Déclaration en Conseil municipal des Ulis
Bruno BOMBLED
24 Septembre 2012
"Une fois n'est pas coutume je vais me permettre de citer un premier ministre en exercice : « Le constat est sans appel : les ressources naturelles s’épuisent, la biodiversité recule, les émissions de gaz à effet de serre se concentrent, la qualité de l’eau et de l’air se dégrade », a déclaré le Premier Ministre Jean-Marc Ayrault lors de la conférence environnementale de ce mois-ci.
Hum qu'il est bon d'entendre, de la bouche de personnes autres qu'écologistes, ce que nous disons et clamons depuis des dizaines et des dizaines d'années. Ne boudons pas notre plaisir car visiblement notre gouvernement est au courant et ne peut plus dire qu'il ne savait pas. Prenons-le au mot et jugeons-le sur ses actes !
Ne boudons pas notre plaisir mais que d'énergie dépensée pour en arriver là, que de temps perdu ! Qu'il est difficile d'avoir raison avant les autres car nous apparaissons oiseaux de mauvais augure et comme il serait bon d'avoir tort, car nous n'aurions pas le risque du changement climatique, nous n'aurions pas la crise énergétique qui nous pend au nez. Mais il se trouve que les écologistes ont toujours eu raison sur les alertes lancées comme viennent de nous le confirmer les résultats effarants, des effets des OGM, dévoilés cette semaine ou bien encore les observations de fonte de la banquise qui vont au delà des prévisions scientifiques.
Tout s'accélère et notre humanité avance à pas de tortues.
Tout s'accélère et nous ne faisons pas ce qu'il faut pour nous sauver nous même comme le montre l'étude du cabinet TEC (Tourisme Environnement Consultants) qui a simulé auprès d'un échantillon de ménages le passage vers un mode de vie plus sobre en carbone et analysé les arbitrages micro-économiques et les facteurs socio-culturels activant ou freinant la transition. Les personnes interrogées parviennent à se projeter dans un imaginaire bas carbone, mais choisissent prioritairement des mesures associées au logement et à l'alimentation, alors que les transports arrivent en dernier : le renoncement au transport aérien reste difficile, l'avion étant encore un vrai marqueur social. Les ménages préfèrent picorer en éteignant les appareils électroniques ou en utilisant moins d'emballage, bref ils consentent à de nombreux petits choix plutôt qu'ils ne renoncent aux comportements les plus émetteurs.
Et il en est de même pour les collectivités.
Il en est de même et pourtant il nous faut accélérer si nous souhaitons durer. C'est, j'espère, le signal que nous adressons aujourd'hui, par le vote de notre premier plan d'actions coordonnées agendas 21 où nous montrons notre volonté d'agir. Mais ce vote ne doit pas être perçu comme la fin d'un long processus, mais bel et bien comme une première étape. Une première étape qu'il est bon de saluer. Qu'il est bon de saluer à sa juste valeur, c'est à dire comme un vrai commencement. Comme un échauffement avant le long sprint qui nous mènera, si nous le voulons, vers une ville durable. Les événements s'accélèrent, l’énergie ne cessera plus d'augmenter, la biodiversité est en chute libre (En 2008 une espèce de mammifère sur quatre était en danger de disparition, d’après la Liste Rouge de l’UICN) fragilisant ainsi la chaîne alimentaire ou nous faisant perdre de potentielles molécules pharmaceutiques, le climat se dérègle plus vite que prévu ... Et les Ulis ne sont pas sur une autre planète. Nous aussi nous serons impactés, tôt ou tard, par toutes les maltraitances que nous infligeons à la Terre. Les premiers qui seront impactés seront ceux qui n’auront pas, qui n’ont déjà pas, les moyens de compenser les contraintes supplémentaires de coûts, de rareté ou de santé. C'est-à-dire, aux Ulis, les plus modestes de la population.
Il ne s’agit pas de vous culpabiliser. Il ne s’agit pas de nous accuser de tous les maux. Il ne s’agit pas de nous faire porter la totale responsabilité des problèmes qui se posent à notre planète et donc à nous en premier lieu. Non, il ne s’agit pas de cela. Il s’agit, à l’instar du colibri, de penser que nous avons tous notre part à accomplir sans toujours reporter, à un échelon plus haut, la capacité d’agir.
Aujourd'hui, en l'état actuel des choses, notre ville n'est pas durable il nous appartient donc de passer à la vitesse supérieure et d'entrer dans l'ère du recyclé, du recyclable, du réparable et du local, dans l'ère de la sobriété heureuse. Pour se faire, nous aurons immanquablement besoin d'un second plan d'actions encore plus ambitieux et nous aurons besoin de toutes les imaginations pour relever les défis que notre monde, hérité des générations passées, nous impose aujourd'hui et demain. Nous aurons besoin que ce plan soit une démarche partagée impliquant tous les acteurs de la démocratie participative. Puissions-nous faire que notre intelligence, qui a fait de nous, cet animal si faible, le prédateur ultime, nous inspire afin de permettre à notre humanité de durer sur une planète qui, avec ou sans nous, continuera sa course autour du soleil. Il est temps d'entendre les écologistes afin que la marche du vrai changement, qui s'imposera à nous, ne soit pas trop grande."
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire