Dans “49 ans”, il pourrait ne plus rester de pétrole exploitable sur Terre, “même si la demande n’augmente pas”, prévient la banque HSBC dans un rapport de prospective publié le 22 mars [pdf, 5 Mo]. “Nous sommes convaincus qu’il ne nous reste qu’une cinquantaine d’années de pétrole”, insiste, dans une interview accordée à CNBC, l’auteur principal de l’étude, Karen Ward, qui occupe la fonction de senior global economist au sein de la deuxième banque mondiale.
L’adaptation à la raréfaction du pétrole sera “longue”, “par conséquent, la pression sur les carburants fossiles pourrait être à la fois persistante et douloureuse, tant les prix du pétrole sont sensibles à tout déséquilibre mineur entre demande et offre d’énergie”, précisent les auteurs du rapport.
“Il existe une solution”, indique la banque londonienne, “mais il est improbable que de nouveaux gains d’efficacité [énergétique] et le déploiement de sources d’énergie faiblement carbonées se matérialisent sans une pression à la hausse encore plus forte sur les prix des carburants fossiles.”
“Les substituts, tels que les biocarburants et le pétrole de synthèse obtenu à partir de charbon, pourraient compenser une chute de la production de pétrole conventionnel, mais uniquement si les prix moyens du pétrole dépassent 150 dollars le baril”, affirme HSBC.
L’Europe, faute de disposer de sources d’énergie suffisantes, devrait être “la grande perdante”, selon le rapport.
La raréfaction du pétrole n’implique pas que “la menace du réchauffement climatique” va s’éloigner pour autant, mettent encore en garde les analystes de HSBC. “Les objectifs de croissance seront plus faciles à atteindre que les objectifs climatiques”, écrivent-ils.
HSBC rejoint la liste déjà longue de sources solides (la Lloyd’s, Chatham House, le Pentagone, le département de l’énergie américain, la Bundeswehr, Petrobras, le commissaire européen à l’énergie, le représentant de l’Iran auprès de l’Opep, le Houston Chronicle, le directeur scientifique de l’Agence internationale de l’énergie, etc.) qui tirent vigoureusement sur la sonnette d’alarme, afin de pointer un risque de pénuries graves sur le marché pétrolier dès la décennie présente.
Lorsque les analystes de HSBC avancent qu’il ne devrait plus y avoir de pétrole dans 49 ans, ils sous-entendent que les problèmes de pénurie devraient commencer bien avant 2060. En effet, les champs de pétrole ne s’épuisent pas du jour au lendemain : après un “pic” ou un “plateau ondulant” de production maximale, l’extraction des puits pétroliers amorce toujours une période de déclin plus ou moins rapide.
HSBC souligne de plus que le risque de pénurie existe “même si la demande n’augmente pas”. Tirée par la croissance des économie émergentes, la demande mondiale de pétrole devrait augmenter de 1 % en 2011, d’après l’Agence internationale de l’énergie. Elle devrait atteindre cette année 89,4 millions de barils par jour (Mb/j), contre 87,9 Mb/j en 2010.
L’Agence internationale de l’énergie table sur une demande mondiale de 99 Mb/j en 2035, dans son scénario médian. Son scenario ‘’business as usual'’, qui prolonge la tendance actuelle, propose une demande de 107 Mb/j en 2035.
D’après le pdg du groupe pétrolier français Total, Christophe de Margerie, “il serait déjà très satisfaisant d’arriver à 95 Mb/j“.
Le groupe Total et le groupe brésilien Petrobras sont les deux seules firmes pétrolières majeures qui tiennent un discours relativement pessimiste concernant l’imminence d’un pic de la production mondiale de pétrole.
IHS-CERA, un institut d’analyse privé étroitement lié à de grands industriels de l’énergie anglo-saxons, estime qu’il n’existe pas de limite immédiate au développement de la production mondiale de carburants liquides [pdf, 1.6 Mo]. D’après IHS-CERA, même si la production de pétrole conventionnel ne pourra plus guère augmenter, le développement massif des pétroles non-conventionnels permettra à l’offre totale de carburants liquides de continuer à croître jusqu’en 2035. Ensuite, la production mondiale restera sur un “plateau ondulant” jusqu’aux alentours de 2055, avant d’amorcer son déclin final, indique ce scenario de référence de l’industrie pétrolière publié en novembre 2010.
La production mondiale de pétrole conventionnel a atteint son maximum historique, et n’augmentera plus “jamais”, a admis dans son dernier rapport annuel l’Agence internationale de l’énergie, qui est chargée de conseiller les pays riches de l’OCDE.
petrole.blog.lemonde.fr
4 Avril 2011
L’adaptation à la raréfaction du pétrole sera “longue”, “par conséquent, la pression sur les carburants fossiles pourrait être à la fois persistante et douloureuse, tant les prix du pétrole sont sensibles à tout déséquilibre mineur entre demande et offre d’énergie”, précisent les auteurs du rapport.
“Il existe une solution”, indique la banque londonienne, “mais il est improbable que de nouveaux gains d’efficacité [énergétique] et le déploiement de sources d’énergie faiblement carbonées se matérialisent sans une pression à la hausse encore plus forte sur les prix des carburants fossiles.”
“Les substituts, tels que les biocarburants et le pétrole de synthèse obtenu à partir de charbon, pourraient compenser une chute de la production de pétrole conventionnel, mais uniquement si les prix moyens du pétrole dépassent 150 dollars le baril”, affirme HSBC.
L’Europe, faute de disposer de sources d’énergie suffisantes, devrait être “la grande perdante”, selon le rapport.
La raréfaction du pétrole n’implique pas que “la menace du réchauffement climatique” va s’éloigner pour autant, mettent encore en garde les analystes de HSBC. “Les objectifs de croissance seront plus faciles à atteindre que les objectifs climatiques”, écrivent-ils.
HSBC rejoint la liste déjà longue de sources solides (la Lloyd’s, Chatham House, le Pentagone, le département de l’énergie américain, la Bundeswehr, Petrobras, le commissaire européen à l’énergie, le représentant de l’Iran auprès de l’Opep, le Houston Chronicle, le directeur scientifique de l’Agence internationale de l’énergie, etc.) qui tirent vigoureusement sur la sonnette d’alarme, afin de pointer un risque de pénuries graves sur le marché pétrolier dès la décennie présente.
Lorsque les analystes de HSBC avancent qu’il ne devrait plus y avoir de pétrole dans 49 ans, ils sous-entendent que les problèmes de pénurie devraient commencer bien avant 2060. En effet, les champs de pétrole ne s’épuisent pas du jour au lendemain : après un “pic” ou un “plateau ondulant” de production maximale, l’extraction des puits pétroliers amorce toujours une période de déclin plus ou moins rapide.
HSBC souligne de plus que le risque de pénurie existe “même si la demande n’augmente pas”. Tirée par la croissance des économie émergentes, la demande mondiale de pétrole devrait augmenter de 1 % en 2011, d’après l’Agence internationale de l’énergie. Elle devrait atteindre cette année 89,4 millions de barils par jour (Mb/j), contre 87,9 Mb/j en 2010.
L’Agence internationale de l’énergie table sur une demande mondiale de 99 Mb/j en 2035, dans son scénario médian. Son scenario ‘’business as usual'’, qui prolonge la tendance actuelle, propose une demande de 107 Mb/j en 2035.
D’après le pdg du groupe pétrolier français Total, Christophe de Margerie, “il serait déjà très satisfaisant d’arriver à 95 Mb/j“.
Le groupe Total et le groupe brésilien Petrobras sont les deux seules firmes pétrolières majeures qui tiennent un discours relativement pessimiste concernant l’imminence d’un pic de la production mondiale de pétrole.
IHS-CERA, un institut d’analyse privé étroitement lié à de grands industriels de l’énergie anglo-saxons, estime qu’il n’existe pas de limite immédiate au développement de la production mondiale de carburants liquides [pdf, 1.6 Mo]. D’après IHS-CERA, même si la production de pétrole conventionnel ne pourra plus guère augmenter, le développement massif des pétroles non-conventionnels permettra à l’offre totale de carburants liquides de continuer à croître jusqu’en 2035. Ensuite, la production mondiale restera sur un “plateau ondulant” jusqu’aux alentours de 2055, avant d’amorcer son déclin final, indique ce scenario de référence de l’industrie pétrolière publié en novembre 2010.
La production mondiale de pétrole conventionnel a atteint son maximum historique, et n’augmentera plus “jamais”, a admis dans son dernier rapport annuel l’Agence internationale de l’énergie, qui est chargée de conseiller les pays riches de l’OCDE.
petrole.blog.lemonde.fr
4 Avril 2011
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