2017

Le cri d’alarme de quinze mille scientifiques sur l’état de la planète

« Le Monde » publie le manifeste signé par 15 364 scientifiques de 184 pays, à paraître lundi dans la revue « BioScience ».

LE MONDE | 13.11.2017

Tribune. Il y a vingt-cinq ans, en 1992, l’Union of Concerned Scientists et plus de 1 700 scientifiques indépendants, dont la majorité des lauréats de prix Nobel de sciences alors en vie, signaient le « World Scientists’Warning to Humanity ». Ces scientifiques exhortaient l’humanité à freiner la destruction de l’environnement et avertissaient : « Si nous voulons éviter de grandes misères humaines, il est indispensable d’opérer un changement profond dans notre gestion de la Terre et de la vie qu’elle recèle. » Dans leur manifeste, les signataires montraient que les êtres humains se trouvaient sur une trajectoire de collision avec le monde naturel. Ils faisaient part de leur inquiétude sur les dégâts actuels, imminents ou potentiels, causés à la planète Terre, parmi lesquels la diminution de la couche d’ozone, la raréfaction de l’eau douce, le dépérissement de la vie marine, les zones mortes des océans, la déforestation, la destruction de la biodiversité, le changement climatique et la croissance continue de la population humaine. Ils affirmaient qu’il fallait procéder d’urgence à des changements fondamentaux afin d’éviter les conséquences qu’aurait fatalement la poursuite de notre comportement actuel.

Les auteurs de la déclaration de 1992 craignaient que l’humanité ne pousse les écosystèmes au-delà de leurs capacités à entretenir le tissu de la vie. Ils soulignaient que nous nous rapprochions rapidement des limites de ce que la biosphère est capable de tolérer sans dommages graves et irréversibles. Les scientifiques signataires plaidaient pour une stabilisation de la population humaine, et expliquaient que le vaste nombre d’êtres humains – grossi de 2 milliards de personnes supplémentaires depuis 1992, soit une augmentation de 35 % – exerce sur la Terre des pressions susceptibles de réduire à néant les efforts déployés par ailleurs pour lui assurer un avenir durable. Ils plaidaient pour une diminution de nos émissions de gaz à effet de serre (GES), pour l’abandon progressif des combustibles fossiles, pour la réduction de la déforestation et pour l’inversion de la tendance à l’effondrement de la biodiversité.

En ce vingt-cinquième anniversaire de leur appel, il est temps de se remémorer leur mise en garde et d’évaluer les réponses que l’humanité lui a apportées en examinant les données de séries chronologiques disponibles. Depuis 1992, hormis la stabilisation de l’amenuisement de la couche d’ozone stratosphérique, non seulement l’humanité a échoué à accomplir des progrès suffisants pour résoudre ces défis environnementaux annoncés, mais il est très inquiétant de constater que la plupart d’entre eux se sont considérablement aggravés. Particulièrement troublante est la trajectoire actuelle d’un changement climatique potentiellement catastrophique, dû à l’augmentation du volume de GES dégagés par le brûlage de combustibles fossiles, la déforestation et la production agricole – notamment les émissions dégagées par l’élevage des ruminants de boucherie. Nous avons en outre déclenché un phénomène d’extinction de masse, le sixième en 540 millions d’années environ, au terme duquel de nombreuses formes de vie pourraient disparaître totalement, ou en tout cas se trouver au bord de l’extinction d’ici à la fin du siècle.

L’humanité se voit aujourd’hui adresser une seconde mise en garde motivée par ces inquiétantes tendances. Nous mettons en péril notre avenir en refusant de modérer notre consommation matérielle intense mais géographiquement et démographiquement inégale, et de prendre conscience que la croissance démographique rapide et continue est l’un des principaux facteurs des menaces environnementales et même sociétales. En échouant à limiter adéquatement la croissance de la population, à réévaluer le rôle d’une économie fondée sur la croissance, à réduire les émissions de GES, à encourager le recours aux énergies renouvelables, à protéger les habitats naturels, à restaurer les écosystèmes, à enrayer la pollution, à stopper la « défaunation » et à limiter la propagation des espèces exotiques envahissantes, l’humanité omet de prendre les mesures urgentes indispensables pour préserver notre biosphère en danger.

Les responsables politiques étant sensibles aux pressions, les scientifiques, les personnalités médiatiques et les citoyens ordinaires doivent exiger de leurs gouvernements qu’ils prennent des mesures immédiates car il s’agit là d’un impératif moral vis-à-vis des générations actuelles et futures des êtres humains et des autres formes de vie. Grâce à un raz-de-marée d’initiatives organisées à la base, il est possible de vaincre n’importe quelle opposition, aussi acharnée soit-elle, et d’obliger les dirigeants politiques à agir. Il est également temps de réexaminer nos comportements individuels, y compris en limitant notre propre reproduction (l’idéal étant de s’en tenir au maximum au niveau de renouvellement de la population) et en diminuant drastiquement notre consommation par tête de combustibles fossiles, de viande et d’autres ressources.

La baisse rapide des substances destructrices de la couche d’ozone dans le monde montre que nous sommes capables d’opérer des changements positifs quand nous agissons avec détermination. Nous avons également accompli des progrès dans la lutte contre la famine et l’extrême pauvreté. Parmi d’autres avancées notables, il faut relever, grâce aux investissements consentis pour l’éducation des femmes et des jeunes filles, la baisse rapide du taux de fécondité dans de nombreuses zones, le déclin prometteur du rythme de la déforestation dans certaines régions, et la croissance rapide du secteur des énergies renouvelables. Nous avons beaucoup appris depuis 1992, mais les avancées sur le plan des modifications qu’il faudrait réaliser de manière urgente en matière de politiques environnementales, de comportement humain et d’inégalités mondiales sont encore loin d’être suffisantes.

Les transitions vers la durabilité peuvent s’effectuer sous différentes formes, mais toutes exigent une pression de la société civile, des campagnes d’explications fondées sur des preuves, un leadership politique et une solide compréhension des instruments politiques, des marchés et d’autres facteurs. Voici – sans ordre d’urgence ni d’importance – quelques exemples de mesures efficaces et diversifiées que l’humanité pourrait prendre pour opérer sa transition vers la durabilité :

  1. privilégier la mise en place de réserves connectées entre elles, correctement financées et correctement gérées, destinées à protéger une proportion significative des divers habitats terrestres, aériens et aquatiques – eau de mer et eau douce ;
  2. préserver les services rendus par la nature au travers des écosystèmes en stoppant la conversion des forêts, prairies et autres habitats originels ;
  3. restaurer sur une grande échelle les communautés de plantes endémiques, et notamment les paysages de forêt ;
  4. ré-ensauvager des régions abritant des espèces endémiques, en particulier des superprédateurs, afin de rétablir les dynamiques et processus écologiques ;
  5. développer et adopter des instruments politiques adéquats pour lutter contre la défaunation, le braconnage, l’exploitation et le trafic des espèces menacées ;
  6. réduire le gaspillage alimentaire par l’éducation et l’amélioration des infrastructures ;
  7. promouvoir une réorientation du régime alimentaire vers une nourriture d’origine essentiellement végétale ;
  8. réduire encore le taux de fécondité en faisant en sorte qu’hommes et femmes aient accès à l’éducation et à des services de planning familial, particulièrement dans les régions où ces services manquent encore ;
  9. multiplier les sorties en extérieur pour les enfants afin de développer leur sensibilité à la nature, et d’une manière générale améliorer l’appréciation de la nature dans toute la société ;
  10. désinvestir dans certains secteurs et cesser certains achats afin d’encourager un changement environnemental positif ;
  11. concevoir et promouvoir de nouvelles technologies vertes et se tourner massivement vers les sources d’énergie vertes tout en réduisant progressivement les aides aux productions d’énergie utilisant des combustibles fossiles ;
  12. revoir notre économie afin de réduire les inégalités de richesse et faire en sorte que les prix, les taxes et les dispositifs incitatifs prennent en compte le coût réel de nos schémas de consommation pour notre environnement ;
  13. déterminer à long terme une taille de population humaine soutenable et scientifiquement défendable tout en s’assurant le soutien des pays et des responsables mondiaux pour atteindre cet objectif vital.

Pour éviter une misère généralisée et une perte catastrophique de biodiversité, l’humanité doit adopter une alternative plus durable écologiquement que la pratique qui est la sienne aujourd’hui. Bien que cette recommandation ait été déjà clairement formulée il y a vingt-cinq ans par les plus grands scientifiques du monde, nous n’avons, dans la plupart des domaines, pas entendu leur mise en garde. Il sera bientôt trop tard pour dévier de notre trajectoire vouée à l’échec, car le temps presse. Nous devons prendre conscience, aussi bien dans nos vies quotidiennes que dans nos institutions gouvernementales, que la Terre, avec toute la vie qu’elle recèle, est notre seul foyer.

Traduit par Gilles Berton

jeudi 2 novembre 2017

Climat, lettre à mes lecteurs

A l’issu de la COP21 je fus l’un des rare à ne pas me réjouir dans l’euphorie générale. En 2015 j’écrivais sur ce blog le texte « COP21 : Sauver la planète sans contrarier le système qui la détruit. » qui montrait combien cet événement de com internationale était une grande farce. Je disais que définitivement, la communication aura été bien faite alors que nous étions toujours sur la trajectoire des +3 degrés et, après ma démonstration, je concluais que le temps n’était vraiment pas aux réjouissances !!!! Combien de fois me suis-je fait traiter de pisse froid ? Et pourtant, encore une fois, j’avais raison sur ce sujet et aujourd’hui, l'ONU alerte les pays signataires de la COP 21 que l’on est plutôt sur une trajectoire à +3°C d'ici 2100. C'est catastrophique selon l'organisation internationale.

Depuis des années, moi et beaucoup d’autres, nous alertons. Depuis des années j’explique que nous ne sommes pas que les victimes des méchantes entreprises qui pourrissent le climat et la planète mais qu’à ne pas vouloir renoncer, à ne pas vouloir utiliser notre pouvoir de non-achat, à ne pas voter pour la transition écologique nous sommes tous, à différents niveaux, responsables et coupables de cette situation. Il est des vérités qui ne sont pas toujours agréables à entendre - je vous l’accorde - mais oui, toi, cher lecteur de ce billet, tu es aussi responsable de cette situation. A continuer à prendre l’avion, car il t’est « impossible d’imaginer de ne pas voir le soleil en hivers ! ». A continuer à acheter des fruits exotiques car tu as « absolument besoin de ces vitamines ! ». A continuer à acheter des produits manufacturés plein d’huile de palme, car tu « n'y peux rien s'il y'en a partout ! ». A continuer à prendre ta voiture seul, pour faire tes 120 km A/R, pour aller au boulot car tu voulais « absolument avoir ta maison avec ton jardin pour respirer le week-end, pas question d'habiter en immeuble ! ». A continuer à t’acheter moult saloperies électroniques car « c'est trop bien la dernière version de ce téléphone » et que « t'en as totalement besoin car ça va tellement te simplifier la vie ! ». A continuer à ne pas faire réparer ton électroménager, car c'est pas de ta faute si « ça coûte moins cher d'acheter du neuf ! ». A continuer à ne pas trier, recycler, composter, tendre vers moins de déchets, car tu n'as « pas la place et pas le temps, pi toute façon les autres le font pas ! ». A continuer à te railler des écologistes et soutenir tacitement, silencieusement et par ton inaction le bétonnage des terres agricoles et forestières. En cédant, sans résistance, aux sirènes de la consommation et en croyant au dogme de la croissance et à ses grands prêtres, tu fais, cher lecteur, parti de ces gens responsables de la dégradation de notre environnement.

Pourtant, cher lecteur, tu ne peux pas invoquer l’ignorance des problèmes. Partout et par tous les moyens untel aura tenté de t’interpeller qui avec un documentaire, qui par une bande-dessinée, qui par une fiction, qui par un roman, qui par le théâtre, qui par l'humour, qui par une thèse, qui par une interview, qui par un reportage, qui par un court texte, qui par une chronique télé ou radio, qui par une poésie, qui par une conférence, ... il y en aura eu pour tous les goûts, pour tous les niveaux. Il y aura bien eu un média qui t’aura touché, cher lecteur. Non pas un seul ?

Depuis des années j’écris et souvent j’ai de bons retours mais rien n’y fait, la bataille des deux degrés est perdue selon l’ONU. « Qu’importe ! », dira notre humanité demain, 2100 c’est loin, « moi je veux vivre, je veux profiter ». « Profiter » … c’est bien ce mot que chacun souhaite au copain qui part à l’autre bout du monde pour passer quinze jours de vacances. Nous nous souhaitons de « profiter » sans nous soucier des conséquences de cette « profitation » comme on dit aux Antilles. Nous jouissons, sans conscience, de nos richesses, de notre puissance et de notre pouvoir, mais aujourd’hui l’ultime alerte nous parvient. Quelles seront les autres avant l’effondrement ? Nous avons déjà nié, parce que cela nous arrangait, cela nous rassurait, le pic pétrolier qui a eu lieu en 2006. Nous refusons de croire, car nous nous pensons immortel et notre monde permanent et stable, que nous entrons dans l’ère de la pénurie. Finalement nous n’avons pas vraiment beaucoup évolué depuis l’époque où les hommes croyaient que la Terre était plate, aujourd’hui nous ne croyons toujours pas que la Terre est finie et les ressources non-renouvelables. Nous continuons la fête.

On est donc sur la trajectoire à +3°C d'ici 2100 et c'est catastrophique. Si l'on prend 2016 comme exemple, c'est une année de records. De records de températures, mais aussi de concentration de carbone dans l'atmosphère. Principalement à cause des énergies fossiles, pétrole, charbon, gaz... mais aussi du méthane, de la déforestation, qui nous prive des arbres qui captent le carbone, de toute notre folie collective que nous, individuellement, nous réclamons en vivant comme nous le faisons, en refusant de vivre simplement mais en consommant toujours plus, en voyageant toujours plus car le billet d’avion « c’est pas cher, alors je serais con de ne pas en profiter et de toute façon, que j'y aille ou pas, l'avion décollera quand même ! ». Mon père me donnait, comme image, que notre humanité est comme ces rats abandonnés, au milieu de l’océan, sur un bateau en bois et qui grignotent, pour se nourrir, la coque. Moi je lui disais que nous étions comme ces moisissures qui ne se développent qu’en détruisant leur support. Quoi qu’il en soit l’image est la même, nous sommes une espèce absurde car savante mais est incapable de se sauver elle-même.

Aujourd’hui donc « les engagements actuels des Etats couvrent à peine un tiers des réductions d'émissions nécessaires, creusant un écart dangereux » annonciateur de grands dérèglements (canicules, inondations, super-ouragans...), souligne Erik Solheim, directeur du Programme des Nations unies pour l'Environnement (PNUE), « Gouvernements, secteur privé, société civile doivent combler cet écart catastrophique ». Selon le rapport du PNUE, synthèse des dernières études scientifiques, il faut à la fois « urgemment accélérer les actions à court terme et renforcer l'ambition à long terme ». Tous les pays sont concernés, notamment ceux du G20 qui représentent 3/4 des émissions.

Et vous, maintenant, qu’allez-vous faire pour, comme le dit Érik Solheim, « éviter un avenir misérable à des centaines de millions de personnes » ? Qu’allez-vous faire pour respecter la promesse que nous avons faite à nos enfants de protéger leur avenir ?

Avec toute mes amitiés, votre dévoué.

Bruno BOMBLED