"Le motif de base de la résistance était l'indignation. Nous vétérans des mouvements de résistance et des forces combattantes de la France libre, nous appelons les jeunes générations à faire vivre, transmettre, l'héritage de la résistance et ses idéaux. Nous leur disons : prenez le relais, indignez-vous ! Les responsables politiques, économiques, intellectuels et l'ensemble de la société ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l'actuelle dictature des marchés financiers qui menacent la paix et la démocratie.

Je vous souhaite à tous, à chacun d'entre vous d'avoir votre motif d'indignation. C'est précieux."

Stéphane Hessel

vendredi 22 juillet 2011

L'Homme est un loup pour l'Homme !

C'est bien un loup qui sévit dans les Vosges depuis avril dernier. Une photo prise par l'Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage, le 8 juillet dernier, a permis de l'identifier et c’est toute une affaire.

Jamais aucun animal n’aura autant fouetté l’imaginaire européen. Le loup ! Il a hanté nos nuits et nos peurs, il habite notre esprit depuis des millénaires. De quoi ne l’avons-nous pas accusé, de quoi ne l’aurons-nous pas puni ? A tel point que, depuis plus d’un demi-siècle, il a été définitivement éliminé de notre pays. Mais voici que le loup revient. En 1992, il s’est d’abord installé dans le massif du Mercantour, et aujourd’hui dans une partie des Alpes. Comment a-t-il fait ? Par quelles étapes est-il remonté d’Italie, des Abruzzes et des abords de Rome ? Comment a-t-il évité piégeurs et tueurs ? Par quels chemins de crête se sera-t-il faufilé ? Secret et mystère.

L’important est qu’il nous donne une seconde chance, possiblement la dernière. La chance de repenser et refonder notre relation à la vie sauvage sur des bases moins violentes.

Aujourd’hui préserver la biodiversité n’est pas qu’un slogan de plus dans les discours, c’est une obligation qui s’impose à tous. Mais il est sans doute plus facile de faire la leçon aux pays d’Afrique, à l’Inde, à Madagascar ou bien encore à Sumatra afin qu’ils protègent l’objet de nos convoitises touristiques, que de l’appliquer à nous même. Car, à bien y penser, nos grands prédateurs que sont les loups, les phoques, les lynx, les renards ou bien les ours ne sont-ils pas tout simplement nos éléphants, nos tigres, nos lémuriens à nous ?

Mais avons-nous vraiment l’envie de vivre avec de grands prédateurs sur le sol de France ? La réponse se trouve probablement blottie au plus profond de notre cerveau primitif qui se souvient des heures où l’Homme n’était qu’une proie parmi tant d’autres. Mais l’évolution est passée par là et aujourd’hui je pense que, l’Homme occidental, cet animal dénaturé comme le disait Vercors, fier de s’être débarrassé de son animalité et de s’être dressé au-dessus de toutes les autres créatures, ne supporte plus de voir une nature sauvage à ses portes qui lui rappelle sa fragilité. Il lui faut donc l’éliminer à coup d’herbicides en villes, à coup de pesticides, par une domestication des sols au moyen d'une agriculture industrielle et agressive, par des forêts bien propres et mornes, par des villes toujours plus tentaculaires. La nature se doit d’être domestiquée afin de montrer à la création combien nous sommes, en une vanité incommensurable, au-dessus de tout et de tous les êtres. Oui véritablement cet Homme, cet animal si dénaturé, ne supporte plus une nature indomptée, il lui faut donc une nature bétonnée, tondue, aseptisée, bien rangée, sans danger, sans risque ou rien de doit dépasser. Une nature à ses pieds !

Mais au fait combien de loups y-a-t-il chez nous ? Peut-être une trentaine, ce qui serait déjà trop à en croire certains. Plusieurs loups ont été tués, le plus souvent empoisonnés, comme jadis. D’autres le seront par des chasseurs hors-la-loi qu'aucune autorité publique n’a le courage de verbaliser car ne l'oublions pas le loup est un animal protégé par la convention internationale signée à Berne, ainsi que par la directive Habitats.

Alors oui, certes, le loup croque chaque année quelques centaines de brebis, ce qu’il a d’ailleurs toujours fait. C’est infiniment moins que les pertes dues à la foudre ou à la morsure des chiens errants mais, pour les éleveurs déstabilisés par une crise sans fin, c’est un traumatisme insupportable. «Je suis pour le tuer, parce qu’il n’y a pas d’autre solution et que c’est invivable » dit cet éleveur de mouton à la Chapelle d'Huin (Doubs). Ils ont le droit d’être écoutés et d’être entendus. Mais pour autant, cela ne les autorise pas à faire de cet animal le bouc émissaire, sans jeu de mots, de difficultés économiques qui ne sont évidemment pas de son fait, d'autant plus qu’en cas d’attaque ou de perte d’animaux, des indemnités appropriées sont versées par l’état.

Et pourtant nous avons, aujourd’hui, le savoir-faire nécessaire pour vivre avec les loups en véritable cohabitation. Certes, rien n’est simple, rien n’est facile. Mais je pense qu’un pastoralisme rajeuni, s’appuyant, comme dans tant d’autres pays, sur la présence très efficace de chiens de protection et de l’indispensable berger, permettrait de poser la question du loup en termes nouveaux. Dans le Montana, comme dans de nombreuses régions sauvages du continent américain, des troupeaux de plusieurs milliers de bêtes passent des mois à proximité de grizzlis et de loups, sans être pour autant décimés. La France peut sans aucun doute abriter quelques dizaines de loups sans sombrer dans un mauvais psychodrame. Il y a pas mal de choses à tenter, à mettre en place avant de se dire que "dès qu’il y a quelques choses qui dérangent, on sort le fusil et on tire sur le loup".

Au final en vérité je vous le demande, à bien y regarder avec nos guerres, notre réchauffement climatique d'origine anthropique, avec nos OGM, avec nos pesticides et nos herbicides, avec notre étalement urbain, avec nos exclus, avec nos fumées toxiques, avec notre plastique omniprésent dans les mers comme sur terre, avec notre détermination à détruire la biodiversité, avec nos rejets polluants en mer comme en rivière, qui es-ce qui est le plus nuisible sur Terre pour l'humain ?

Bruno BOMBLED d’après www.loup.org

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