EST-CE QUE vous savez le temps que l’on passe dans les
Magasins, avec son caddie en tôle, roues souvent tordues, et
Quelquefois rétives,
Le sac accroché vigilant, la liste dans sa tête ou couplée au
Crayon, pas forcément le temps nécessaire pour tout faire,
Surtout les étiquettes qu’il convient d’ « oeillader » par raison,
Bien pister pour éviter les surprises « composites »,
Ceux qu'il vaut mieux oublier, en réservant les "acceptables"!
APRES, c’est la chasse aux produits, qu’on finit par n’plus voir
Tellement ils se ressemblent, tellement ils nous agressent,
Les marques connues, remisées, les plus ou moins coûteuses,
Les promos, les gondoles qui s’immiscent dans le choix,
Les surprises nouveautés, dérivés, ceux qu’on prend
Ou qu’on a déjà pris, et la tête qui survole les rangées
Pour trouver la réponse avant de décider.
Y A UNE PETITE CHOSE, juste une toute petite mais
Dont je ne me priverai, c’est la jolie rencontre
Des yeux qui se retrouvent, souvent ceux des seniors,
Couples, seuls, avec enfants ou sans, un peu lents,
Qu’on recroise plusieurs fois, quand ils cherchent ou hésitent,
LE SOURIRE QU'ILS te donnent, et auquel tu réponds,
Pour moi « cadeau bonux » dans le rythme effréné
Des travées qui s’allongent.
QUELQUEFOIS le p’tit conseil qu’ils vont te demander,
A toi la « dame » un peu plus jeune mais dont les yeux
Invitent, parce que tout simplement tu les as regardés..
Attraper le sachet ou le pot qui s’étaient refusés
A leur petite taille ou à la main tremblante,
Et ce sont encore les yeux qui se font une parade
Et le souriant merci qui gonfle ses œillades..
L'HUMAIN S'FAUFILE PARTOUT si on veut l’accueillir,
Il n’empêche que ces lieux où l’on se croit « vivants
Sont mortels pour ceux qui n’y font que passer.
Pour moi, résiduellement, une pensée citoyenne et même
Mondialisée, sur la décence inversée des profusions marchandes,
Où l’on se sent coupable rien qu’en les regardant,
Dont nos placards grimacent une fois bien alignés,
Et qu’une fois bien au chaud dans nos maisons celliers,
On peut se dire « merci pour nous d’être bien nés » !!
ALORS NON, là je coince, je dis stop, j’n’en veux plus
De cette fonction d’otages qui nous est imposée,
Même dans les marchés, les « normaux », ou les « bio »,
Toujours en foule légumes, fruits, poissons, victuailles,
L’impression d’être libres d’œuvrer pour sa santé,
Oui certainement pour ceux qui en ont le loisir, le temps,
« les sous » quoi qu’on dise, quoi qu’on nous le martèle..
AU-DELÀ DES MERS, très loin, mais pas forcément
Et souvent par chez nous, y a des caddies qui « pleurent »
De ne pouvoir rouler car y a rien à produire
Y a rien à marchander, presque rien à manger,
Et les images s’arrêtent sur des enfants mourants,
Oui je sais, c’est facile, et pourtant merde, c’est vrai..
ALORS DE TEMPS EN TEMPS, je laisse mes placards
Vider leur profusion, dégeler leur bombance,
Retrouver les gestes des anciens quand un petit oignon
Se prom’nait sur du pain, et que l’économie n’était
Pas encore fric, mais seulement pur bon sens,
Partagé, concerté, reconnu, « paysan ».
ET ENCORE pas parlé du non alimentaire,
De tout dont on s’ passerait si on n'y cédait pas,
Il faut des circonstances pour qu’on retourne notre veste,
Décide de « décroisser », et encore pas facile
Tellement l’caddie des villes, comme le rat de la fable,
Ont l’appel invasif, et inondent nos âmes.
EST-CE QU'ON LE POURRA, est-ce que c’est faisable,
Débrancher la puissance du trop plein consommé ?
Je veux bien le rêver.
En attendant, tenter d’y croire
Et faire ce que je peux.
Francoise Nalet - 9 juin 2012
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