"Le motif de base de la résistance était l'indignation. Nous vétérans des mouvements de résistance et des forces combattantes de la France libre, nous appelons les jeunes générations à faire vivre, transmettre, l'héritage de la résistance et ses idéaux. Nous leur disons : prenez le relais, indignez-vous ! Les responsables politiques, économiques, intellectuels et l'ensemble de la société ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l'actuelle dictature des marchés financiers qui menacent la paix et la démocratie.

Je vous souhaite à tous, à chacun d'entre vous d'avoir votre motif d'indignation. C'est précieux."

Stéphane Hessel

mercredi 25 mars 2015

Vert de colère

Le parti socialiste a peur. En cet entre-deux-tours, les candidats socialistes et leurs alliés ont peur de la raclé. Il faut dire qu'avec la politique déplorable, droitière et productiviste du gouvernement de ces messieurs Hollande et Valls, qui aura déçu bon nombres de français se réclamant de la Gauche et de l'écologie, il y a de quoi redouter la sanction légitime ... celle des urnes, car celle-ci est notre seul pouvoir. Aussi les appels au rassemblement de la gauche se multiplient ... mais pour quoi faire ?


"Faites barrage au FN et ne laissez pas la droite prendre les départements" nous exhortent les socialistes. Oui, d'accord. Mais en vérité je vous le dis, faire barrage au FN ou à la droite, comme seul mot d'ordre pour mobiliser les gens, cela ne vous semble-t-il pas "un peu court, jeune homme" ?. Cela me donne comme un arrière-goût du fameux slogan anarchiste : "élections, piège à cons !". Alors si oui, faire barrage au FN, je le conçois et y adhère sans restriction, je ne peux m’empêcher de me poser la question de la suite des choses une fois le FN écarté. Et pour faire quoi après ? Pour faire quoi, une fois que l'on aura remis les mêmes, à la tête des départements, des régions, du pays et de l'Europe ?

Il est certain que pour l'Essonne, mais cela est valable pour le reste des départements, cela se traduira par la poursuite de la course au bétonnage et à la consommation carbonée afin de satisfaire au culte de la croissance. Car, et c'est bien là notre problème collectif, les dogmes croissantistes, productivistes et consuméristes, véhiculés par les partis dont tous ces gens se réclament, qu'ils soient PS, UMP, ou bien FN, sont devenus l'unique but à atteindre sans réflexion et sans esprit critique. Ces dogmes, devenus religions, sont ce mensonge qui rassure alors que chacun sait qu'ils ne peuvent être la solution puisqu'ils sont le problème de nos crises environnementales, climatiques et énergétiques de par les excès qu'ils engendrent.

Ainsi remettre les mêmes au pouvoir, sans prise de conscience réelle et sincère de leur part, afin qu'ils poursuivent la même politique de fuite en avant qui nous emmène dans le mur, je n'en vois vraiment pas l’intérêt ? Remettre les mêmes mais pour quel projet ? Pour bétonner le plateau de Saclay ? Pour poursuivre le cluster Paris-Saclay sans donner de moyens à la Recherche Publique ? Pour poursuivre le projet du grand stade d'Evry et donner l'opium au peuple afin de le satisfaire et d'avoir la paix ? Pour continuer à construire sur les terres agricoles et forestières sans se soucier de notre impact écologique et climatique ? Pour ne toujours pas favoriser le transfert modal, ni avoir de réflexions puis d'actions sur les distances travail-domicile ? Pour poursuivre la surpopulation de l’île de France au détriment des autres régions, de l'environnement, de l'agriculture, de l'autonomie alimentaire et du climat ? Pour ne pas favoriser la transition écologique de l'agriculture et de l'économie ? Pour nous préparer un monde à la Blade Runner où nous mangerions du Soleil vert ? Pour ne pas regarder le dragon dans les yeux tout en espérant que cela passe ?

Certain trouverons cette réflexion vicieuse, laissant penser que l'on y trouve là toutes les bonnes raisons pour ne pas aller voter et à rester se lamenter dans son canapé. Moi je leur réponds que depuis ces trente dernières années je ne suis pas resté dans mon canapé et que je n'ai de leçons à recevoir de personne. J'ai été, depuis mes 18 ans, objecteur de conscience, militants écolo associatif puis politique et également syndical, puis je fus élu. Mais l'honnêteté m'oblige à regarder mon bilan et de constater que ce dernier n'est pas très positif tellement la puissance des conservatismes est forte et ma capacité à convaincre est faible. Les crises humaines et écologiques n'ont jamais reculées ... bien au contraire. Nous, les militants écologistes, il faut bien le reconnaître, avons été pris pour d'opportuns guignols aussi bien en interne du parti qu'en externe et le pragmatisme économique allié au courtermisme a toujours eu le dernier mot. Soyons honnêtes, la gauche comme la droite se fout éperdument des conséquences écologiques et donc sociales de leurs décisions et nous n'avons jamais réussi à influencer quoi que ce soit, si ce n'est dans l'épaisseur du trait. Ainsi Hollande parle de la COP21 mais n'a toujours pas stoppé l'Ayraultport de Notre Dame des Landes, ni engagé la marche forcée vers l'efficacité énergétique ni la promotion de la sobriété heureuse. En revanche il a superbement supprimé, à la demande des réactionnaires aux bonnets rouges et à la charge énorme des français, les portiques de l'écotaxe. Quid encore de obsolescence programmée qui est un crime contre l'humanité ? Quid de la taxe carbone ? Quid de la lutte contre l'expansion urbaine ? Quid des baisses des aides pour la culture bio ? Quid de tout cela mesdames et messieurs ?

La liste est bien trop longue pour tout citer mais je ne vois plus, dans les hommes et le femmes actuels, une véritable volonté de combattre les vrais problèmes que, eux mêmes ont créé en renonçant à leur pouvoir de régulation et d'organisation aux profits des banques, des actionnaires et des puissants ... cela en acceptant le libéralisme. Problèmes que eux mêmes ont créé en faisant leur, la fameuse et odieuse phrase de Ronald Reagan "l'Etat n'est pas la solution à notre problème ; l'Etat est le problème". Et ainsi, en l'état actuel des choses et des alliances, je suis bien obligé d'admettre que l'écologie ne gagnera jamais, ne pourra jamais gagner et qu'elle ne sera, au mieux, jamais qu'une caution verte d'une politique productiviste. Définitivement pour Hollande et ses sbires, à l'instar de Sarkozy en son temps mauvais, "l'environnement cela commence à bien faire".

Dès lors on me dit que si la colère est parfois salutaire, elle est souvent mauvaise conseillère et qu'elle se trompe totalement quand elle vise, tout et tout le monde sans nuance. On me dit que ces élections départementales ne sont pas le bon moment pour sanctionner une Politique Nationale. Que l'on ne peut pas sanctionner par les urnes, dimanche prochain, parce que, ce n'est pas la bonne élection. Mais, à les entendre ce n'est jamais le bon moment d'utiliser le seul pouvoir que nous ayons sur les politiques. Et si on ne le fait pas maintenant, quand le pourrons-nous ? Quand est-ce que l'on pourra avoir, un tant soit peu, d'influence sur les choses puisque le vote blanc ne sert à rien ? Ne dit-on pas qu'un droit ne s'use que si l'on ne s'en sert pas ? Alors oui je suis en colère. Mais n'ai-je point de raison de l’être quand je vois ce qui m'entoure ? Oui je suis en colère. Furieusement en colère contre ceux qui préparent notre chute et celle de nos enfants. Je suis vert de colère ... que cela se sache !

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