"Le motif de base de la résistance était l'indignation. Nous vétérans des mouvements de résistance et des forces combattantes de la France libre, nous appelons les jeunes générations à faire vivre, transmettre, l'héritage de la résistance et ses idéaux. Nous leur disons : prenez le relais, indignez-vous ! Les responsables politiques, économiques, intellectuels et l'ensemble de la société ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l'actuelle dictature des marchés financiers qui menacent la paix et la démocratie.

Je vous souhaite à tous, à chacun d'entre vous d'avoir votre motif d'indignation. C'est précieux."

Stéphane Hessel

jeudi 28 juin 2012

Notre monde n'est qu'un épiphénomène dans l'histoire de l'Homme

Bruno : Petit graphique pour faire réfléchir.


Olivier : Petites questions : c'est quoi l'ordonné de ton graphique? Est ce que tu comptes le charbon et le bois dans ton énergie carbonée ? Merci pour ces précisions qui permettrons d'avoir plus d'éléments pour comprendre...

Bruno : Dans énergies carbonées on entend les énergies fossiles : gaz, charbon mais surtout pétrole. L'ordonné est le taux d'utilisation en fonction de l'offre, c'est à dire qu'en l'an 1500 il n'y avait pas de production de pétrole on n'en utilisait donc pas, en 2000 la production est mondialisé, l'humanité (sauf quelques groupes humains qui résistent mais qui sont epsilon dans notre modèle) est perfusée au pétrole, 100 % de sa survie est carboné, elle croit tant en confort, qu'en santé, qu'en technologie mais aussi en misère, en l'an 3000 nous auront épuisé (en même pas 200 ans) les réserves d'énergies fossiles l'humanité aura dû, après avoir anticipé, s'adapter ou disparaitre.

Thibault : Si tu regardes toutes les époques depuis l'homme préhistorique jusqu'en gros dans les années 1900, je pense que dans l'ensemble aussi bien que pour chaque époque spécifique, la misère était bien plus grande et le nombre de miséreux également. Je sais que ce n'est pas le but de ton graphe, mais tu le mentionne dans ton commentaire.

Christophe : le but n'est pas de dire que c'était mieux avant. Le but est de dire que si l'on ne veut pas retomber dans la misère passée, l'obscurantisme et le totalitarisme nous avons intérêts à :
  • Comprendre que notre développement s'appuie exclusivement sur l'énergie carbonée 
  • Que les ressources en énergies carbonées sont limitées 
  • Que notre modèle de développement n'est pas durable dans le temps (et cela d'autant plus que la population ne cesse de croître 
  • Qu'il commence à être urgent de réfléchir à comment décarboner notre monde si l'on ne veut pas subir de plein fouet la déflation des énergies carbonées 
Thibault : D'accord avec vous sur le fond, et si on pouvait remplacer l'ensemble des voitures utilisant du pétrole par de l'électrique, ça serait déjà faire un pas de géant. J'étais juste gêné par ta mention que la misère avait augmenté par rapport aux ères précédentes.

Bruno : Cela ne concerne pas que les voitures, mais principalement notre nourriture et notre habitat. Comment faire pour semer du grain avec un tracteur qui consomme un pétrole à 400 $ le baril ? Comment récolter le grain avec une moissonneuse-batteuse qui consomme un pétrole à 400 $ le baril ? Comment acheminer le grain, aux silos, avec des camions qui consomment un pétrole à 400 $ le baril ? Comment faire fonctionner les machines qui transforment le grain, puis comment acheminer le produit fini au transformateurs ou aux consommateurs avec des camions qui consomment un pétrole à 400 $ le baril ? Comment conditionner les denrées dans des contenants en plastique issus d'un pétrole à 400 $ le baril ? Qui va pouvoir acheter un pain ou des pattes issues de cette accumulation de charges ? Concernant le logement, comment en construire ? Comment terrasser, évacuer des gravats, acheminer les matériaux avec des machines qui consomment un pétrole à 400 $ le baril ? Puis comment chauffer son logement avec un gaz qui suit un pétrole à 400 $ le baril ? Cela concerne aussi notre travail, comment y aller ? comment poursuivre notre activité si dépendante du pétrole ? Notre employeur aura-t-il les moyens de fournir ? Comment nous habiller ? Comment arriver à nous passer de notre perfusion pétrolée sans passer par le krach global ?

dimanche 24 juin 2012

Rio : le sommet enterre l’intérêt général

Comme un préambule à un échec annoncé par l'aveuglement des Nations devant les défis environnementaux, climatiques et énergétiques qui se profilent devant l'humanité, les autorités brésiliennes avaient résolument choisi d’éloigner à 50 km du lieu de la Conférence officielle le sommet alternatif des peuples, où les ONG ont réuni quelque 20 000 personnes durant dix jours.


Ainsi comme le craignaient l'ONU et les ONG, vingt ans après le Sommet de la Terre de 1992, qui a donné naissance aux conventions sur le climat, la biodiversité ou la désertification, l’édition 2012 a cruellement déçu souffrant d’une cruelle absence d’ambition. «Ce futur n’est pas dans ce texte», ont rétorqué - pour contredire la déclaration finale officielle intitulée pompeusement «Le futur que nous voulons» - les leaders de la société civile, parties prenantes de la préparation de la conférence, mais qui ont adressé jeudi une lettre aux Nations Unies pour se désolidariser d’un texte dénué «d’engagements concrets». Parmi les signataires : Marina Silva (ancienne ministre brésilienne de l’Environnement), Kumi Naidoo (patron de Greenpeace), Ignacy Sachs (l’économiste à l’origine de l’éco-développement) ou la philosophe et militante indienne Vandana Shiva.

Les principales ONG ont exprimé leur colère face à ce qu’elles qualifient d’échec. Au final, la déclaration de Rio frappe par la place mineure qu’y tient l’environnement. L’économie verte, qui avait été présentée comme le fer de lance de Rio + 20, a, elle, fait un bide. Appuyée par le Pnue, vantée par les pays industrialisés et les multinationales, elle a été balayée par les pays émergents qui la considèrent comme un greenwashing du capitalisme, masquant des freins à leur développement et des entraves au commerce international. Le thème de la protection des océans, porté par une coalition d’ONG, soutenu par la France et le Brésil notamment, a réussi à émerger. Mais le lancement du processus de négociation sur la protection de la haute mer a finalement été torpillé par les Etats-Unis, qui ont notamment réussi à repousser toute décision à 2015.

La déclaration de Rio + 20 semble donc déconnectée de l’état de la planète, ignorant l’épuisement des ressources naturelles, les défis démographiques ou de sécurité alimentaire. On peut aussi s’interroger sur l’état de la gouvernance mondiale et de l’adaptation du processus onusien aux bouleversements géopolitiques : une Europe affaiblie, un Brésil émergent, mais qui ne veut pas quitter son statut de pays en voie de développement, une Chine très discrète qui s’est abritée derrière les pays du Sud à la manœuvre, un Canada en pleine régression environnementale à la remorque des Etats-Unis. A Rio, on a assisté à l’émergence d’«un monde de nations plutôt que d’institutions internationales», conclut Laurence Tubiana, fondatrice de l’Iddri.

D'après ÉLIANE PATRIARCA
liberation.fr

samedi 23 juin 2012

Rio : le Sommet de la Terre brûlée !

L’accord final du Sommet Rio+20 ne propose rien pour s’attaquer aux crises sociales et écologiques qui secouent le monde. « Notre maison brûle » disait un président français, il y a 10 ans. Aujourd’hui, les grandes entreprises mondiales comptent sur les braises pour faire un immense barbecue ! Elles espèrent bien continuer à exploiter sans aucune limite les humains et la planète, s’insurgent les Amis de la Terre.

C’est sans surprise que Nnimmo Bassey, président de la Fédération internationale des Amis de la Terre, constate que : « Les responsables politiques veulent nous faire croire, par un coup de baguette magique verte, que cet accord minimaliste scandaleux est une avancée, alors que c’est un permis de saccager la planète. C’est une coquille vide sur le plan politique, mais un superbe cadeau pour toutes ces grandes entreprises qui ont pris en otage les Nations unies, afin de mieux favoriser leurs intérêts économiques à court terme. »

Ces 20 dernières années, on a surtout vu le développement durable des... multinationales et de leur emprise sur le cours du monde - aux dépens des peuples et des solutions souhaitables pour la planète. Elles se sont assurées entre autres, le contrôle de l’ONU pour avancer leurs pions dans tous les domaines, notamment pour saper tout effort d’instaurer la justice économique, la justice sociale, la souveraineté alimentaire.

Pour Lucia Ortiz, coordinatrice du programme sur la Justice économique des Amis de la Terre International : « L’accord du Sommet de Rio+20 a superbement ignoré les demandes des 50 000 représentant du Sommet des Peuples qui ont manifesté dans les rues de Rio. Seuls les intérêts des multinationales prévalent. L’accord prévoit même que des pays puissent vendre leur « capital naturel » à de grandes entreprises internationales, sans le moindre règlement exigeant que ces entreprises puissent être tenues responsables des dégâts qu’elles causent. Certes « l’économie verte » n’a pas percé comme les industriels et les financiers l’auraient souhaité. C’est une petite lueur d’espoir dans un bilan très sombre, pour tous ceux qui se sont opposés avec forces à cette nouvelle attaque frontale du monde des affaires contre notre monde naturel. »

Notre système économique favorise des modes de production et de surconsommation extrêmement destructeurs. Il est responsable du désastre écologique et social que nous vivons. Alors que la situation exige des mesures très fortes, les acteurs financiers et industriels sont présentés comme faisant partie des solutions ! Aucune mesure contraignante n’est prévue. Par contre, le marché réglera tous les problèmes et les affaires peuvent continuer et croître.

Juliette Renaud des Amis de la Terre France conclut : « Lors de ce sommet, de nouveaux rapports de force se sont dessinés entre pays émergeants et anciennes puissances mondiales. Chacun essaie d’avancer ses pions économiques. Mais pendant que les « dirigeants » du monde jouent à leur Monopoly planétaire, la Terre « se dirige » vers le gouffre. La dégradation des écosystèmes mondiaux atteint une ampleur sans précédent. Encore quelques sommets comme celui-ci et ce sera Rio +20° ! Face à des dirigeants qui ne voient le monde qu’à travers les intérêts de leur grandes entreprises, les citoyens, les peuples doivent, plus que jamais, reprendre leur destin en main ! »

Les Amis de la Terre
21 juin 2012

samedi 16 juin 2012

Une seule terre vous manque et tout est déséquilibré.

Début mai j'ai passé quatre jours à Barcelone, quatre jours de déambulations dans une ville magnifique à l'empreinte de Gaudi si présente. Atmosphère de jeunesse, d'ancien et de modernité désuète ... ville qui ne laisse pas indifférente et que l'on quitte avec regrets. Ces quatre jours furent notre Gaudi tour à nous, par l'admiration de la "sagrada familia", de la "Casa Vicens", du "Palau Güell", du "Parc Güell" ou bien encore de la "Casa Batllô" ... de pures merveilles. Ce fut la déambulation sur la "Ramblas" et dans le Barcelone médiéval. Ce fut un "Chocolate con churros" exceptionnel au "café de l'opéra" un des cafés les plus anciens de Barcelone où l'on peut se plonger et imaginer l'ambiance moderniste du début du 20ème siècle. Ce fut l'admiration, également, devant la prouesse technique et architecturale, de "la Arena de Barcelona", ce complexe commercial construit dans d'anciennes arènes totalement restaurées pour faire, d'un temple de la mort, un temple de la consommation ... autre forme de mort, en fait ! Ce fut aussi un festival de couleurs et d'odeurs dans le marché de la Boqueria. Barcelone ... hum un régal !


Pour visiter tout cela, Barcelone dispose d'un très bon réseau de métro et de bus ... et c'est au sein de ce métro barcelonais que m'est venu un flash apocalyptique. Pourtant elle était belle et propre cette station de "Liceu". Les aménageurs s'étaient remués les méninges pour en faire une station qui respire la fraîcheur matinale, le printemps qui entour de vie le contemplatif, l'arbre qui rassure, la nature généreuse pour celui qui l'aime. Ils avaient fait quelque chose de beau et de sobre qui, si l'on ne la regarde pas avec un œil en alerte, apporte beaucoup de sérénité dans ce boyau sous-terrain. Ils l'ont aménagé, cette belle station, avec des tons verts heureux, des rouilles d'automne et de belles feuilles d'érable sur des murs lumineux. C'est beau et véritablement serein ... mais pourtant je n'ai pu éviter d'y ressentir un certain malaise. On ne peut éviter de se sentir immergé dans "Blade Runner" ou bien dans "soleil vert", ces film-cultes et prophétiques, ces films de science-fiction qui alertent l'humanité sur les dangers de la surpopulation et la dégradation de l'environnement où toute trace de nature a disparu engendrant, pour le spectateur un certain trouble, une lourdeur et, pour les personnages, une survie plutôt qu'une vie. Ces états d'inquiétudes seront levés, au cours de la séquence cinématographie, par des explosions de nature tant à la fin de "Blade Runner", quand Harisson Ford survole d'immenses paysages, fuyant une ville et une vie devenue inhumaine que lorsque l'ami de Charlton Heston demande, à l'officiant, que lui soit projeté, au mur de la salle d'euthanasie, des images à jamais disparues de nature et de printemps en écoutant "les quatre saisons" de Vivaldi afin de mourir au sein d'un paradis perdu.

Cela n'est que du cinémas me direz-vous, cela ne sort que de l'imagination d'artistes et pourtant ... Et pourtant souvenons-nous de ce que disait Jules Verne : "tout ce que l'Homme imagine, l'Homme peut !". Je pense que, jusqu'à un certain niveau, cette phrase est juste. Aussi, souvent je m'inquiète en voyant comment l'on traite la planète et comment nous ne voyons pas que des images de "Blade Runner" ou de "soleil vert" commencent à devenir réalité. Face à l'expansion urbaine, face à la surpopulation et à la perte de nature toujours plus croissante, l'Homme est de plus en plus cet animal dénaturé si cher à Vercors.


Ces images, qui s'imposent à mon esprit, sont ces décors de nature que l'on retrouve dans les métros, sur les façades de centres commerciaux comme celui des Ulis 2, dans ces parkings aux évocations sonores de vent, d'oiseaux, de mer, ces économiseurs d'écrans qui évoquent les fonds marins, ces noms écolos d’enseignes commerciales comme ces "Carrefour-planète", ou ces "Nature et Découverte" etc ... au delà du Green-washing il y a beaucoup de tristesses dans ces ersatz , il y a beaucoup de misères en germe dans ce monde artificialisé à la nature domestiquée, que l'on nous construit.

Faudra-t-il attendre de ne pouvoir, à coup de finance, plus qu'aller admirer un reste de nature dans une serre, à l'instar de celle de "soleil vert", pour ouvrir les yeux et se dire qu'il est vraiment bien trop tard pour agir ? Je suis souvent en admiration devant le génie humain mais souvent, également, en grand désarrois devant sa capacité à dégrader ce qui le fait vivre ... la nature. Pourtant tout le monde se rends compte, au point de la recréer artificiellement, que lorsque la nature est absente combien elle nous manque, combien elle nous est indispensable.

Dès lors, ne vaudrait-il pas mieux, lorsque l'on se rends compte de cela, préserver la pachamama, notre seule source de vie, afin de pourvoir, durablement et pacifiquement, en profiter ? Afin de pourvoir, encore et toujours, s'y réfugier quand le poids de la ville se fait trop lourd. Puissions nous, un jour, nous rappeler combien notre terre est notre mère, combien elle nous est indispensable, combien, quand nous nous en éloignons elle peut nous manquer, combien, plutôt que de lui être reconnaissant de nos offrir toutes ses fruits et beautés, nous nous sommes conduit en prédateurs d'une nature unique dans l'univers connu. Puissions nous, un jour, ouvrir les yeux. Puissions-nous le faire avant qu'il ne soit trop tard.

Texte et photo : Bruno BOMBLED

jeudi 7 juin 2012

L'Onu tire la sonnette d'alarme sur l'environnement avant Rio

LONDRES/SINGAPOUR (Reuters) - La croissance démographique, l'urbanisation et la consommation sont en passe de causer des dégâts irréversibles à la planète.

Tel est l'avertissement lancé mercredi par les Nations unies, qui appellent de leurs vœux la conclusion rapide d'un accord sur de nouveaux objectifs en matière de préservation de l'environnement mondial.

Le Programme des Nations unies pour l'environnement (Pnue) tire la sonnette d'alarme dans son cinquième rapport sur les perspectives écologiques de la planète (GEO-5), rendu public à deux semaines du sommet dit Rio+20, au Brésil, qui sera l'une des réunions internationales les plus importantes qui soient consacrées à l'environnement ces dernières années.

Le sommet de Rio, du 20 au 22 juin, devrait attirer plus de 50.000 participants - responsables gouvernementaux, représentants d'entreprises et membres de groupes de pression et d'organisations écologistes. Il s'efforcera de fixer de nouveaux objectifs concernant sept thèmes essentiels, dont la sécurité alimentaire, l'eau et l'énergie.

Le rapport GEO-5, principal diagnostic élaboré par l'Onu sur l'état de la planète, appelle les gouvernements à s'assigner des objectifs plus ambitieux ou de renforcer ceux qui existent déjà et qui, pour la plupart, n'ont pas été atteints.

Une course contre la montre est engagée, d'autant plus que la planète comptera neuf milliards de Terriens en 2050 et que l'économie mondiale consomme de plus en plus de ressources naturelles, a relevé le sous-secrétaire général des Nations unies et directeur exécutif du Pnue, Achim Steiner.

"Si la tendance actuelle se poursuit, si les modes actuels de production et de consommation des ressources naturelles perdurent et ne peuvent être inversés, les États connaîtront un degré sans précédent de dégâts et de dégradations", a déclaré Achim Steiner.

ÉMISSIONS DE CO2

Sur les 90 objectifs les plus importants en matière d'environnement, quatre seulement connaissent des progrès sensibles, lit-on dans le rapport du Pnue.

Parmi les points où des progrès sont réalisés, on note la préservation de la couche d'ozone et le développement de l'accès à l'eau potable.

En revanche, pour ce qui est de 24 autres objectifs, peu de progrès, voire aucun, n'ont été faits. Parmi ceux-ci, la lutte contre les changements climatiques, la reconstitution des ressources halieutiques et la lutte contre la désertification.

Le Pnue recommande aux États de se concentrer sur les aspects à l'origine des changements climatiques, notamment la croissance démographique et l'urbanisation, les énergies fossiles et la mondialisation des échanges.

Les scientifiques établissent clairement une corrélation entre la combustion d'énergies fossiles (pétrole, houille, gaz naturel) et l'accélération des changements climatiques, comme les sécheresses et les inondations.

PISTES

La modification du climat a aussi un coût économique. Les dégâts économiques annuels infligés par ces changements sont évalués entre 1 et 2% du PIB mondial d'ici 2100, si la hausse des températures se situe autour de 2,5° C, dit le Pnue.

Les modèles actuels laissent penser que les émissions de gaz à effet de serre (GES) pourraient doubler dans les 50 ans qui viennent, ce qui provoquera une hausse d'au moins 3° Celsius des températures mondiales d'ici la fin du siècle.

L'essentiel de l'impact des changements climatiques sera ressenti dans les pays en développement, notamment en Afrique et en Asie, où la croissance démocratique et la hausse de la consommation tendent un peu plus des ressources naturelles en diminution, lit-on dans le rapport du GEO-5.

Le sommet Rio+20 ne cherchera pas à emprunter les traces du "Sommet de la Terre" tenu à Rio voici 20 ans. Celui-ci avait débouché sur le protocole de Kyoto, qui avait plafonné les émissions de GES autorisées.

Le sommet de ce mois-ci, sur fond de difficultés économiques, ne cherchera pas à fixer des objectifs contraignants, mais plutôt des pistes à suivre.

De fait, les objectifs contraignants n'ont pas ou peu été atteints depuis 1992. Les émissions de dioxyde de carbone de la planète ont augmenté de près de 40% de 1992 à 2010, notamment à cause de la rapide croissance de pays émergents comme le Brésil, la Chine et l'Inde, au vu des statistiques du Pnue.

Photo : Blade Runner (film)

lundi 4 juin 2012

En vrac : Gaz de schiste, pesticides, biodiversité.

Gaz de Schiste : Dans de nombreux pays, il suscite une levée de boucliers. Jusqu'à récemment, les critiques sur le gaz de schiste se concentraient surtout sur la pollution liée à son extraction, mais plusieurs études américaines soulignent désormais qu'il a aussi un impact sur le climat. La production de ce gaz provoque, en effet, des fuites plus importantes que ce que l'on pensait - au niveau des puits - de méthane, gaz aussi nocif pour le climat, voire plus, que le charbon. Le méthane est un gaz à effet de serre au coefficient de réchauffement 25 fois supérieur à celui du CO2 qui contribue grandement au réchauffement climatique. 

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Bonne nouvelle : Le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll s'est prononcé, ce 1er juin, pour une interdiction, sous quinzaine, du pesticide Cruiser OSR utilisé en traitement de semence pour le colza. Confirmant "l'effet néfaste" de la substance active de l'insecticide, le thiamétoxam, sur le comportement des abeilles butineuses. Une étude prouve l'impact du thiaméthoxam de la famille des néonicotinoïdes "même à faible dose" dans la survie des abeilles "non pas par toxicité directe mais en perturbant leur orientation et leur capacité à retrouver la ruche''. "Si l’abeille disparaissait de la surface du globe, l’homme n’aurait plus que quatre années à vivre" Einstein.

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Animaux dit nuisibles : Un nouveau dispositif de classement des espèces d'animaux nuisibles entre pleinement en vigueur le 1er juillet prochain, en une vision rétrograde et partisane de la biodiversité, où l’on retrouve pêle-mêle le lapin de garenne, le pigeon ramier, le sanglier, la belette, la fouine, la martre, le putois, le renard, le corbeau freux, la corneille noire, la pie bavarde, le geai des chênes et l'étourneau sansonnet. Les écologistes appellent donc à ''une réhabilitation'' des espèces nuisibles, qui passe par une réforme de leur réglementation, plus en phase avec les enjeux cruciaux de sauvegarde de la biodiversité et les attentes de la société.

dimanche 3 juin 2012

La rose du Kenya, l'envers du glamour.

Les Français achètent chaque année 22 millions de bouquets de roses. Vous êtes-vous déjà posé la question « D’où viennent-elles ? » La majeure partie des roses que nous consommons est importée du Kenya. Bien sûr, nous faisons également appel à des producteurs locaux pour trouver la célèbre fleur mais celle-ci ne pousse pas toute l'année bien qu'on la retrouve 365 jours par an chez notre fleuriste préféré...

"Le Kenya est devenu le premier producteur mondial de fleurs"

L’activité florale du Kenya a commencé en 1972. Aujourd’hui, et depuis déjà quelques années, le Kenya est devenu le premier producteur mondial de fleurs grâce à son climat avantageux et son sol de qualité. Autrement dit, dans des zones comme celles-là, pas besoin de respecter les saisons et les récoltes s’enchaînent beaucoup plus vite.

Pour importer les fleurs des pays de l'hémisphère sud jusqu'en Europe, le mode de transport privilégié est l'avion dans 85% des cas avec un impact négatif de 570 à 1580 g de CO2 émis par tonne de roses et par kilomètre. Pour se faire une idée de l’importance économique du phénomène, sachez que 50 000 personnes vivent de la floriculture au Kenya, sans parler des activités secondaires.




Mais comme partout ailleurs, on observe que, quand la question environnementale n'est pas La Condition dans l'élaboration d'une activité humaine, la nature n'est considéré que comme un élément négligeable, comme un puits dans lequel on peut, impunément, puiser puis, in fine, comme un déversoir qui accrètera, ensuite, toute la misère humaine. Ainsi dans les serres horticoles du Kenya les ouvrier sont des esclaves qui travaillent pour des salaires de misère, dans des environnements pollués, sans moyens de protection, sans sécurité, sans droits, exploités et logés dans des conditions indignes. Au Kenya, on y découvre des usines à fleurs, avec des gardes et des fils barbelé, où l'ouvrier, trop usé par les conditions de travail, est mis à la porte, sans espoir et sans avenir que la misère, quand la maladie, induite par les produits chimiques, ne lui permet plus de travailler. Autour de l'usine de production, tout les produits chimique sont déversés dans la nature entrant dans une chaine de conséquences qui atteignent la faune, la flore puis, au final, toutes les populations humaines limitrophes.

A l'instar des bidonvilles de Lagos au Nigéria, de la destruction du lac victoria en Tanzanie par la perche du Nil et son industrie, des forças du caoutchouc au Liberia, du delta du Niger et ses marées noires permanentes, des agriculteurs victimes des pesticides, la rose du Kenya démontre, une fois de plus, que la destruction de l'environnement atteint la vie humaine dans sa dignité, sa santé ... sa finalité.

Définitivement l'environnement est La Condition.

Reportage: Questions à la une - RTBF - Diffusion 08/02/2012

vendredi 1 juin 2012

Interdira-t-on les prévisions climatiques ?

C'est une histoire tellement incroyable qu'il vaut mieux commencer par donner les faits tels que les a rapportés, lundi 28 mai, le News & Observer, journal implanté en Caroline du Nord. Les autorités fédérales américaines ayant estimé qu'en raison de leur relief peu élevé, les côtes de cet État étaient vulnérables face à la montée du niveau de l'océan due au réchauffement climatique, il a été demandé à une commission scientifique d'évaluer les risques. Son rapport, rendu à la Commission des ressources côtières de Caroline du Nord, a expliqué qu'il fallait s'attendre à une montée des eaux d'un mètre d'ici à la fin du siècle, avec pour corollaire quelque 5 000 kilomètres carrés de terres passant dans la catégorie des zones inondées ou inondables. Ce qui signifie, en clair, des conséquences économiques importantes avec le bouleversement de la politique locale d'aménagement du territoire, la fin de projets de stations balnéaires et l'obligation de construire des routes surélevées.

Beaucoup trop pour le NC-20, un groupement de 20 comtés côtiers de Caroline du Nord. Jugeant que le catastrophisme était mauvais pour les affaires et qu'il ne fallait pas s'appuyer sur "des modèles informatiques basés sur de simples hypothèses humaines", ce lobby local est donc passé à l'offensive contre ce rapport scientifique, avec tant d'efficacité que l'évaluation d'1 mètre de hausse du niveau de l'océan a été substantiellement revue à la baisse : la Commission des ressources côtières a finalement validé le chiffre de 15,6 pouces, soit un peu moins de 40 centimètres. Mais cette contre-attaque ne s'est pas arrêtée là. Un texte amendant une loi sur la politique d'aménagement des côtes de Caroline du Nord a même été préparé en avril, qui ajoute des restrictions sur l'évaluation de la hausse du niveau de l'océan dans cet Etat ! Il explique notamment que la Division de la gestion des côtes (qui n'est pas un organisme scientifique) sera la seule agence habilitée à la réaliser et ce uniquement à la demande de la Commission des ressources côtières. Les chercheurs pourront toujours effectuer des calculs dans leur coin, cela ne sera pas pris en compte par la Commission.

Ce texte présenté par des élus républicains va même plus loin en expliquant comment la hausse future du niveau de l'océan devra être estimée ! La prévision ne s'appuiera sur aucun modèle de climatologie mais devra seulement être extrapolée à partir des relevés historiques de niveau de la mer effectués depuis 1900. Quant à l'extrapolation elle-même, il s'agira d'une simple ligne droite prolongeant la tendance passée et "n'inclura pas de scénario prévoyant une accélération de la montée du niveau des océans". Alors même que tous les modèles prévoient ce genre d'accélération et que les mesures effectuées ces dernières années, en particulier par les altimètres des satellites Topex-Poséidon et Jason 1 et 2, concordent avec ces prévisions.

On pourrait très bien arguer que la valeur de 15,6 pouces est tout à fait correcte puisqu'elle s'insère bien dans la fourchette allant de 18 à 59 centimètres inscrite dans le rapport du GIEC de 2007. Ce serait omettre que cette fourchette a été volontairement conservatrice comme le précisait à l'époque le GIEC lui-même : "Les projections ne tenant compte ni des incertitudes liées aux rétroactions entre le climat et le cycle du carbone, ni des effets complets de l’évolution de l’écoulement dans les nappes glaciaires, les valeurs supérieures des fourchettes ne doivent pas être considérées comme les limites supérieures de l’élévation du niveau de la mer." Dans les faits, la perte de masse des calottes glaciaires du Groenland et de l'Antarctique s'accélère depuis plusieurs années comme l'ont montré les mesures des satellites GRACE. Une étude de 2009 a donc réévalué la hausse à venir du niveau des mers : selon le scénario le plus modéré (augmentation de température limitée à 2°C à la fin du siècle), la hausse moyenne serait de 104 centimètres, ce qui est en bon accord avec la mesure donnée par le panel de chercheurs s'intéressant aux côtes de la Caroline du Nord.

Le projet de loi en question n'a, à ma connaissance, pas encore été soumis au vote. Cela dit, et au-delà des disputes sur les chiffres, on ne peut que trouver inquiétantes cette envie de vouloir faire taire la science par la législation et cette manière de se dire qu'un phénomène naturel sera limité parce que des responsables politiques ont décidé de le sous-évaluer. Cela rappelle évidemment l'arrêt aux frontières de la France du "nuage" radioactif de Tchernobyl. La hausse conséquente du niveau des océans au XXIe siècle aura lieu partout sur la Terre sauf en Caroline du Nord où elle sera limitée à moins de 40 cm, alors que l'article du News & Observer fait remarquer que d'autres États côtiers américains comme la Louisiane, la Californie, le Delaware et le Maine se préparent respectivement à des hausses de 1, 1,4, 1,5 et 2 mètres.

Il se peut aussi que rien de tout cela n'arrive, à en croire le sénateur républicain de l'Oklahoma James Inhofe, tout simplement parce que Dieu ne permet pas le changement climatique. C'est écrit dans la Bible. Lors d'une intervention à la radio début mars, cet homme politique a cité un passage de la Genèse pour soutenir son propos : "Tant que la terre subsistera, les semailles et la moisson, le froid et la chaleur, l'été et l'hiver, le jour et la nuit ne cesseront point." Il a ajouté : "Dieu est toujours là-haut. Je suis scandalisé par l'arrogance des gens qui pensent que nous, êtres humains, serions capables de changer ce qu'Il fait avec le climat." Tout est dit.

Pierre Barthélémy 
(@PasseurSciences sur Twitter)

Post-scriptum : ce billet a été le sujet de l'Histoire du jour sur France Info, en ce lundi 1er juin où la chaîne de radio fête ses 25 ans d'existence.

(L'illustration de ce billet est une prévision de la hausse des températures pour la dernière décennie du siècle, selon un des scénarios présentés dans le rapport du GIEC 2007.)