"Le motif de base de la résistance était l'indignation. Nous vétérans des mouvements de résistance et des forces combattantes de la France libre, nous appelons les jeunes générations à faire vivre, transmettre, l'héritage de la résistance et ses idéaux. Nous leur disons : prenez le relais, indignez-vous ! Les responsables politiques, économiques, intellectuels et l'ensemble de la société ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l'actuelle dictature des marchés financiers qui menacent la paix et la démocratie.

Je vous souhaite à tous, à chacun d'entre vous d'avoir votre motif d'indignation. C'est précieux."

Stéphane Hessel

lundi 31 mai 2010

Y a bon Awards: et les plus grands racistes de l'année sont...

La deuxième édition de la cérémonie qui dénonce le pire des propos racistes tenus par des personnalités était organisée, jeudi 20 mai 2010, par Les Indivisibles. Le jury n’a eu que l’embarras du choix...


« Nous allons proclamer ce soir les plus grands racistes de l’année, a déclaré en ouverture de la cérémonie Rokhaya Diallo, présidente et cofondatrice de l’association Les Indivisibles. Un hors-course, d'abord: Jean-Marie Le Pen. "C’est une compétition sportive, on ne fait pas courir le coach, plaisantent les présentatrices, Blanche du Jamel Comedy Club et la comédienne Aïssa Maïga. Mais aussi, les comiques et les piliers de comptoir."

The losers are...

"Française, Français. Rebeus, renois. Et mes chers amis noi-chi", commence Thomas Barbazan -avec la voix de Jacques Chirac- pour présenter la catégorie "Le Bruit et l'odeur". C'est Jacques Séguéla qui remporté le prix, co-présenté par Yassine Belattar, pour cette réflexion:

"L'Africain a su préserver une part de rêve qui reste intacte malgré nos sociétés phagocytées par l'argent. Il est très créatif et garde un culte de la langue que nous n'avons plus. Il garde une pureté, une innocence, une naïveté, qui est la forme que doit prendre la publicité. L'Africain est heureux malgré les drames qu'il côtoie. La publicité doit réveiller l'enfant qui sommeille en nous. La force de l'Africain, c'est de savoir garder cette part enfantine que les autres adultes effacent."

La concurrence était pourtant rude. Christine Okrent faisait aussi partie des nommés pour avoir demandé en parlant de RFI (Radio France International) : "Comment va radio tam-tam?" Et le maire UMP de Francoville pour sa boutade sur Ali Soumaré, tête de liste PS dans le Val-d’Oise : "Au début, j’ai cru que c’était un joueur de l’équipe réserve du PSG."

Dans la catégorie "Origines Contrôlées", la banane d’or revient au président de la République Nicolas Sarkozy. Une récompense bien méritée pour son discours prononcé lors de la cérémonie de remise de la légion d’honneur à Dany Boon, à qui il avait fait remarquer à grands mouvements d'épaules, qu’avec son nom et ses origines, ça partait mal pour lui...

Ali Soumaré a décerné l’Antilles Award à Christophe Barbier, directeur de la rédaction de L'Express, pour sa déclaration au moment des mobilisations en Outre Mer :

"Aux Français des tropiques qui veulent travailler à l'antillaise et consommer à la métropolitaine, rappelons qu'il faut labourer la terre arable pour qu'elle lève d'autres moissons que celles du songe et que, hors de la France, les Antilles seraient au mieux une usine à touristes américains, au pire un paradis fiscal rongé par la mafia, ou un Haïti bis ravagé par des tontons macoutes moins débonnaires qu'Yves Jégo."

Trois heures d’une cérémonie entrecoupée par des sketchs, quelques pubs basées sur des préjugés racistes. Pour les gateaux Bamboula notamment... Et pas mal de séquences extraites de l’émission La ferme célébrité en Afrique, "une émission ostensiblement raciste."

Grand moment de la soirée, le match des "Zérics" entre le tenant du titre de 2009, Eric Raoult, et le challengeur, Eric Zemmour. Et c'est une victoire par chaos du journaliste et chroniqueur.

Dans la catégorie les Zenvahisseurs, c’est un prix collectif qui a été décerné aux députés du Val-d'Oise Claude Bodin et Yanick Paternotte, pour avoir interdit le concert "Maghreb United" qui "met à l'honneur les appels à la haine et à la violence de personnes n'ayant de cesse de bafouer et d'insulter nos valeurs nationales et tous ceux qui sont chargés de les faire respecter."

"Un sentiment de dégoût"

La catégorie reine "Pour l’ensemble de son oeuvre" a récompensé le ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux pourtant opposé à Georges Frêche et Nadine Morano. Florilège de son oeuvre: le désormais célèbre "Quand y en a un ça va... C’est quand il y en a beaucoup qu’il y a des problèmes."

Pour avoir demandé aussi à Mustapha Kessous venu l’interviewer pour Le Monde : "Vous avez vos papiers?" Ou encore pour avoir jugé bon de rappeler que "Fadela Amara est une compatriote, ce qui n’est pas forcément évident"...

La secrétaire d’Etat lui a d’ailleurs bien rendu la pareille, en expliquant que Brice Hortefeux "avait de l’humour", ce qui lui a valu de décrocher le Prix "Touche pas à mon pote raciste".

Et pour clore la cérémonie 2009, c’est le maire de Gussainville André Valentin qui a obtenu l’award du "Meilleur espoir". Avec des propos, il est vrai assez "prometteurs": "On va se faire bouffer. Y en a déjà dix millions qu’on paye à rien foutre." Ils étaient pourtant une douzaine à prétendre au titre.

Une édition 2010 particulièrement riche donc. En partie grâce au débat sur l’immigration nationale. "Au début c’est assez gai, on en rit, commente à la sortie Bruno Solo, membre du jury. Puis quand ça commence à tomber, c’est tellement inquiétant qu’il y a une sorte d’accablement dans la salle. On a un sentiment de dégoût."

En fait, les dérapages racistes, c’est un peu comme dit Hortefeux. Quand y en a un ça va... C’est quand y en a beaucoup qu’il y a des problèmes. D'autant que "ce sont des dérapages extrêmement contrôlés. Les mecs c’est des pilotes de rallye", souligne l'acteur. Aucun des "heureux lauréats" n’est venu chercher sa banane d’or. Mais Mustapha Kessous a promis à remettre son prix à Brice Hortefeux.


http://www.lesinrocks.com/actualite/actu-article/t/45286/date/2010-05-28/article/y-a-bon-awards-et-les-plus-grands-racistes-de-lannee-sont/

mercredi 12 mai 2010

L'ONU alerte sur l'érosion inexorable de la biodiversité

L'objectif de stopper la perte de la biodiversité en 2010 n'ayant pas été atteint, l'ONU appelle les pays à agir vite et de manière efficace alors que l'extinction des espèces continue.

Après l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), l'ONU confirme à son tour que l'objectif, fixé en 2002 au Sommet de Johannesburg, de stopper la perte de la diversité biologique en 2010 ''n'a pas été atteint'' ! D'autant que plus de 17.000 espèces restent menacées d'extinction, soit 36% des 47.677 espèces répertoriées, et ce malgré des efforts de conservation, selon la dernière Liste Rouge de l'UICN.

Dans son troisième rapport sur les perspectives mondiales de la biodiversité (Global Biodiversity Outlook 3) rendu public le 10 mai, les conclusions de la Convention de l'ONU sur la Diversité Biologique (CDB) ne sont guère plus rassurantes...''Les nouvelles ne sont pas bonnes. Nous continuons à perdre la biodiversité à un rythme jamais vu dans l'histoire - le taux d'extinction étant estimé jusqu'à 1.000 fois plus élevé que le taux historique connu jusqu'à ce jour'', a prévenu Ahmed Djoghlaf, secrétaire exécutif de la CDB, en cette Année internationale de la Biodiversité. Selon l'UICN, 21% de tous les mammifères connus, 30% de tous les amphibiens, 12% des oiseaux, 28% des reptiles, mais aussi 37% des poissons d'eau douce, 70% des plantes et 35% des invertébrés répertoriés à ce jour sont menacés.

''Aucun des 21 objectifs secondaires qui accompagnent l'Objectif biodiversité de 2010 ne peut être confirmés comme ayant été atteints de façon définitive au niveau mondial'' : telle est la conclusion de ce rapport basé sur différentes évaluations scientifiques et 110 bilans nationaux issus des pays signataires de la CDB. Dix des quinze indicateurs principaux développés par la Convention sur la diversité biologique tels que les changements dans les populations des différentes espèces ou leur risque d'extinction, montrent ''des tendances défavorables pour la biodiversité''. Et surtout, aucun pays n'a réussi à atteindre cet objectif 2010, en cette Année internationale de la Biodiversité !

Une extinction des espèces ''continue voire accélérée''

Le déclin de la diversité biologique se poursuit, indique le bilan quadriennal de l'ONU. Les populations de vertébrés ont chuté de près d'un tiers entre 1970 et 2006. Les amphibiens sont parmi les plus touchés. Le rapport a également identifié trois ''points de basculement'', conduisant les écosystèmes ''vers des états moins productifs''. Parmi ces ''points'' figurent : les récifs coralliens menacés par le changement climatique et l'acidification des océans; le ''dépérissement'' de la forêt amazonienne dû notamment à la déforestation et les incendies mais aussi l'impact de ''l'eutrophisation et la domination des algues'' sur les lacs d'eau douce. La diversité génétique des cultures et de l'élevage ne cesse par ailleurs de décliner dans les systèmes agricoles : plus de 60 races d'élevage se sont éteintes depuis 2000.

Même si des ''progrès'' ont été accomplis comme ''l'augmentation des zones protégées à la fois sur terre et dans les eaux côtières'', les habitats naturels ''continuent de diminuer'' dans le monde.

L'enjeu des services rendus par les écosystèmes

Les cinq principales pressions à l'origine de la perte de biodiversité restent donc constantes voire gagnent en intensité : la réduction de l'habitat, la surexploitation des espèces, la pollution, la présence d'espèces exotiques envahissantes et le changement climatique. Tous ces impacts sur la diversité biologique ne sont pas sans conséquences sur les nombreux services écosystémiques rendus aux sociétés humaines : nourriture, fibres, médicaments, eau salubre, pollinisation des cultures, filtration des polluants ou encore protection contre les catastrophes naturelles et intempéries, stockage du carbone et fertilisation des sols, divertissement et support de culture...Tous ces systèmes naturels ''qui sont le support de la vie, de l'économie et des moyens de subsistance sur la planète sont menacés de dégradation rapide et d'effondrement'', alerte le rapport.

La hausse démographique, le développement de nouvelles technologies et activités, la surexploitation des ressources, les pollutions chimiques… pèsent de plus en plus sur les écosystèmes. Les gouvernements n'étant pas parvenus à intégrer la biodiversité et ''ses enjeux'' dans leurs décisions politiques. ''De nombreuses économies restent aveugles à la valeur immense de la diversité des animaux, des plantes et autres formes de vie et à leur rôle dans la santé et le fonctionnement des écosystèmes des forêts, des eaux douces ou des sols'', a regretté le directeur exécutif du Programme de l'ONU pour l'environnement Achim Steiner. ''La vérité est que nous en avons besoin plus que jamais sur une planète de 6 milliards d'individus qui se dirige vers plus de 9 milliards d'individus'', a-t-il poursuivi.

''Les pays peuvent encore agir''

''Ce rapport nous dit que nous atteignons un point de basculement où des dégâts irréversibles pour la planète vont être faits si nous n'agissons pas de toute urgence'', a averti Ahmed Djoghlaf. D'autant que le rapport de l'économiste indien Pavan Sukhdev souligne que la perte de la biodiversité coûterait 3.100 milliards d'euros par an à l'échelle mondiale, soit 6% du PIB mondial en 2050. L'ONU estime que les pays peuvent encore agir pour réduire la crise d'extinction et appelle les gouvernements à établir une ''action urgente'' jusqu'au niveau local et réfléchir à de nouveaux objectifs post-2010. Outre le renforcement des zones protégées, l'ONU demande notamment aux gouvernements de stopper les subventions ''perverses'' aux secteurs ne gérant pas de façon durable leurs ressources.

Le rapport recommande surtout de s'aligner sur les objectifs fixés par le protocole de Kyoto pour empêcher la destruction des ressources végétales et animales.'' Préserver la biodiversité et les écosystèmes peut aider à stocker plus de carbone et à réduire l'accumulation nouvelle de gaz à effet de serre. Les populations seront aussi davantage en mesure de s'adapter aux changements climatiques inévitables si la résilience des écosystèmes est améliorée par l'atténuation des autres pressions qu'elle subit'', explique-t-il. D'autant que le réchauffement pourrait à l'avenir toucher gravement un plus grand nombre d'espèces sauvages, selon l'UICN. Un Groupe intergouvernemental sur la biodiversité et les services écosystémiques (Intergovernmental Platform on Biodiversity and Ecosystem Services, IPBES) est très attendu. Cet IPBES sera à la biodiversité ce que le GIEC est au climat. ''Les défis liés à la perte de la biodiversité et des changements climatiques doivent être abordés par les décideurs avec la même priorité et en étroite coordination'', estime le rapport. L'enjeu réside aussi dans l'amélioration de la communication entre scientifiques et décideurs, et la sensibilisation du public pour comprendre ''la valeur de la biodiversité et les actions qui peuvent être prises pour la protéger''.

Les conclusions du rapport et ses propositions seront discutées lors d'une ''session extraordinaire de haut niveau'' de l'ONU le 22 septembre prochain. Elles serviront aussi de repères à la conférence internationale prévue en octobre à Nagoya (Japon) où les 193 pays signataires de la CDB ont prévu de se fixer de nouveaux objectifs d'ici à 2020. Alors nouvelle utopie ou réel engagement ? Des indicateurs, absents jusqu'à maintenant, pourraient être mis en place à cette occasion pour mesurer les progrès réalisés. Mais pour l'instant, aucune sanction n'est prévue en cas de non atteinte des objectifs.

Rachida Boughriet
Actu-Environnement.com - 11/05/2010
Photo : Fabien Cimetière - Fotolia.com

vendredi 7 mai 2010

Du Grenelle, il reste un beau discours...

« Nicolas Sarkozy nous promettait une révolution avec le Grenelle de l’environnement. Deux ans et demi plus tard, force est de constater que les projets d’autoroutes ou d’aéroports restent d’actualité, que le fret ferroviaire réduit la desserte territoriale, que l’agriculture productiviste, polluante et énergivore reste la norme, que la précarité énergétique touche toujours plus de foyers et que les entreprises ne respectent pas les obligations de transparence sur leurs impacts socio-environnementaux et continuent à se déclarer irresponsables des activités de leurs filiales à l’étranger. Après les beaux discours, les mauvaises habitudes et les intérêts particuliers ont repris le dessus. »

Claude Bascompte, président des Amis de la Terre.

dimanche 2 mai 2010

Retraites : L'exemple américain ?

Extrait du dossier de TC N°3344 du 16 avril 2009

En s'endettant avec excès et en laissant sa population vivre à crédit, l'Amérique a montré les limites de sa puissance et la vulnérabilité de son système. Le pays traverse une crise économique dont l'impact social se fait sentir jour après jour, chez les plus démunis comme dans les classes moyennes.

… "À 60 ans, j'ai voulu m'arrêter et j'ai commencé à calculer ma pension de retraite. C'est là que j'ai découvert que j'avais payé toute ma vie pour 300-400 dollars par mois. Ma femme travaillait encore, nos enfants étaient élevés, mais je ne pouvais pas faire supporter le coût de mon inactivité à mon épouse. Des collègues m'ont parlé d'une épargne retraite par capitalisation, le plan 401 (k). J'ai alors décidé de me reconvertir dans une activité plus reposante et j'ai intégré le service informatique de mon entreprise. J'ai, mois après mois, épargné mon argent pour m'offrir une retraite au soleil. J'ai placé un tiers de mon salaire dans cette épargne retraite, un tiers sur mon compte épargne et un tiers pour les dépenses courantes", raconte Dan avec une certaine tristesse dans la voix.

Le plan de retraite par capitalisation 401(k), permet aux salariés d'épargner pour leur retraite. Ces "Fonds de placement" ou, "Fonds de pension" sont investis en bourse sous forme d'actions ou d'obligations. Avec l'effondrement des marchés financiers, le plan 401(k) a chuté de 20 %. Aujourd'hui, un tiers des Américains de plus de 60 ans, qui avaient investi 80 % de leur argent dans le plan 401(k), sont ruinés. Dan a également perdu tout son argent. Le septuagénaire reconnaît être las de devoir encore travailler 45 heures, alors qu'il espérait s'offrir cette maison au soleil, en Floride. "La motivation n'est plus la même, mais je dois continuer encore dix ans et ensuite je profiterai paisiblement de mes derniers jours", explique le vieil homme, les yeux embués, peu convaincu de pouvoir habiter un jour la Floride…

Par Vanessa GONDOUIN-HAUSTEIN